• Hobbes
L'illusion de l'universalité des noms
langage - vérité



L' auteur :

Hobbes

(1588-1679) Philosophe Contractualiste comme Locke et Rousseau ; selon eux le pouvoir politique serait issu d'un accord passé librement entre les hommes : un contrat social. Hobbes pense ce contrat à l'aune de ce qu'il y avait avant, « l'état de Nature ».

Le repère :

universel/général/particulier/singulier

Le texte :

« L'universalité d'un même nom donné à plusieurs choses est cause que les hommes ont cru que ces choses étaient universelles elles-mêmes, et ont soutenu sérieusement qu'outre Pierre, Jean et le reste des hommes existants qui ont été ou qui seront dans le monde, il devait encore y avoir quelqu'autre chose que nous appelons l'homme en général ; ils se sont trompés en prenant la dénomination générale ou universelle pour la chose qu'elle signifie. En effet lorsque quelqu'un demande à un peintre de lui faire la peinture d'un homme ou de l'homme en général, il ne lui demande que de choisir tel homme dont il voudra tracer la figure, et celui-ci sera forcé de copier un des hommes qui ont été, qui sont ou qui seront, dont aucun n'est l'homme en général. Mais lorsque quelqu'un demande à ce peintre de lui peindre le Roi ou toute autre personne particulière, il borne le peintre à représenter uniquement la personne dont il a fait choix. Il est donc évident qu'il n'y a rien d'universel que les noms… »
Hobbes

Les questions :



[A] - Questions d'analyse :
1) Comment est-ce que l'auteur explique l'erreur des hommes dans leur compréhension de l'universalité d'un nom donné à plusieurs choses ?
2) Quelle est la différence entre la dénomination générale ou universelle et la chose qu'elle signifie, selon l'auteur ?
3) Quelle analogie l'auteur utilise-t-il pour illustrer son point de vue sur la dénomination générale ou universelle ?
4) Comment est-ce que l'auteur définit l'universalité des noms dans ce texte ?

[B] - Éléments de synth��se :
1) Que signifie l'expression "il n'y a rien d'universel que les noms" dans le contexte du texte ?
2) En vous basant sur les éléments précédents, résumez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de l'argumentation de l'auteur.

[C] - Commentaire :
1) Selon Hobbes, est-ce que l'utilisation d'un nom universel est une erreur dans la compréhension des choses ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte de Hobbes, discutez de la relation entre les noms universels et la perception de la réalité.

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte de hobbes : hobbes s'interroge sur la nature des universaux, c'est-à-dire des concepts généraux qui désignent des classes d'objets ou de propriétés, comme l'homme, le rouge, le triangle, etc.

Il cherche à savoir si ces universaux ont une réalité objective, indépendante des choses particulières qui les exemplifient, ou s'ils ne sont que des noms communs que nous attribuons aux choses semblables.

Il commence par affirmer que l'universalité d'un même nom donné à plusieurs choses est cause que les hommes ont cru que ces choses étaient universelles elles-mêmes.

Il s'agit d'une critique du réalisme des universaux, qui soutient que les concepts généraux existent réellement, soit dans le monde sensible (réalisme modéré), soit dans un monde intelligible (réalisme platonicien).

Hobbes dénonce ici une confusion entre le langage et la réalité, entre le signifiant et le signifié.

Il pense que les hommes se sont trompés en prenant la dénomination générale ou universelle pour la chose qu'elle signifie.

Il s'oppose donc à l'idée qu'il y ait une essence commune à tous les hommes, par exemple, qui serait l'homme en général.

Il illustre ensuite son propos par un exemple tiré de la peinture.

Il dit que lorsque quelqu'un demande à un peintre de lui faire la peinture d'un homme ou de l'homme en général, il ne lui demande que de choisir tel homme dont il voudra tracer la figure, et celui-ci sera forcé de copier un des hommes qui ont été, qui sont ou qui seront, dont aucun n'est l'homme en général.

Il montre ainsi que l'artiste ne peut pas représenter un concept abstrait, mais seulement une chose concrète et singulière.

Il n'y a pas de modèle idéal de l'homme en général, mais seulement des individus particuliers qui partagent certains traits communs.

Hobbes oppose ce cas à celui où quelqu'un demande au peintre de lui peindre le roi ou toute autre personne particulière.

Il dit que dans ce cas, il borne le peintre à représenter uniquement la personne dont il a fait choix.

Il souligne ainsi la différence entre un nom propre et un nom commun : le premier désigne un individu unique et déterminé, le second désigne une multitude d'individus indéterminés.

Il conclut donc que rien n'est universel que les noms.

Il adopte ainsi une position nominaliste, qui réduit les universaux à des mots que nous utilisons pour classer les choses selon leurs ressemblances et leurs différences.

Il nie toute réalité objective aux concepts généraux, qui ne sont que des constructions de notre esprit et de notre langage.

Il affirme ainsi la primauté de l'individu sur l'espèce, de la singularité sur la généralité, du fait sur l'idée.