Dans ce texte, rousseau met en évidence la nature insatiable des désirs de l'homme en société. alors que l'homme sauvage se contente du nécessaire, l'homme civilisé est constamment en quête de plus, accumulant richesses, pouvoir et esclaves, au détriment de la paix et du bonheur. ce texte dresse un portrait moral des aspirations secràùtes de l'homme civilisé.
(1712-1778) Repense les structures de la société et de l'éducation à son époque. Son effort philosophique vise à unifier sous une même pensée la relation qu'ont les hommes entre eux dans la société, l'effet de la société moderne sur ces derniers, et la source de cette relation.
contingent/nécessaire
« L'homme sauvage, quand il a dîné, est en paix avec toute la nature, et l'ami de tous ses semblables. S'agit-il quelquefois de disputer son repas ? Il n'en vient jamais aux coups sans avoir auparavant comparé la difficulté de vaincre avec celle de trouver ailleurs sa subsistance et comme l'orgueil ne se mêle pas du combat, il se termine par quelques coups de poing. Le vainqueur mange, le vaincu va chercher fortune, et tout est pacifié, mais chez l'homme en société, ce sont bien d'autres affaires ; il s'agit premièrement de pourvoir au nécessaire, et puis au superflu ; ensuite viennent les délices, et puis les immenses richesses, et puis des sujets, et puis des esclaves ; il n'a pas un moment de relâche. Ce qu'il y a de plus singulier, c'est que moins les besoins sont naturels et pressants, plus les passions augmentent, et, qui pis est, le pouvoir de les satisfaire ; de sorte qu'après de longues prospérités, après avoir englouti bien des trésors et désolé bien des hommes, mon héros finira par tout égorger jusqu'à ce qu'il soit l'unique maître de l'univers. Tel est en abrégé le tableau moral, sinon de la vie humaine, au moins des prétentions secrètes du cūur de tout homme civilisé. »
Rousseau
[A] - Questions d'analyse
1) Comment l'homme sauvage est-il décrit dans le texte ?
2) Quelle est la différence entre l'homme sauvage et l'homme en société en ce qui concerne la satisfaction de leurs besoins ?
3) Quelles sont les conséquences de l'augmentation des passions chez l'homme en société ?
4) Quelle est la prétention secr��te du c�oeur de tout homme civilisé selon l'auteur ?
[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Le vainqueur mange, le vaincu va chercher fortune, et tout est pacifié, mais chez l'homme en société, ce sont bien d'autres affaires."
2) Quelle est l'idée principale du texte et comment l'auteur développe-t-il son argumentation ?
[C] - Commentaire
1) Selon vous, l'homme en société est-il plus heureux que l'homme sauvage ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte de Rousseau, discutez de la nature humaine et de son influence sur la société.
Voici une possible analyse du texte de rousseau :
- le texte oppose deux états de l'homme : l'état de nature et l'état de société.
L'auteur cherche à montrer que l'homme sauvage est plus heureux et plus pacifique que l'homme civilisé, qui est dominé par des passions destructrices.
- dans le premier paragraphe, rousseau décrit l'homme sauvage comme un être qui vit au jour le jour, sans ambition ni orgueil, et qui se contente du nécessaire.
Il utilise des expressions comme "en paix avec toute la nature", "l'ami de tous ses semblables", "il se termine par quelques coups de poing" pour souligner la simplicité et l'harmonie de sa vie.
Il emploie aussi le mode indicatif pour présenter ses affirmations comme des faits avérés.
- dans le deuxième paragraphe, rousseau décrit l'homme en société comme un être qui ne cesse de multiplier ses besoins et ses désirs, et qui cherche à dominer les autres.
Il utilise des expressions comme "il s'agit premièrement de.
", "ensuite viennent.
", "et puis.
" pour marquer la progression et l'accumulation de ses exigences.
Il emploie aussi le mode subjonctif pour exprimer ses jugements de valeur, comme "ce qu'il y a de plus singulier", "qui pis est", "mon héros".
- dans le troisième paragraphe, rousseau conclut en dressant un bilan négatif de la civilisation, qui conduit à la violence et à la tyrannie.
Il utilise des expressions comme "après avoir englouti bien des trésors et désolé bien des hommes", "tout égorger", "l'unique maître de l'univers" pour dénoncer les conséquences funestes de l'avidité humaine.
Il emploie aussi le mode ironique pour se moquer du prétendu "héros" qui n'est en fait qu'un monstre.
- le texte vise donc à remettre en cause l'idée selon laquelle la société serait un progrès pour l'homme, et à défendre l'idée selon laquelle la nature serait un état plus conforme à sa véritable essence.
Rousseau invite ainsi le lecteur à réfléchir sur les origines et les fondements de l'inégalité entre les hommes, qui est le sujet de son ouvrage.