• Schopenhauer
La limite du calcul dans la compréhension des phénomàùnes physiques
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Le contexte :

Dans cet extrait de son ouvrage "de la quadruple racine du principe de raison suffisante", schopenhauer remet en question le ràïle du calcul dans la compréhension des phénomàùnes physiques. selon lui, le calcul se limite à  des notions abstraites de grandeurs et ne permet pas d'appréhender de maniàùre intuitive les causes et les conditions de l'espace qui agissent sur les phénomàùnes. ainsi, il souligne la nécessité d'une perception intuitive pour véritablement comprendre les phénomàùnes physiques.

L' auteur :

Schopenhauer

(1788-1860) Philosophe allemand influent, célèbre pour sa vision pessimiste de la vie. Il a développé une métaphysique basée sur la volonté et la représentation, affirmant que la souffrance est inévitable. Il a également exploré les notions de la volonté de vivre et la recherche du bonheur à travers la philosophie de l'art.

Le repère :

analyse/synthèse

Le texte :

« Comprendre, c’est connai?tre imme?diatement, et par conse?quent intuitivement, l’enchai?nement causal, bien que cette connaissance demande a? e?tre de suite de?pose?e dans des notions abstraites afin d’e?tre fixe?e. Aussi calculer n’est pas comprendre et ne fournit par soi aucune compre?hension des choses. Le calcul ne s’occupe purement que de notions abstraites de grandeurs, dont il de?termine les rapports mutuels. Mais on n’acquiert pas par la? la moindre compre?hension d’un phe?nome?ne physique quelconque. Car pour cela il faut connai?tre par la perception intuitive les conditions de l’espace en vertu desquelles les causes agissent. Les calculs n’ont de valeur que pour la pratique, non pour la the?orie. On pourrait me?me dire : Ou? commence le calcul, la compre?hension cesse. Car le cerveau occupe? de chiffres, pendant qu’il calcule, reste comple?tement e?tranger a? l’enchai?nement causal dans la marche physique des phe?nome?nes ; il n’est rempli que de notions abstraites de chiffres. Et le re?sultat ne donne jamais rien au-dela? du combien, jamais le quoi. �oeL’expe?rience et le calcul”, cette formule favorite des physiciens ne suffisent donc nullement. »
Schopenhauer, De la quadruple racine du principe de raison suffisante

Les questions :



[a] û questions dÆanalyse
1) Quelle est la différence entre comprendre et calculer selon le texte ?
2) Comment le texte définit-il la connaissance intuitive ?
3) Pourquoi le calcul ne permet-il pas d'acquérir une compréhension d'un phénom��ne physique ?
4) Comment le texte explique-t-il la relation entre calcul et compréhension ?

[b] û éléments de synth��se
1) Que signifie l'expression "l'expérience et le calcul" selon l'auteur ?
2) En vous basant sur les éléments précédents, quelle est l'idée principale du texte et quelles sont les étapes de son argumentation ?

[c] û commentaire
1) Pensez-vous que le calcul puisse être considéré comme une forme de compréhension ? Justifiez votre réponse.

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte de schopenhauer :

- dans la première phrase, l'auteur définit la compréhension comme une connaissance immédiate et intuitive de l'enchaînement causal, c'est-à-dire de la relation de cause à effet entre les phénomènes.

Il ajoute que cette connaissance intuitive doit être ensuite traduite en notions abstraites, c'est-à-dire en concepts généraux et rationnels, pour être fixée, c'est-à-dire conservée et transmise.

Il oppose ainsi deux modes de connaissance : l'intuition, qui saisit directement le réel, et l'abstraction, qui le représente de façon symbolique.



- dans la deuxième phrase, il en déduit que le calcul n'est pas une forme de compréhension, mais seulement un moyen de manipuler des notions abstraites de grandeurs, c'est-à-dire des quantités mesurables.

Il affirme que le calcul ne permet pas de comprendre un phénomène physique quelconque, car il ne tient pas compte des conditions de l'espace, c'est-à-dire des propriétés géométriques des objets et des forces qui agissent sur eux.

Il réduit ainsi le calcul à un outil pratique, qui sert à déterminer les rapports entre les grandeurs, mais qui ne donne pas accès à la réalité physique.



- dans la troisième phrase, il renforce son propos en affirmant que le calcul est même incompatible avec la compréhension, car il occupe le cerveau de chiffres au lieu de le faire réfléchir sur l'enchaînement causal.

Il oppose donc le calcul à la perception intuitive, qui est la seule à pouvoir saisir les causes des phénomènes.

Il conclut que le résultat du calcul ne donne jamais que le combien, c'est-à-dire la mesure des grandeurs, mais jamais le quoi, c'est-à-dire la nature et la raison des choses.



- dans la dernière phrase, il critique la formule favorite des physiciens, qui prétendent se baser sur l'expérience et le calcul pour établir leurs théories.

Il soutient que ces deux éléments ne suffisent pas à expliquer le réel, car ils négligent l'intuition et l'abstraction, qui sont les deux sources de la compréhension selon lui.

L'enjeu du texte est donc de remettre en cause la prétention du calcul à fournir une connaissance scientifique du réel, et de défendre une conception plus large et plus profonde de la compréhension, qui articule intuition et abstraction.

Schopenhauer s'inscrit ainsi dans une critique de la science moderne, qu'il juge trop réductrice et trop mécaniste.

Il propose une philosophie qui valorise le rôle de l'intuition comme accès direct à la réalité.