Alain soulàùve ici la question de l'injustice des contrats qui impliquent une inégalité entre les parties. il remet en cause la notion de prix juste et défend l'idée que seul un marché public, oàû les prix sont discutés librement, peut garantir une égalité entre acheteurs et vendeurs. il met en garde contre les abus de pouvoir et souligne l'importance de l'état de droit pour protéger les plus vulnérables.
(1868-1951) Il effectue un mouvement de retour au Cartésianisme en niant l'inconscient Freudien, selon lui ce dernier doit être réduit aux pulsions du corps opposées à la rationalité de l'Esprit.
identité/égalité/différence
« De?s qu’un contrat enferme quelque ine?galite? , vous soupc?onnez aussit�t que ce contrat viole le droit. Vous vendez ; j’ache?te ; personne ne croira que le prix, fixe? apre?s de?bat et d’un commun accord, soit juste dans tous les cas ; si le vendeur est ivre tandis que l’acheteur est mai?tre de son jugement, si l’un des deux est tre?s riche et l’autre tre?s pauvre, si le vendeur est en concurrence avec d’autres vendeurs tandis que l’acheteur est seul a? vouloir acheter, si le vendeur ignore la nature de ce qu’il vend, livre rare ou tableau de mai?tre, tandis que l’acheteur la connai?t, dans tous les cas de ce genre, je dirai que le prix paye? est un prix d’occasion . Pourquoi ? Parce qu’il n’y avait pas e?galite? entre les parties. Qu’est-ce qu’un prix juste ? C’est un prix de marche? public. Et pourquoi ? Parce que, dans le marche? public, par la discussion publique des prix, l’acheteur et le vendeur se trouvent bient�t e?galement instruits sur ce qu’ils veulent vendre ou acheter. Un marche?, c’est un lieu de libre discussion. Un tout petit enfant, qui connai?t mal l’utilite? relative des choses, et qui ne re?gle le prix que sur son de?sir pre?sent, un tout petit enfant sera l’e?gal de l’acheteur le plus avise?, si seulement plusieurs marchands offrent publiquement a? plusieurs acheteurs la chose que le petit enfant de?sire. Je n’en demande pas plus. Le droit re?gne la? ou? le petit enfant, qui tient son sou dans sa main et regarde avidement les objets �tale?s, se trouve l’e?gal de la plus ruse?e me?nage?re. On voit bien ici comment l’e?tat de droit s’opposera au libre jeu de la force. Si nous laissons agir les puissances, l’enfant sera certainement trompe? ; me?me si on ne lui prend pas son sou par la force brutale, on lui fera croire sans peine qu’il faut e?changer un vieux sou contre un centime neuf. »
Alain, Propos sur les pouvoirs (18 octobre 1907)
[A] û Questions dÆanalyse
1) Comment le narrateur perçoit-il un contrat impliquant une inégalité entre les parties ?
2) Que sugg��re l'auteur concernant la notion de prix dans un contrat impliquant des inégalités ?
3) En quoi le contexte et les caractéristiques des parties impliquées dans une transaction influent-ils sur la notion de prix juste, selon l'auteur ?
4) Quel r��le joue la notion de marché public dans la définition du prix juste selon l'auteur ?
[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez en quoi l'inégalité entre les parties dans un contrat influence la perception du prix, selon l'auteur.
2) En vous basant sur les idées précédentes, résumez l'idée principale du texte et les arguments développés par l'auteur.
[C] û Commentaire
1) Dans quelle mesure l'égalité entre les parties dans un contrat est-elle essentielle pour l'établissement d'un prix juste ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur les idées du texte.
2) À la lumi��re de vos connaissances et en tenant compte du texte, analysez l'importance de la discussion publique des prix dans le cadre d'un marché juste et équitable.
Voici un exemple de développement possible :
dans ce texte, alain s'interroge sur la notion de justice dans les contrats, et plus particulièrement dans les échanges commerciaux.
Il cherche à définir ce qu'est un prix juste, et à quelles conditions il peut être établi.
Il oppose ainsi deux types de prix : le prix d'occasion et le prix de marché public.
- il commence par affirmer que tout contrat qui enferme quelque inégalité entre les parties est suspect de violer le droit.
Il donne plusieurs exemples de situations où l'un des contractants a un avantage sur l'autre, que ce soit par son état, sa fortune, sa concurrence ou sa connaissance.
Il appelle ces situations des prix d'occasion, c'est-à-dire des prix qui dépendent des circonstances particulières et qui ne reflètent pas la valeur réelle des choses.
Il montre ainsi que le droit exige une égalité entre les contractants, et que toute inégalité est source d'injustice.
- il poursuit en proposant sa définition du prix juste : c'est un prix de marché public, c'est-à-dire un prix qui résulte d'une discussion publique entre plusieurs vendeurs et plusieurs acheteurs.
Il explique que le marché public permet d'établir une égalité entre les parties, car elles sont toutes également informées sur ce qu'elles veulent vendre ou acheter.
Il fait du marché un lieu de libre discussion, où les prix sont fixés par le jeu de l'offre et de la demande, et non par la force ou la ruse.
Il souligne ainsi que le droit repose sur la publicité et la rationalité des échanges.
- il termine en illustrant son propos par un exemple imaginaire : celui d'un petit enfant qui veut acheter quelque chose avec son sou.
Il affirme que le droit règne là où le petit enfant est l'égal de l'acheteur le plus avisé, c'est-à-dire là où il peut bénéficier du marché public et de la discussion des prix.
Il oppose cet état de droit au libre jeu des puissances, qui conduirait à tromper ou à voler l'enfant.
Il montre ainsi que le droit protège les plus faibles contre les abus des plus forts.
On peut donc dire que ce texte est une argumentation en faveur du marché public comme condition du prix juste et du droit.
Alain utilise des exemples concrets, des oppositions de termes et des questions rhétoriques pour appuyer sa thèse.
Il met en évidence les enjeux moraux et politiques de sa réflexion.