• Durkheim
L'autorité morale et la pression intérieure
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Le contexte :

Dans cet extrait de "les formes élémentaires de la vie religieuse", durkheim explore le concept de l'autorité morale et de la pression intérieure qui nous pousse à  obéir aux avis d'une personne non pas par sagesse, mais par respect envers celle-ci. il souligne ainsi l'importance de la représentation que nous avons de ceux qui nous recommandent ou nous prescrivent une attitude donnée.

L' auteur :

Durkheim

(1858-1917) Est le père fondateur de la sociologie, une science qui se distingue de la philosophie pour établir des bases scientifiques à l'étude des phénomènes sociaux.

Le repère :

transcendant/immanent

Le texte :

« Quand nous obe?issons a? une personne en raison de l'autorite? morale que nous lui reconnaissons, nous suivons ses avis, non parce qu'ils nous semblent sages, mais parce qu'a? l'ide?e que nous nous faisons de cette personne, une e?nergie psychique d'un certain genre est immanente , qui fait plier notre volonte? et l'incline dans le sens indique?. Le respect est l'e?motion que nous e?prouvons quand nous sentons cette pression inte?rieure et toute spirituelle se produire en nous. Ce qui nous de?termine alors, ce ne sont pas les avantages ou les inconve?nients de l'attitude qui nous est prescrite ou recommande?e ; c'est la fac?on dont nous nous repre?sentons celui qui nous la recommande ou qui nous la prescrit. Voila? pourquoi le commandement affecte ge?ne?ralement des formes bre?ves, tranchantes, qui ne laissent pas de place a? l'he?sitation ; c'est que, dans la mesure ou? il est lui-me?me et agit par ses seules forces, il exclut toute ide?e de de?libe?ration et de calcul ; il tient son efficacite? de l'intensite? de l'e?tat mental dans lequel il est donne?. C'est cette intensite? qui constitue ce qu'on appelle l'ascendant moral. Or, les manie?res d'agir auxquelles la socie?te? est assez fortement attache?e pour les imposer a? ses membres se trouvent, par cela me?me, marque?es du signe distinctif qui provoque le respect. »
Durkheim, Les Formes e?le?mentaires de la vie religieuse (1912)

Les questions :



[A] - Questions d'analyse
1. En quoi consiste l'autorité morale ?
2. Quelle est la différence entre suivre un avis pour son contenu et le suivre pour son émetteur ?
3. Pourquoi les commandements sont-ils brefs et tranchants ?
4. Qu'est-ce que l'ascendant moral ?

[B] - Éléments de synth��se
1. Expliquez : "Ce qui nous détermine alors, ce ne sont pas les avantages ou les inconvénients de l'attitude qui nous est prescrite ou recommandée ; c'est la façon dont nous nous représentons celui qui nous la recommande ou qui nous la prescrit".
2. De quoi dépend l'efficacité d'un commandement selon Durkheim ? Quel est le lien entre l'ascendant moral et le respect ?

[C] - Commentaire
1. Selon Durkheim, pourquoi les mani��res d'agir que la société impose à ses membres sont-elles respectées ? Justifiez votre réponse.

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte : le texte de durkheim porte sur la notion d'autorité morale et de respect.

Il cherche à expliquer comment ces phénomènes se manifestent dans la vie sociale et quelles sont leurs sources.

Dans un premier temps, l'auteur distingue l'obéissance à une personne en raison de son autorité morale de l'obéissance fondée sur la sagesse ou l'intérêt.

Il affirme que, dans le premier cas, nous suivons les avis ou les ordres de cette personne non pas parce qu'ils nous convainquent rationnellement, mais parce qu'ils nous impressionnent émotionnellement.

Il utilise le terme d'"énergie psychique" pour désigner cette force intérieure qui nous fait plier notre volonté devant celle de l'autre.

Il appelle "respect" le sentiment que nous éprouvons face à cette pression spirituelle.

Dans un deuxième temps, l'auteur caractérise le commandement fondé sur l'autorité morale par sa forme brève et tranchante, qui ne laisse pas de place au doute ou au calcul.

Il explique que le commandement tire son efficacité de l'intensité de l'état mental dans lequel il est donné, et non pas de son contenu ou de ses conséquences.

Il nomme "ascendant moral" cette capacité à imposer sa volonté par la seule force du sentiment.

Dans un troisième temps, l'auteur généralise son analyse en affirmant que les manières d'agir auxquelles la société tient suffisamment pour les imposer à ses membres sont marquées par le même signe distinctif qui provoque le respect.

Il suggère ainsi que l'autorité morale n'est pas seulement une affaire individuelle, mais aussi une affaire collective, et qu'elle repose sur des valeurs partagées par un groupe social.