• Alain
L'importance de la perception dans la recherche de la vérité
science - vérité



Le contexte :

Alain souligne ici l'importance de remonter de l'apparence à  la chose pour parvenir à  une perception droite. il met en évidence la nécessité de se faire une idée exacte de la chose afin d'expliquer toutes les apparences. l'auteur remet ainsi en question la valeur des hypothàùses scientifiques et souligne l'impossibilité de voir certaines vérités sans instrument adéquat.

L' auteur :

Alain

(1868-1951) Il effectue un mouvement de retour au Cartésianisme en niant l'inconscient Freudien, selon lui ce dernier doit être réduit aux pulsions du corps opposées à la rationalité de l'Esprit.

Le repère :

objectif/subjectif/intersubjectif

Le texte :

« Il faut toujours remonter de l'apparence à la chose ; il n'y a point au monde de lunette ni d'observatoire d'où l'on voit autre chose que des apparences. La perception droite, ou, si l'on veut, la science, consiste à se faire une idée exacte de la chose, d'après laquelle idée on pourra expliquer toutes les apparences. Par exemple, on peut penser le soleil à deux cents pas en l'air ; on expliquera ainsi qu'il passe au-dessus des arbres et de la colline, mais on n'expliquera pas bien que les ombres soient toutes parallèles ; on expliquera encore moins que le soleil se couche au delà des objets les plus lointains ; on n'expliquera nullement comment deux visées vers le centre du soleil, aux deux extrémités d'une base de cent mètres, soient comme parallèles. Et, en suivant cette idée, on arrive peu à peu à reculer le soleil, d'abord au delà de la lune, et ensuite bien loin au delà de la lune, d'où l'on conclura que le soleil est fort gros. Je ne vois point que le soleil est bien plus gros que la terre, mais je pense qu'il est ainsi. Il n'y a point d'instrument qui me fera voir cette pensée comme vraie. Cette remarque assez simple mettrait sans doute un peu d'ordre dans ces discussions que l'on peut lire partout sur la valeur des hypothèses scientifiques. Car ceux qui se sont instruits trop vite et qui n'ont jamais réfléchi sur des exemples simples, voudraient qu'on leur montre la vérité comme on voit la lune grossie dans une lunette. »
Alain

Les questions :



[A] - Questions d'analyse
1) Comment l'auteur définit-il la perception droite ou la science ?
2) Quelle est la différence entre l'apparence et la chose selon l'auteur ?
3) Comment l'auteur explique-t-il le mouvement du soleil et des ombres ?
4) Pourquoi l'auteur affirme-t-il qu'il n'y a pas d'instrument pour prouver sa pensée sur la taille du soleil ?

[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Il faut toujours remonter de l'apparence à la chose ; il n'y a point au monde de lunette ni d'observatoire d'o�� l'on voit autre chose que des apparences."
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

L'analyse :

Voici un exemple de développement possible : dans ce texte, alain défend l'idée que la science ne se contente pas de décrire les apparences, mais qu'elle cherche à remonter à la réalité des choses.

Pour cela, il utilise l'exemple du soleil, dont la perception visuelle est trompeuse, et qu'il faut penser selon des principes rationnels.



- il commence par affirmer qu'il faut toujours remonter de l'apparence à la chose, c'est-à-dire ne pas se fier à ce que nos sens nous montrent, mais chercher à comprendre ce qui est réellement.

Il oppose ainsi l'apparence, qui est subjective et variable, à la chose, qui est objective et constante.

Il critique ensuite l'illusion de ceux qui croient que les instruments d'observation leur permettent de voir autre chose que des apparences.

Il suggère que la science n'est pas une simple observation, mais une interprétation des phénomènes.

Il introduit ainsi le concept de perception droite, ou science, qu'il définit comme la capacité à se faire une idée exacte de la chose, d'après laquelle on pourra expliquer toutes les apparences.

Il pose donc le critère de la cohérence entre l'idée et les faits comme le fondement de la connaissance scientifique.



- il illustre ensuite sa thèse par un exemple concret : celui du soleil.

Il montre comment une idée fausse du soleil, fondée sur l'apparence visuelle, ne permet pas d'expliquer tous les phénomènes liés à sa position et à sa taille.

Il prend l'exemple d'un observateur qui penserait le soleil à deux cents pas en l'air.

Il montre que cette hypothèse rend compte de certaines apparences, comme le fait qu'il passe au-dessus des arbres et de la colline, mais qu'elle échoue à rendre compte d'autres apparences, comme la parallélisme des ombres, le coucher du soleil au-delà des objets lointains, ou la quasi-parallélisme des visées vers le centre du soleil.

Il conclut que cette idée est insuffisante et qu'il faut en chercher une autre, plus conforme à la réalité.

Il suggère alors que le soleil est en fait très éloigné et très gros, ce qui permet d'expliquer toutes les apparences.

Il souligne que cette idée n'est pas fondée sur la vision, mais sur la pensée.

Il distingue ainsi le voir et le penser, et affirme que c'est le penser qui permet d'accéder à la vérité.



- il termine par une remarque générale sur la valeur des hypothèses scientifiques.

Il critique ceux qui se sont instruits trop vite et qui n'ont jamais réfléchi sur des exemples simples.

Il leur reproche de vouloir qu'on leur montre la vérité comme on voit la lune grossie dans une lunette.

Il oppose ainsi deux attitudes face à la science : celle qui se contente de l'apparence amplifiée par les instruments, et celle qui cherche à remonter à la réalité par la réflexion.

Il suggère que la première est na´ve et superficielle, tandis que la seconde est rigoureuse et profonde.

On peut donc dire que ce texte est un plaidoyer pour une conception rationnelle de la science, qui ne se limite pas à l'observation des phénomènes, mais qui cherche à en déduire les principes intelligibles.

Alain utilise pour cela un exemple simple et accessible, celui du soleil, qu'il analyse avec clarté et précision.

Il oppose ainsi l'apparence et la chose, le voir et le penser, l'hypothèse et la vérité.