• Merleau-Ponty
La dialectique de la pudeur et de l'impudeur dans la relation entre le moi et autrui
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Le contexte :

Ce texte explore la relation complexe entre le moi et autrui à  travers la notion de pudeur et d'impudeur. merleau-ponty souligne que la pudeur naà®t de la conscience de pouvoir être réduit en objet sous le regard d'autrui, tandis que l'impudeur cherche à  fasciner autrui. cette dialectique entre le moi et autrui révàùle la recherche de reconnaissance et de pouvoir, et soulàùve des questions métaphysiques sur la pluralité des consciences.

L' auteur :

Merleau-Ponty

(1908 - 1961) Maurice Merleau-Ponty, philosophe phénoménologue du XXe siècle, met en lien la perception, la corporéité et la relation entre le corps et l'esprit. Son œuvre explore la manière dont nous appréhendons le monde à travers nos sens et notre expérience corporelle, et remet en question les conceptions dualistes traditionnelles.

Le repère :

objectif/subjectif/intersubjectif

Le texte :

« L'homme ne montre pas ordinairement son corps, et, quand il le fait, c'est tant�t avec crainte, tant�t dans l'intention de fasciner. Il lui semble que le regard e?tranger qui parcourt son corps le de?robe a? lui-me?me ou qu'au contraire l'exposition de son corps va lui livrer autrui sans de?fense, et c'est alors autrui qui sera re?duit a? l'esclavage. La pudeur et l'impudeur prennent donc place dans cette dialectique du moi et d'autrui qui est celle du mai?tre et de l'esclave : en tant que j'ai un corps, je peux e?tre re?duit en objet sous le regard d'autrui et ne plus compter pour lui comme personne, ou bien, au contraire, je peux devenir son mai?tre et le regarder a? mon tour, mais cette mai?trise est une impasse, puisque, au moment ou? ma valeur est reconnue par le de?sir d'autrui, autrui n'est plus la personne par qui je souhaitais d'e?tre reconnu, c'est un e?tre fascine?, sans liberte?, et qui a? ce titre ne compte plus pour moi. Dire que j'ai un corps est donc une manie?re de dire que je peux e?tre vu comme un objet et que je cherche a? e?tre vu comme sujet, qu'autrui peut e?tre mon mai?tre ou mon esclave, de sorte que la pudeur ou l'impudeur expriment la dialectique de la pluralite? des consciences et qu'elles ont bien une signification me?taphysique. On en dirait autant du de?sir sexuel : il s’accommode mal de la pre?sence d’un tiers  te?moin, s'il e?prouve comme une marque d'hostilite? une attitude trop naturelle ou des propos trop de?tache?s de la part de l'e?tre de?sire?, c'est qu'il veut fasciner et que le tiers  observateur ou l'e?tre de?sire?, s'il est trop libre d'esprit, e?chappe a? la fascination. Ce qu'on cherche a? posse?der, ce n'est donc pas un corps, mais un corps anime? par une conscience. »
Merleau-Ponty, Phe?nome?nologie de la Perception (1945)

Les questions :



[A] - Questions d'analyse :
1) En quoi la pudeur et l'impudeur sont-elles liées à la dialectique du moi et d'autrui selon l'auteur ?
2) Comment l'exposition du corps peut-elle être perçue par l'individu ?
3) Quelle est la signification métaphysique de la pudeur et de l'impudeur selon l'auteur ?
4) Comment le désir sexuel est-il influencé par la présence d'un tiers témoin selon l'auteur ?

[B] - Éléments de synth��se :

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte :

- le texte traite de la relation entre le corps et la conscience, et de la manière dont le corps est perçu par soi-même et par autrui.

L'auteur cherche à montrer que le corps n'est pas un simple objet, mais qu'il exprime la subjectivité et la liberté de la personne qui l'habite, ainsi que les rapports de pouvoir et de désir qui se nouent avec les autres personnes.



- dans le premier paragraphe, l'auteur expose les deux attitudes possibles face à l'exposition du corps : la pudeur et l'impudeur.

Il explique que ces attitudes révèlent la crainte ou l'intention de fasciner, qui sont liées à la dialectique du maître et de l'esclave.

Il s'agit d'une référence à la philosophie de hegel, qui décrit le conflit entre deux consciences qui cherchent à s'affirmer comme sujet et à réduire l'autre en objet.

L'auteur montre que le corps peut être le lieu de cette lutte, car il peut être vu comme un objet sous le regard d'autrui, ou comme un moyen de captiver et de dominer autrui.

Il souligne toutefois que cette dialectique est sans issue, car elle empêche la reconnaissance mutuelle des personnes comme libres et égales.



- dans le deuxième paragraphe, l'auteur aborde le cas particulier du désir sexuel, qui implique également le corps et la conscience.

Il affirme que le désir sexuel ne supporte pas la présence d'un tiers observateur, ni une attitude trop détachée de la part de l'être désiré, car il vise à fasciner et à posséder.

Il précise que ce qui est recherché n'est pas un corps inanimé, mais un corps vivant, animé par une conscience.

Il suggère ainsi que le désir sexuel n'est pas seulement une pulsion physique, mais qu'il exprime aussi une aspiration à communiquer avec une autre subjectivité.



- le texte se termine sur un point d'interrogation, qui invite à réfléchir sur les implications de cette analyse.

On peut se demander si le corps est toujours source de conflit ou s'il peut être aussi un moyen d'harmonie entre les consciences.

On peut aussi se demander si le désir sexuel peut dépasser la fascination et la possession pour atteindre une véritable relation d'amour.

On peut enfin se demander quel est le statut du corps dans la phénoménologie de merleau-ponty, qui est la méthode philosophique qu'il emploie dans son ouvrage.