(1632-1704) Philosophe du mouvement de l'empirisme anglais, qui stipule que toute connaissance dérive par nature de l'expérience. Toute sa philosophie fait découler des implications pratiques à partir de ce constat.
persuader/convaincre
« Persuader ou commander, employer des aruments ou des peines, sont des choses bien différentes. Le pouvoir civil tout seul a droit à l'une, et la bienveillance suffit pour autoriser tout home à l'autre. Nous avons tous mission d'avertir notre prochain que nous le croyons dans l'erreur, et de l'amener à la connaissance de la vérité par de bonnes preuves. Mais donner des lois, exiger la soumission et contraindre par la force, tout cela n'appartient qu'au magistrat seul. C'est aussi sur ce fondement que je soutient que le pouvoir du magistrat ne s'étend pas jusqu'à établir, par ses lois, des articles de foi ni des formes de culte religieux. Car les lois n'ont aucune vigueur sans les peines ; et les peines sont tout à fait inutiles, pour ne pas dire injustes, dans cette occasion puisqu'elles ne sauraient convaincre l'esprit. il n'y a donc ni profession de tels ou tels articles de foi, ni conformité à tel ou tel culte extérieur, qui puissent procurer le salut des âmes, si l'on est bein persuadé de la vérité des uns et que l'autre est agréable à Dieu. Il n'y a que la lumière et l'évidence qui aient le pouvoir de changer les opinions des hommes ; et cette lumière ne peut jamais être produite par la souffrance corporelle, ni par aucune pene extérieure. »
Locke, Lettre sur la tolérance (1686)
[A] - Questions d'analyse :
1) Expliquez la différence entre persuader et commander selon le texte.
2) Quel est le r��le du pouvoir civil dans la persuasion et la contrainte selon l'auteur ?
3) Comment l'auteur définit-il la mission de chacun envers son prochain ?
4) Quelle est la limite du pouvoir du magistrat selon l'auteur ?
[B] - Éléments de synth��se :
1) Expliquez la phrase : "Les lois n'ont aucune vigueur sans les peines ; et les peines sont tout à fait inutiles, pour ne pas dire injustes, dans cette occasion puisqu'elles ne sauraient convaincre l'esprit."
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] - Commentaire :
1) Selon vous, pourquoi l'auteur affirme-t-il que la persuasion ne peut pas être obtenue par la souffrance corporelle ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la tolérance religieuse est compatible avec les lois établies par le magistrat.
Voici un exemple de développement possible :
dans ce texte, locke défend l'idée de la tolérance religieuse et critique l'usage de la contrainte par le pouvoir civil pour imposer une doctrine ou un culte.
Il distingue deux types d'action sur les esprits : persuader ou commander, qui reposent sur des fondements et des effets différents.
D'abord, il oppose la persuasion, qui relève de la bienveillance et de la mission d'avertir son prochain, à la commande, qui relève du droit et de l'autorité du magistrat.
Il montre ainsi que la persuasion est une démarche volontaire et rationnelle, qui vise à faire connaître la vérité par de bonnes preuves, tandis que la commande est une imposition arbitraire et coercitive, qui vise à faire obéir par des lois et des peines.
Il en déduit que le pouvoir civil n'a pas le droit d'intervenir dans les affaires religieuses, qui relèvent de la conscience individuelle et de la liberté de penser.
Ensuite, il démontre l'inefficacité et l'injustice de la contrainte pour modifier les opinions religieuses.
Il explique que les lois ne peuvent avoir de force que si elles sont accompagnées de peines, mais que les peines sont inutiles et injustes dans le domaine religieux, car elles ne peuvent pas convaincre l'esprit.
Il souligne que la profession de foi ou le culte extérieur ne suffisent pas à assurer le salut des âmes, si l'on n'est pas sincèrement persuadé de leur vérité et de leur agrément à dieu.
Il affirme que seul la lumière et l'évidence peuvent changer les opinions des hommes, et que cette lumière ne peut jamais être produite par la souffrance corporelle ou par toute peine extérieure.
Ainsi, locke défend une conception rationnelle et libérale de la religion, qui repose sur la persuasion et non sur la contrainte, et qui respecte la liberté de conscience et la diversité des croyances.
Il s'oppose à toute forme d'intolérance ou de fanatisme, qui menacent la paix civile et la dignité humaine.