• Alain
Les limites nécessaires des droits
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Le contexte :

Ce texte de alain aborde la question des limites des droits dans la société. il souligne que l'établissement de droits équilibrés est essentiel dans une société organisée, et que l'égalité des droits est une forme de justice. il met en garde contre la revendication de droits illimités, soulignant que cela peut être problématique.

L' auteur :

Alain

(1868-1951) Il effectue un mouvement de retour au Cartésianisme en niant l'inconscient Freudien, selon lui ce dernier doit être réduit aux pulsions du corps opposées à la rationalité de l'Esprit.

Le repère :

objectif/subjectif/intersubjectif

Le texte :

« On comprend bien qu'il n'y a pas de droit sans limites ; cela n'est pas possible, a? moins que l'on ne se place dans l'e?tat de liberte? et de guerre, ou? l'on peut bien dire que l'on se donne tous les droits, mais ou?, aussi, l'on ne posse?de que ceux que l'on peut maintenir par sa propre force. Mais de?s que l'on fait socie?te? avec d'autres, les droits des uns et des autres forment un syste?me e?quilibre? ; il n’est pas dit du tout que tous auront tous les droits possibles ; il est dit seulement que tous auront les me?mes droits ; et c'est cette e?galite? des droits qui est sans doute la forme de la justice ; car les circonstances ne permettent jamais d'e?tablir un droit tout a? fait sans restriction ; par exemple il n'est pas dit qu'on ne barrera pas une rue dans l'inte?re?t commun ; la justice exige seulement que la rue soit barre?e aux me?mes conditions pour tout le monde. Donc je conc?ois bien que l'on revendique comme citoyen, et avec toute l'e?nergie que l'on voudra y mettre, un droit dont on voit que les autres citoyens ont la jouissance. Mais vouloir un droit sans limites, cela sonne mal. »
Alain, Propos sur les pouvoirs, e?le?ments d’une doctrine radicale (1925)

Les questions :



[A] - Questions d'analyse :
1) Quelle est la relation entre le droit et les limites dans le texte ?
2) Que signifie l'expression "état de liberté et de guerre" dans le contexte du texte ?
3) Comment est-ce que la formation d'une société avec d'autres influence les droits des individus ?
4) Quelles sont les conditions qui définissent l'égalité des droits selon l'auteur ?

[B] - Éléments de synth��se :
1) Expliquez la phrase "On comprend bien qu'il n'y a pas de droit sans limites".
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] - Commentaire :
1) Pourquoi l'auteur affirme-t-il que vouloir un droit sans limites "sonne mal" ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si l'égalité des droits est toujours compatible avec l'idée de justice.

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte : l'auteur, alain, s'interroge sur la notion de droit et ses limites dans le cadre d'une société.

Il distingue deux situations : l'état de liberté et de guerre, où le droit est illimité mais précaire, et l'état de société, où le droit est limité mais équilibré.

Il défend l'idée que la justice consiste en l'égalité des droits, et non en l'absence de restrictions.

Il critique donc ceux qui revendiquent un droit sans limites, qu'il juge impossible et malsonnant.



- quoi : il commence par affirmer qu'il n'y a pas de droit sans limites, ce qui implique qu'il existe toujours des contraintes ou des obligations qui s'imposent aux détenteurs d'un droit.



- comment : il appuie cette affirmation sur un raisonnement par l'absurde, en montrant que la seule situation où le droit serait sans limites serait celle de l'état de liberté et de guerre, où chacun se donne tous les droits, mais où personne ne peut les garantir face à la force des autres.

Il s'agit d'une référence à la théorie du contrat social de hobbes, qui décrit cet état comme un état de nature où règne la violence et l'insécurité.



- pourquoi : il en déduit que le droit sans limites n'est pas un droit réel, mais une simple prétention qui ne peut être maintenue que par la force.

Il suggère donc que le droit implique nécessairement une limitation de la liberté individuelle au profit de la sécurité collective.



- quoi : il poursuit en opposant à l'état de liberté et de guerre l'état de société, où les droits des uns et des autres forment un système équilibré.

Il précise que dans cet état, il n'est pas question que tous aient tous les droits possibles, mais seulement que tous aient les mêmes droits.



- comment : il illustre cette idée par un exemple concret : celui de la fermeture d'une rue dans l'intérêt commun.

Il montre que cette mesure implique une restriction du droit de circuler, mais qu'elle est acceptable si elle s'applique à tous de la même manière.



- pourquoi : il en conclut que l'égalité des droits est la forme de la justice, car elle respecte le principe d'impartialité et d'universalité.

Il souligne donc que le droit suppose une harmonisation des intérêts particuliers au nom de l'intérêt général.



- quoi : il termine en admettant qu'on puisse revendiquer comme citoyen un droit dont on voit que les autres citoyens ont la jouissance, mais en rejetant l'idée de vouloir un droit sans limites, qu'il qualifie de malsonnant.



- comment : il oppose ainsi deux types de revendications : celles qui visent à rétablir l'égalité des droits face à une discrimination ou une injustice, et celles qui visent à échapper à toute limitation du droit au nom d'une liberté absolue.

Il exprime sa préférence pour les premières, qu'il juge légitimes et énergiques, et sa répulsion pour les secondes, qu'il juge impossibles et malvenues.



- pourquoi : il renforce ainsi sa thèse selon laquelle le droit ne peut exister sans limites, et que celles-ci sont nécessaires pour assurer la justice et la paix sociale.

Il invite donc à reconnaître les bienfaits du contrat social, qui permet de sortir de l'état de guerre et d'instaurer un ordre juridique fondé sur l'égalité des droits.