• Freud
Les limites du bonheur et la prédominance de la souffrance
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Le contexte :

Dans son ouvrage "malaise dans la civilisation", freud expose sa vision du bonheur et de la souffrance. selon lui, le bonheur véritable est éphémàùre et limité, tandis que la souffrance est omniprésente et provient de différentes sources telles que notre propre corps, le monde extérieur et les relations avec autrui. face à  ces possibilités de souffrance, les hommes réduisent leurs revendications de bonheur.

L' auteur :

Freud

(1859-1939) Avance l'idée que la conscience n'est pas, comme le pensait Descartes, une machine à enregistrer toutes les informations. Au contraire, elle va refouler dans une partie plus profonde et hors de l'aperception d'elle-même des souvenirs.

Le repère :

impossible/possible

Le texte :

« Ce qu’on appelle bonheur au sens strict re?sulte de la satisfaction plut�t soudaine de besoins accumule?s et n’est possible, par nature, que comme phe?nome?ne e?pisodique. Toute prolongation d’une situation convoite?e par le principe de plaisir donne seulement un sentiment de tie?de contentement ; nous sommes ainsi faits que nous ne pouvons jouir intense?ment que du contraste, et tre?s peu d’un �tat. De ce fait, nos possibilite?s de bonheur sont de?ja? limite?es par notre constitution. Il y a beaucoup moins de difficulte?s a? faire l’expe?rience du malheur. La souffrance menace de trois co?te?s : de notre propre corps, destine? a? la de?che?ance et a? la de?composition, et qui me?me ne saurait se passer de la douleur et de l’angoisse comme signaux d’alarme ; du monde exte?rieur, capable de se de?chai?ner contre nous avec des forces e?normes, implacables et destructrices ; et enfin des relations avec d’autres e?tres humains. La souffrance provenant de cette dernie?re source, nous l’e?prouvons peut-e?tre plus douloureusement que toute autre ; nous avons tendance a? y voir une sorte de surcroi?t sans ne?cessite?, bien qu’elle ne soit sans doute pas moins fatalement ine?vitable que les souffrances d’autres origines. Il n’est pas surprenant que, sous la pression de ces possibilite?s de souffrance, les hommes aient coutume d’en rabattre sur leur revendication de bonheur. »
Freud, Malaise dans la civilisation (1930)

Les questions :



[A] - Questions d'analyse
1) Quelle est la différence entre le bonheur au sens strict et la prolongation d'une situation convoitée ?
2) Comment notre constitution limite-t-elle nos possibilités de bonheur ?
3) Quelles sont les trois sources de souffrance mentionnées dans le texte ?
4) Pourquoi la souffrance provenant des relations avec d'autres êtres humains est-elle souvent plus douloureuse que les autres ?

[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez en quoi la satisfaction soudaine de besoins accumulés peut être considérée comme le bonheur au sens strict.
2) En vous basant sur les éléments précédents, résumez l'idée principale du texte ainsi que les différentes sources de souffrance mentionnées.

[C] - Commentaire
1) Selon vous, pourquoi les hommes ont-ils tendance à réduire leurs revendications de bonheur face aux possibilités de souffrance ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, discutez de la notion de bonheur évoquée par Freud.

L'analyse :

Voici un exemple de commentaire linéaire du texte de freud : dans ce texte, freud s'interroge sur la possibilité du bonheur humain et sur les sources de la souffrance.

Il adopte une démarche analytique et critique, fondée sur l'observation psychologique et l'expérience historique.

Il distingue deux notions de bonheur : le bonheur au sens strict, qui est lié à la satisfaction immédiate des besoins, et le contentement, qui est lié à la stabilité d'une situation.

Il montre que le premier est éphémère et limité par notre constitution, tandis que le second est tiède et insatisfaisant.

Il expose ensuite les trois causes principales de la souffrance : le corps, le monde extérieur et les relations humaines.

Il souligne que la souffrance est inévitable et qu'elle nous fait renoncer à notre exigence de bonheur.

Il met ainsi en évidence le malaise existentiel qui caractérise la condition humaine.

Le texte se compose de deux paragraphes, qui correspondent à deux parties du raisonnement :

- la première partie (lignes 1 à 6) expose la thèse principale du texte : le bonheur au sens strict est impossible à atteindre de façon durable.

Freud définit le bonheur comme "la satisfaction plutôt soudaine de besoins accumulés" (l.

Il s'agit donc d'un état de plaisir intense, mais fugace, qui résulte du contraste entre une situation de manque et une situation d'abondance.

Freud utilise l'expression "par nature" (l.

2) pour indiquer que cette conception du bonheur relève d'un principe universel et nécessaire, qu'il nomme le "principe de plaisir" dans sa théorie psychanalytique.

Ce principe régit le fonctionnement du psychisme humain, qui tend à rechercher le plaisir et à éviter le déplaisir.

Freud oppose le bonheur au sens strict au "sentiment de tiède contentement" (l.

3) qui accompagne la prolongation d'une situation favorable.

Il s'agit d'un état de satisfaction modérée, mais stable, qui résulte de l'adaptation du psychisme à une réalité constante.

Freud utilise l'expression "nous sommes ainsi faits" (l.

3) pour indiquer que cette conception du contentement relève d'un fait empirique et contingent, qu'il nomme le "principe de réalité" dans sa théorie psychanalytique.

Ce principe régit l'ajustement du psychisme aux contraintes extérieures, qui implique un compromis entre le plaisir et le déplaisir.

Freud conclut que "nos possibilités de bonheur sont déjà limitées par notre constitution" (l.

Il s'agit d'une affirmation pessimiste, qui implique que le bonheur est incompatible avec la nature humaine.



- la deuxième partie (lignes 6 à 13) expose les conséquences de la thèse principale : la souffrance est omniprésente et nous fait renoncer au bonheur.

Freud énumère les trois sources principales de la souffrance : "notre propre corps" (l.

7), "le monde extérieur" (l.

8) et "les relations avec d'autres êtres humains" (l.

Il s'agit d'une classification exhaustive, qui couvre les trois dimensions de l'existence humaine : la dimension biologique, la dimension physique et la dimension sociale.

Freud décrit les caractéristiques de chaque source de souffrance : le corps est "destiné à la déchéance et à la décomposition" (l.

7) et ne peut se passer de "la douleur et de l'angoisse comme signaux d'alarme" (l.

7-8) ; le monde extérieur est "capable de se déchaîner contre nous avec des forces énormes, implacables et destructrices" (l.

8-9) ; les relations humaines sont source d'une souffrance "peut-être plus douloureusement que toute autre" (l.

11), car elles sont perçues comme "une sorte de surcroît sans nécessité" (l.

11-12), alors qu'elles sont "sans doute pas moins fatalement inévitable que les souffrances.