• Arendt
La liberté tangible : une condition préalable à  la liberté intérieure
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Le contexte :

Dans cet extrait, arendt explore la notion de liberté en soulignant l'importance de l'expérience concràùte de la liberté dans le monde extérieur. selon elle, la liberté ne peut être pleinement comprise et vécue que dans nos interactions avec les autres et dans un espace public commun. cette réflexion remet en question l'idée selon laquelle la liberté serait uniquement une qualité de la pensée ou de la volonté.

L' auteur :

Arendt

(1906-1975) Philosophe politique et théoricienne de la pensée politique. Elle a développé des concepts influents tels que "la banalité du mal" et a exploré la nature de la condition humaine, la liberté, et la politique dans un monde moderne marqué par les totalitarismes et la violence.

Le repère :

concret/abstrait

Le texte :

« Il semble qu'on puisse affirmer que l'homme ne saurait rien de la liberte? inte?rieure s'il n'avait d'abord expe?rimente? une liberte? qui soit une re?alite? tangible  dans le monde. Nous prenons conscience d'abord de la liberte? ou de son contraire dans notre commerce  avec d'autres, non dans le commerce avec nous-me?mes. Avant de devenir un attribut de la pense?e ou une qualite? de la volonte?, la liberte? a �t� comprise comme le statut de l'homme libre, qui lui permettait de se de?placer, de sortir de son foyer, d'aller dans le monde et de rencontrer d'autres gens en actes et en paroles. Il est clair que cette liberte? �tait pre?ce?de?e par la libe?ration : pour e?tre libre, l'homme doit s'e?tre libe?re? des ne?cessite?s de la vie. Mais le statut d'homme libre ne de?coulait pas automatiquement de l'acte de libe?ration. E?tre libre exigeait, outre la simple libe?ration, la compagnie d'autres hommes, dont la situation �tait la me?me, et demandait un espace public commun ou? les rencontrer ※ un monde politiquement organise?, en d'autres termes, ou? chacun des hommes libres pu?t s'inse?rer par la parole et par l'action. »
Arendt, La crise de la culture (1961)

Les questions :



[A] - Questions d'analyse :
1) Quelle est la différence entre la liberté intérieure et la liberté tangible dans le monde, selon le texte ?
2) Comment prenons-nous conscience de la liberté ou de son contraire dans notre commerce avec les autres ?
3) Avant de devenir un attribut de la pensée ou une qualité de la volonté, comment la liberté était-elle comprise ?
4) Quelles conditions étaient nécessaires pour être considéré comme un homme libre dans le texte ?

[B] - Éléments de synth��se :

L'analyse :

Voici un exemple de développement possible : l'auteur cherche à définir la notion de liberté et à en montrer les conditions d'existence.

Il commence par affirmer que la liberté intérieure, c'est-à-dire la capacité de penser et de vouloir librement, n'est pas première, mais dépend d'une expérience préalable de la liberté extérieure, c'est-à-dire de la possibilité d'agir et de parler librement dans le monde.

Il s'appuie pour cela sur le fait que nous prenons conscience de la liberté ou de son absence dans nos relations avec les autres hommes, qui nous reconnaissent ou non comme des êtres libres.

Il en déduit que la liberté n'est pas une donnée naturelle, mais une réalité historique et sociale, qui suppose un certain statut juridique et politique.

Il distingue ensuite deux moments dans l'acquisition de la liberté : la libération, qui consiste à se dégager des contraintes matérielles et vitales, et la participation, qui consiste à entrer dans un espace public où l'on peut dialoguer et agir avec d'autres hommes libres.

Il souligne ainsi que la liberté n'est pas seulement négative (absence de contraintes), mais aussi positive (présence d'un monde commun).

Il implique donc que la liberté est une valeur politique, qui dépend de l'organisation de la société et qui exige l'engagement des citoyens.