(1711 - 1776) David Hume, philosophe écossais du XVIIIe siècle, remet en question les fondements de la connaissance humaine. Il soutient que toute notre compréhension repose sur l'expérience sensorielle et nie l'existence de concepts innés. Son œuvre majeure explore la nature de la croyance, de la causalité et de la moralité.
abstrait/concret
« L'homme est un être raisonnable, et comme tel, c'est dans la science qu'il puise l'aliment, la nourriture qui lui conviennent : mais si étroites sont les bornes de l'entendement humain, que, sous ce rapport, il ne peut espérer que peu de satisfaction, soit de l'étendue, soit de la certitude des connaissances qu'il acquiert. L'homme est un être sociable autant qu'un être raisonnable : mais il ne lui est pas toujours donné d'avoir la jouissance d'une compagnie agréable et amusante ou de conserver lui-même son goût pour la société. L'homme est aussi un être actif ; et cette disposition, autant que les diverses nécessités de la vie humaine, fait de lui l'esclave de ses affaires et de ses occupations ; mais l'esprit demande qu'on lui donne un peu de relâche ; il ne peut rester constamment tendu vers les soucis et le travail. Il semble donc que la nature ait indiqué un genre de vie mixte comme le plus convenable à l'espèce humaine, et qu'elle nous ait en secret exhortés à ne laisser aucun de ces penchants tirer par trop de son côté, au point de nous rendre incapables d'autres occupations et d'autres divertissements. Abandonnez-vous à votre passion pour la science, dit-elle, mais que votre science soit humaine, et qu'elle ait un rapport direct avec l'action et la société. La pensée abstruse et les profondes recherches, je les interdis, et leur réserve de sévères punitions : la morne mélancolie qu'elles mènent à leur suite, l'incertitude sans fin où elles vous plongent, et l'accueil glacé qu'on réserve à vos prétendues découvertes, dès que vous les avez communiquées. Soyez philosophe : mais que toute votre philosophie ne vous empêche pas de rester homme. »
Hume
[A] - Questions d'analyse
1) Comment l'homme est-il décrit dans ce texte ?
2) Pourquoi l'entendement humain ne peut-il pas espérer une satisfaction compl��te dans la recherche de connaissances ?
3) Quel est le lien entre la sociabilité de l'homme et sa capacité à trouver une compagnie agréable et amusante ?
4) Comment la nature sugg��re-t-elle un genre de vie mixte pour l'homme ? Quels sont les penchants dont il faut se méfier ?
[B] - Éléments de synth��se
1) Que signifie l'injonction de la nature : "Abandonnez-vous à votre passion pour la science, mais que votre science soit humaine, et qu'elle ait un rapport direct avec l'action et la société" ?
2) En vous basant sur les éléments précédents, quel est le message principal que veut transmettre Hume dans ce texte et quelles sont les différentes parties de son argumentation ?
[C] - Commentaire
1) Selon Hume, comment peut-on concilier la passion pour la science et la nécessité de rester actif dans la société ?
Voici un possible développement de l'analyse du texte :
le texte de hume présente sa conception de la vie humaine, qui doit être un équilibre entre la raison, la société et l'action.
Il s'agit d'un texte argumentatif, qui vise à persuader le lecteur de suivre les conseils de la nature, qui nous a dotés de différents penchants.
Dans un premier temps, hume expose les limites de la raison humaine, qui ne peut nous procurer qu'une satisfaction limitée dans la science.
Il utilise pour cela des expressions négatives ("si étroites", "que peu", "ni.
Ni") et des comparaisons ("comme tel", "sous ce rapport") qui soulignent le contraste entre la nature raisonnable de l'homme et les obstacles qu'il rencontre dans la connaissance.
Il montre ainsi que la raison n'est pas suffisante pour assurer le bonheur de l'homme.
Dans un deuxième temps, hume met en avant le caractère sociable de l'homme, qui a besoin de compagnie et d'amusement.
Il emploie pour cela des termes positifs ("agréable", "amusante") et des modalisateurs ("il ne lui est pas toujours donné", "conserver") qui expriment le désir et la difficulté de maintenir des relations harmonieuses avec autrui.
Il montre ainsi que la société n'est pas toujours source de plaisir pour l'homme.
Dans un troisième temps, hume évoque le côté actif de l'homme, qui doit travailler pour subvenir à ses besoins.
Il utilise pour cela des termes négatifs ("esclave", "soucis", "relâche") et des oppositions ("mais", "ne peut") qui traduisent la contrainte et la fatigue que représente l'activité humaine.
Il montre ainsi que l'action n'est pas toujours épanouissante pour l'homme.
Dans un quatrième temps, hume propose une solution à ces problèmes, qui consiste à adopter un genre de vie mixte, qui respecte les différents penchants de la nature humaine.
Il utilise pour cela des termes positifs ("convenable", "exhortés") et des impératifs ("abandonnez-vous", "soyez") qui expriment le conseil et l'encouragement.
Il montre ainsi que l'homme peut trouver un équilibre entre la science, la société et l'action, à condition de ne pas se laisser dominer par un seul penchant.
Dans un cinquième temps, hume précise les conditions de cet équilibre, qui impliquent une science humaine, liée à l'action et à la société, et une philosophie modérée, qui ne nous fait pas perdre notre humanité.
Il utilise pour cela des subordonnées concessives ("mais que", "ne.
Pas") et des négations renforcées ("je les interdis", "je leur réserve") qui expriment la restriction et la sanction.
Il montre ainsi que l'homme doit rester conscient de ses limites et de ses besoins, sans se perdre dans des spéculations abstraites ou mélancoliques.
On peut conclure que le texte de hume est une invitation à vivre selon la nature, qui nous a donné des facultés diverses, mais aussi des limites.
Il s'agit d'un texte humaniste, qui valorise la raison, mais aussi les sentiments et les passions.
Il s'agit aussi d'un texte sceptique, qui critique les excès de la métaphysique et les prétentions à la certitude.
Il s'agit enfin d'un texte pragmatique, qui oriente la science vers l'utilité et le bien commun.