Dans cet extrait, schopenhauer met en lumiàùre notre incapacité à connaà®tre nos vrais désirs et craintes. il souligne que notre intellect nous cache souvent nos souhaits profonds par peur du jugement et que nos motivations réelles peuvent nous échapper jusqu'à ce que le hasard les révàùle. cette réflexion nous invite à questionner notre connaissance de nous-mêmes et à explorer les mystàùres de notre inconscient.
(1788-1860) Philosophe allemand influent, célèbre pour sa vision pessimiste de la vie. Il a développé une métaphysique basée sur la volonté et la représentation, affirmant que la souffrance est inévitable. Il a également exploré les notions de la volonté de vivre et la recherche du bonheur à travers la philosophie de l'art.
intuitif/discursif
« Souvent nous ne savons pas ce que nous souhaitons ou ce que nous craignons. Nous pouvons caresser un souhait pendant des anne?es entie?res, sans nous l’avouer, sans me?me en prendre clairement conscience ; c’est que l’intellect n’en doit rien savoir, c’est qu’une re?ve?lation nous semble dangereuse pour notre amour-propre, pour la bonne opinion que nous tenons a? avoir de nous-me?mes ; mais quand ce souhait vient a? se re?aliser, notre propre joie nous apprend, non sans nous causer une certaine confusion, que nous appelions cet e?ve?nement de tous nos vūux ; tel est le cas de la mort d’un proche parent dont nous he?ritons. Et quant a? ce que nous craignons, nous ne le savons souvent pas, parce que nous n’avons pas le courage d’en prendre clairement conscience. Souvent me?me nous nous trompons entie?rement sur le motif ve?ritable de notre action ou de notre abstention, jusqu’a? ce qu’un hasard nous de?voile le myste?re. Nous apprenons alors que nous nous e?tions me?pris sur le motif ve?ritable, que nous n’osions pas nous l’avouer, parce qu’il ne re?pondait nullement a? la bonne opinion que nous avons de nous-me?mes. Ainsi, nous nous abstenons d’une certaine action, pour des raisons purement morales a? notre avis ; mais apre?s coup nous apprenons que la peur seule nous retenait, puisque, une fois tout danger disparu, nous commettons cette action. »
Schopenhauer, Le monde comme volonte? et comme repre?sentation (1818)
[A] - Questions d'analyse
1) Quel est le lien entre le fait de ne pas savoir ce que nous souhaitons ou craignons et notre amour-propre ?
2) Comment le texte explique-t-il le phénom��ne selon lequel nous caressons un souhait pendant des années sans nous l'avouer clairement ?
3) En quoi la réalisation d'un souhait peut-elle causer de la confusion et pourquoi cela est-il lié à notre amour-propre ?
4) Comment le texte illustre-t-il le fait que nous ne savons souvent pas ce que nous craignons et que nous nous trompons sur le motif véritable de notre action ou de notre abstention ?
[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez en quoi le texte sugg��re que notre amour-propre nous empêche de prendre clairement conscience de nos souhaits et de nos craintes.
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] - Commentaire
1) Selon vous, pourquoi est-il difficile pour nous de prendre clairement conscience de nos souhaits et de nos craintes ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si le fait de ne pas savoir ce que nous souhaitons ou craignons est une caractéristique commune à tous les individus.
Voici un exemple de développement possible :
l'auteur du texte, schopenhauer, cherche à montrer que nous ne connaissons pas toujours nos véritables désirs et craintes, et que nous pouvons nous tromper sur les motifs de nos actions.
Il s'appuie pour cela sur deux types d'exemples : ceux où nous ignorons ce que nous souhaitons, et ceux où nous ignorons ce que nous craignons.
Dans le premier cas, il affirme que nous pouvons avoir un souhait inconscient, que nous refoulons ou que nous n'admettons pas, parce qu'il est contraire à l'image que nous voulons avoir de nous-mêmes.
Il prend l'exemple de la mort d'un proche dont nous héritons, qui peut révéler notre cupidité ou notre indifférence.
Il explique que c'est notre joie, qui trahit notre souhait, qui nous apprend la vérité sur nous-mêmes, mais qui nous cause aussi de la confusion ou de la honte.
Dans le second cas, il soutient que nous pouvons avoir une crainte inconsciente, que nous n'osons pas affronter ou reconnaître, parce qu'elle est incompatible avec l'idée que nous avons de notre courage ou de notre moralité.
Il prend l'exemple d'une action que nous nous abstenons de faire pour des raisons prétendument morales, mais qui en réalité sont dictées par la peur.
Il montre que c'est le hasard, qui change les circonstances, qui nous dévoile le mystère de notre abstention, mais qui nous fait aussi réaliser notre erreur ou notre lâcheté.
L'enjeu du texte est donc de mettre en évidence le décalage entre notre représentation de nous-mêmes et notre volonté réelle, qui peut être cachée ou déformée par des mécanismes psychologiques tels que le refoulement ou la rationalisation.
Schopenhauer veut ainsi remettre en question la confiance que nous avons en notre connaissance de soi, et souligner la complexité et l'ambigu´té de nos motivations.