Le texte :
« La condition d’un E?tat se de?termine aise?ment par son rapport avec la fin ge?ne?rale de l’E?tat, qui est la paix et la se?curite? de la vie. Par conse?quent, le meilleur E?tat, c’est celui ou? les hommes passent leur vie dans la concorde et ou? leurs droits ne rec?oivent aucune atteinte. Aussi bien, c’est un point certain que les se?ditions , les guerres, le me?pris ou la violation des lois doivent e?tre attribue?s moins a? la me?chancete? des sujets qu’a? la mauvaise organisation du gouvernement. Les hommes, en effet, ne naissent pas citoyens, ils le deviennent. Remarquez, d’ailleurs, que les passions naturelles des hommes sont les me?mes partout. Si donc le mal a plus d’empire dans tel E?tat, s’il s’y commet plus d’actions coupables que dans un autre, cela tient tre?s certainement a? ce que cet E?tat n’a pas suffisamment pourvu a? la concorde, a? ce qu’il n’a pas institue? les lois avec assez de prudence, et par suite a? ce qu’il n’est pas entre? en pleine possession du droit absolu de l’E?tat. En effet, la condition d’une socie?te? ou? les causes de se?dition n’ont pas �t� supprime?es, ou? la guerre est continuellement a? craindre, ou? enfin les lois sont fre?quemment viole?es, diffe?re peu de la condition naturelle ou? chacun me?ne une vie conforme a? sa fantaisie et toujours grandement menace?e. »
Spinoza, Traite? politique (1677)