Dans cet extrait du léviathan, hobbes aborde la question de la prudence et de la certitude. il explique comment notre capacité à prédire les conséquences de nos actions est basée sur notre expérience passée, mais reste sujette à l'incertitude. il souligne également que seul le présent existe réellement, les choses passées n'étant que des souvenirs et les choses à venir étant de simples projections mentales.
(1588-1679) Philosophe Contractualiste comme Locke et Rousseau ; selon eux le pouvoir politique serait issu d'un accord passé librement entre les hommes : un contrat social. Hobbes pense ce contrat à l'aune de ce qu'il y avait avant, « l'état de Nature ».
contingent/nécessaire
« Il arrive qu’on de?sire connai?tre le re?sultat d’une action : on pense alors a? quelque action semblable du passe?, et, l’un apre?s l’autre, aux re?sultats de celle-ci, en supposant que des re?sultats semblables suivront des actions semblables. Ainsi celui qui conside?re par avance ce qu’il adviendra d’un criminel repasse mentalement ce qu’il a vu, auparavant, succe?der a? un tel crime. Ses pense?es suivent l’ordre suivant : le crime, l’agent de police, le juge, le gibet . Cette espe?ce de pense?es est appele?e vue anticipe?e, prudence, prescience, et quelquefois sagesse, quoiqu’une telle conjecture soit fort trompeuse, parce qu’il est difficile de prendre garde a? toutes les circonstances. Ceci du moins est certain : autant un homme l’emporte sur un autre par l’expe?rience des choses passe?es, d’autant est-il plus prudent et moins fre?quemment trompe? dans son attente. Dans la nature, seul le pre?sent existe ; les choses passe?es n’existent que dans le souvenir, et quant aux choses a? venir elles n’ont pas d’existence du tout, l’avenir n’e?tant qu’une fiction mentale qui consiste a? attribuer aux actions pre?sentes les suites des actions passe?es. C’est celui qui a le plus d’expe?rience qui accomplit cela avec le plus de certitude, mais pas avec une pleine certitude. Et quoiqu’on parle de prudence, quand le re?sultat re?pond a? l’attente, ce n’est de soi qu’une pre?somption . »
Hobbes, Le?viathan (1651)
[a] - Questions d'analyse :
1) Comment le texte définit-il la notion de "vue anticipée" ?
2) Quels sont les éléments mentionnés dans les pensées suivantes : le crime, l'agent de police, le juge, le gibet ?
3) Pourquoi la conjecture mentionnée dans le texte est-elle trompeuse selon l'auteur ?
4) Comment le texte explique-t-il la notion d'existence pour le passé, le présent et l'avenir ?
[b] - Éléments de synth��se :
1) Expliquez la signification de la phrase : "autant un homme l'emporte sur un autre par l'expérience des choses passées, d'autant est-il plus prudent et moins fréquemment trompé dans son attente."
2) En vous basant sur les éléments précédents, quel est l'idée principale du texte et quelles sont les étapes de son argumentation ?
[c] - Commentaire :
1) Selon vous, pourquoi l'auteur affirme-t-il que la prudence n'est qu'une présomption ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la connaissance du passé permet réellement de prévoir l'avenir.
Voici un exemple de développement possible :
dans ce texte, hobbes s'interroge sur la possibilité de connaître l'avenir à partir du passé, et sur les limites de cette démarche.
Il distingue deux types de pensées : celles qui portent sur le présent, qui est le seul réel, et celles qui anticipent le futur, qui est une fiction.
Il examine les conditions et les conséquences de cette anticipation, qu'il nomme prudence, prescience ou sagesse.
Il commence par décrire le processus par lequel on forme des conjectures sur ce qui va arriver : on se base sur l'expérience passée, en supposant que des actions semblables entraîneront des résultats semblables.
Il donne l'exemple du criminel qui imagine les suites de son crime en se remémorant ce qu'il a vu arriver à d'autres criminels.
Il montre ainsi que la pensée anticipatrice est une forme d'inférence, qui relie des faits observés à des faits attendus.
Il utilise pour cela des termes comme "on pense", "on suppose", "on repasse mentalement".
Il souligne ensuite les risques et les incertitudes de cette méthode : il affirme que cette espèce de pensées est "fort trompeuse", parce qu'il est difficile de prendre en compte toutes les circonstances qui peuvent modifier le cours des événements.
Il reconnaît que l'expérience passée peut donner un avantage à celui qui la possède, mais il nie qu'elle puisse garantir une pleine certitude.
Il emploie pour cela des expressions comme "il arrive", "il est difficile", "ceci du moins est certain", "mais pas avec une pleine certitude".
Il termine en remettant en question la valeur de la prudence, qu'il définit comme une fiction mentale qui consiste à attribuer aux actions présentes les suites des actions passées.
Il affirme que la nature ne connaît que le présent, et que le passé n'existe que dans le souvenir.
Il suggère que l'avenir n'a pas d'existence propre, mais qu'il est le produit de l'imagination humaine.
Il relativise ainsi la portée de la prudence, qu'il qualifie de présomption, et qu'il oppose à la réalité.
Il utilise pour cela des termes comme "dans la nature", "n'existent que", "n'ont pas d'existence du tout", "n'est qu'une fiction".