Ce texte de bergson met en lumiàùre l'idée que l'ignorance de soi peut être utile à l'action efficace. en effet, alors que notre esprit se sent étranger à notre personnalité, il se sent chez lui dans la matiàùre qui est familiàùre. ainsi, pour bien agir, notre esprit se tourne vers la connaissance de la matiàùre plutàït que vers une connaissance de soi spirituelle.
(1859-1941) Remet en question la vision selon laquelle l'histoire viserait un progrès dans les sciences. Il propose une nouvelle philosophie permettant d'analyser le contenu conscient de l'expérience immédiate.
intuitif/discursif
« Nous sommes inte?rieurs a? nous-me?mes, et notre personnalite? est ce que nous devrions le mieux connai?tre. Point du tout ; notre esprit y est comme a? l’e?tranger, tandis que la matie?re lui est familie?re et que, chez elle, il se sent chez lui. Mais c’est qu’une certaine ignorance de soi est peut-e?tre utile a? un e?tre qui doit s’exte?rioriser pour agir ; elle re?pond a? une ne?cessite? de la vie. Notre action s’exerce sur la matie?re, et elle est d’autant plus efficace que la connaissance de la matie?re a �t� pousse?e plus loin. Sans doute il est avantageux, pour bien agir, de penser a? ce qu’on fera, de comprendre ce qu’on a fait, de se repre?senter ce qu’on aurait pu faire : la nature nous y invite ; c’est un des traits qui distinguent l’homme de l’animal, tout entier a? l’impression du moment. Mais la nature ne nous demande qu’un coup d’ūil a? l’inte?rieur de nous-me?mes : nous apercevons bien alors l’esprit, mais l’esprit se pre?parant a? fac?onner la matie?re, s’adaptant par avance a? elle, se donnant je ne sais quoi de spatial, de ge?ome?trique, d’intellectuel. Une connaissance de l’esprit, dans ce qu’il a de proprement spirituel, nous e?loignerait plut�t du but. Nous nous en rapprochons, au contraire, quand nous e?tudions la structure des choses. Ainsi la nature de?tourne l’esprit de l’esprit, tourne l’esprit vers la matie?re. »
Bergson, De la position des proble?mes (1934)
[a] û questions dÆanalyse
1) En quoi consiste l'ignorance de soi dont parle l'auteur ?
2) Quelle est la différence entre l'esprit et la mati��re selon l'auteur ?
3) Quelles sont les raisons pour lesquelles l'auteur affirme que l'ignorance de soi peut être utile ?
4) Comment l'auteur explique-t-il que la connaissance de la mati��re est nécessaire pour une action efficace ?
[b] û éléments de synth��se
Voici un exemple de développement possible :
dans ce texte, bergson s'interroge sur la connaissance de soi et la connaissance de la matière, et il soutient que l'esprit humain est plus apte à connaître la seconde que la première.
Il développe son argumentation en trois temps :
- dans le premier paragraphe, il affirme que nous sommes intérieurs à nous-mêmes, mais que notre personnalité nous échappe, tandis que notre esprit se sent à l'aise avec la matière.
Il utilise le contraste entre l'intériorité et l'étrangeté, entre la familiarité et le point du tout, pour montrer que notre rapport à nous-mêmes est paradoxal et problématique.
Il suggère que cette ignorance de soi a une fonction adaptative, qu'elle répond à une nécessité de la vie.
- dans le deuxième paragraphe, il explique que notre action s'exerce sur la matière, et qu'elle est d'autant plus efficace que la connaissance de la matière est poussée plus loin.
Il utilise le lien de causalité entre connaissance et action, entre savoir et pouvoir, pour montrer que notre rapport à la matière est pragmatique et avantageux.
Il reconnaît que la nature nous invite à penser à ce que nous faisons, à comprendre ce que nous avons fait, à nous représenter ce que nous aurions pu faire, mais il précise que ce n'est qu'un coup d'£il à l'intérieur de nous-mêmes, qui ne nous révèle pas l'esprit dans sa pureté spirituelle.
- dans le troisième paragraphe, il conclut que la nature détourne l'esprit de l'esprit, tourne l'esprit vers la matière.
Il utilise l'antithèse entre l'esprit et la matière, entre le spirituel et le spatial, entre le géométrique et l'intellectuel, pour montrer que notre rapport à l'esprit est biaisé et limité.
Il implique que la connaissance de l'esprit, dans ce qu'il a de proprement spirituel, nous éloignerait plutôt du but de la vie, qui est l'action sur la matière.
Ainsi, bergson oppose deux types de connaissance : celle de soi, qui est difficile, obscure et inutile, et celle de la matière, qui est facile, claire et utile.
Il met en évidence les raisons qui font que l'esprit humain se tourne davantage vers la seconde que vers la première.
Il soulève ainsi le problème de la possibilité et de l'intérêt d'une connaissance de soi authentique.