Kant défend l'idée que toute connaissance, même si son utilité peut nous échapper, a une valeur intrinsàùque et mérite d'être cultivée. il critique ceux qui ne voient l'utilité que dans le profit matériel et souligne que la satisfaction de la simple connaissance est plus grande que celle de son utilité. il affirme que la valeur de la connaissance réside dans la conscience de notre intelligence et dans la perception de notre propre valeur.
(1724-1804) Consacre toute son œuvre philosophique à établir les limites dans lesquelles la raison est légitime. Il va lutter contre les doctrines métaphysiques et recentrer la raison sur des connaissances plus certaines (mathématiques, physiques etc.)
contingent/nécessaire
« Il n'est point de connaissance qui soit superflue et inutile de façon absolue et à tous égards, encore que nous ne soyons pas toujours à même d'en apercevoir l'utilité. C'est par conséquent une objection aussi mal avisée qu'injuste que les esprits superficiels adressent aux grands hommes qui consacrent aux sciences des soins laborieux lorsqu'ils viennent demander : à quoi cela sert-il ? On ne doit en aucun cas poser une telle question quand on prétend s'occuper de science. A supposer qu'une science ne puisse apporter d'explication que sur un quelconque objet possible, de ce seul fait son utilité serait déjà suffisante. Toute connaissance parfaite a toujours quelque utilité possible : même si elle nous échappe jusqu'à présent, il se peut que la postérité la découvre. Si en cultivant les sciences on n'avait jamais mesuré l'utilité qu'au profit matériel qu'on pourrait retirer, nous n'aurions pas l'arithmétique et la géométrie. Aussi bien notre intelligence est ainsi conformée qu'elle trouve satisfaction dans la simple connaissance et même une satisfaction plus grande que dans l'utilité qui en résulte. L'homme y prend conscience de sa valeur propre ; il a la sensation de ce qui se nomme : avoir l'intelligence. Les hommes qui ne sentent pas cela doivent envier les bêtes. La valeur intrinsèque que les connaissances tiennent de leur perfection logique est incomparable avec leur valeur extrinsèque, qu'elles tirent de leur application. »
Kant
[A] - Questions d'analyse
1) Pourquoi les esprits superficiels posent-ils souvent la question "à quoi cela sert-il ?" aux grands hommes dévoués aux sciences ?
2) Quelle est l'objection que Kant soul��ve contre cette question ?
3) Quelle est la différence entre l'utilité absolue et l'utilité possible d'une connaissance ?
4) Selon Kant, pourquoi la simple connaissance peut-elle être satisfaisante en elle-même ?
[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Toute connaissance parfaite a toujours quelque utilité possible : même si elle nous échappe jusqu'à présent, il se peut que la postérité la découvre."
2) En utilisant les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les arguments de Kant en faveur de l'importance de la connaissance.
Dans ce texte, kant défend la valeur et l'utilité des sciences, même quand elles ne semblent pas avoir d'application pratique immédiate.
Il s'oppose ainsi à l'objection des "esprits superficiels" qui demandent "à quoi cela sert-il ?" et qui méconnaissent la dignité de la connaissance.
- il commence par affirmer qu'il n'existe pas de connaissance "superflue et inutile de façon absolue et à tous égards", c'est-à-dire qu'il n'y a pas de savoir qui soit sans intérêt ni valeur, quel que soit le point de vue adopté.
Il reconnaît cependant que nous ne sommes pas toujours capables de percevoir l'utilité d'une connaissance, ce qui implique qu'elle peut être cachée ou différée.
Il pose ainsi le principe d'une utilité universelle et potentielle de toute connaissance, qu'il va développer par la suite.
- il poursuit en critiquant l'objection des "esprits superficiels" qui demandent "à quoi cela sert-il ?" quand ils voient des "grands hommes" se consacrer aux sciences.
Il qualifie cette objection de "mal avisée" et d'"injuste", ce qui montre son mépris pour ceux qui la formulent.
Il explique que cette question n'a pas lieu d'être quand on prétend s'occuper de science, car elle révèle une ignorance du but et de la nature de la connaissance scientifique.
Il oppose ainsi deux attitudes face aux sciences : celle des "grands hommes" qui les cultivent pour elles-mêmes, et celle des "esprits superficiels" qui les réduisent à leur usage pratique.
- il enchaîne en donnant un argument pour justifier sa thèse : il dit que même si une science ne portait que sur un "objet possible", c'est-à-dire un objet qui n'existe pas réellement mais qui est concevable logiquement, elle aurait déjà une utilité suffisante.
Il s'appuie sur l'idée que toute connaissance parfaite, c'est-à-dire conforme aux règles de la logique, a toujours une utilité possible, même si elle nous échappe actuellement.
Il introduit ainsi la notion de postérité, qui peut découvrir des applications futures à des connaissances actuelles.
Il illustre son propos en prenant l'exemple de l'arithmétique et de la géométrie, qui sont des sciences abstraites mais qui ont permis de nombreux progrès techniques.
Il montre ainsi que l'utilité d'une science ne se mesure pas à son profit matériel immédiat, mais à sa valeur logique et à son potentiel d'application.
- il termine en affirmant que notre intelligence trouve plus de satisfaction dans la simple connaissance que dans l'utilité qui en résulte.
Il fait appel à la notion de dignité humaine, qui se manifeste dans la conscience de sa valeur propre et dans la sensation d'avoir l'intelligence.
Il oppose ainsi l'homme à l'animal, qui n'a pas cette capacité de connaître pour connaître.
Il conclut en affirmant que la valeur intrinsèque des connaissances, c'est-à-dire celle qu'elles tiennent de leur perfection logique, est incomparable avec leur valeur extrinsèque, c'est-à-dire celle qu'elles tirent de leur application.
Il exprime ainsi sa préférence pour la connaissance pure sur la connaissance appliquée.
J'espère que cet exemple vous a été utile.
Si vous avez d'autres questions sur le texte ou sur la méthode d'analyse, n'hésitez pas à me les poser.