Alain explore la notion de liberté d'opinion en soulignant la nécessité de ses limites dans une société civilisée. il met en lumiàùre l'équilibre entre les droits individuels et l'égalité des droits pour tous les citoyens, tout en remettant en question l'idée d'un droit sans limites dans un contexte social.
(1868-1951) Il effectue un mouvement de retour au Cartésianisme en niant l'inconscient Freudien, selon lui ce dernier doit être réduit aux pulsions du corps opposées à la rationalité de l'Esprit.
identité/égalité/différence
« La liberté des opinions ne peut être sans limites. Je vois qu'on la revendique comme un droit tantôt pour une propagande, tantôt pour une autre. Or, on comprend pourtant bien qu'il n'y a pas de droit sans limites ; cela n'est pas possible, à moins que l'on ne se place dans l'état de liberté et de guerre, où l'on peut bien dire que l'on se donne les droits, mais où, aussi, l'on ne possède que ceux que l'on peut maintenir par sa propre force. Mais dès que l'on fait société avec d'autres, les droits des uns et des autres forment un système équilibré ; il n'est pas dit du tout que tous auront tous les droits possibles ; il est dit seulement que tous auront les mêmes droits ; et c'est cette égalité des droits qui est sans doute la forme de la justice ; car les circonstances ne permettent jamais d'établir un droit tout à fait sans restriction ; par exemple il n'est pas dit qu'on ne barrera pas une rue dans l'intérêt commun ; la justice exige seulement que la rue soit barrée aux mêmes conditions pour tout le monde. Donc je conçois bien que l'on revendique comme citoyen, et avec toute l'énergie que l'on voudra y mettre, un droit dont on voit que les autres citoyens ont la jouissance. Mais vouloir un droit sans limites, cela sonne mal. »
Alain
[A] û Questions dÆanalyse
1) Comment l'auteur perçoit-il la liberté des opinions et quelles sont les limites qu'il évoque ?
2) Quelle distinction Alain fait-il entre l'état de liberté et de guerre et la vie en société en ce qui concerne les droits individuels ?
3) Selon Alain, quelle est la différence entre avoir tous les droits possibles et avoir les mêmes droits ?
4) Comment l'égalité des droits est-elle liée à la justice selon Alain ? Peut-il y avoir des restrictions justifiées ?
[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "la justice exige seulement que la rue soit barrée aux mêmes conditions pour tout le monde." en lien avec la notion de droits.
2) À partir des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte et les arguments qui la soutiennent.
[C] û Commentaire
1) Comment Alain aborde-t-il la revendication de droits en société ? Quelle est son opinion sur la recherche d'un droit sans limites ?
2) En vous basant sur vos connaissances et vos lectures, discutez de la validité des arguments d'Alain concernant les limites des droits en société.
Voici un exemple de commentaire linéaire du texte d'alain :
- le texte d'alain porte sur la question de la liberté des opinions, qu'il examine à la lumière du concept de droit et de ses limites.
Il s'agit d'un extrait d'un article intitulé "propos sur les pouvoirs" publié en 1925, dans le contexte de l'entre-deux-guerres où les idéologies se confrontent et où la démocratie est menacée.
- dans un premier temps, l'auteur affirme que la liberté des opinions ne peut être sans limites, et qu'elle ne peut être revendiquée comme un droit absolu par les différentes propagandes.
Il s'appuie sur un raisonnement par l'absurde, en montrant que si l'on admettait un tel droit sans limites, on se placerait dans un état de liberté et de guerre, où chacun ne pourrait compter que sur sa propre force pour faire valoir ses opinions.
Il s'agit donc d'une critique du relativisme moral, qui nie toute norme universelle et qui conduit à l'anarchie et à la violence.
L'auteur fait ici référence à la théorie du contrat social de hobbes, qui décrit l'état de nature comme un état de guerre de tous contre tous, où la vie est "solitaire, pauvre, méchante, brutale et courte".
- dans un deuxième temps, l'auteur oppose à cette conception du droit sans limites une conception du droit comme système équilibré, qui repose sur le principe de l'égalité des droits entre les membres d'une société.
Il explique que dès que l'on fait société avec d'autres, on accepte de renoncer à certains droits pour garantir la paix et la justice.
Il illustre son propos par l'exemple du droit de circuler, qui peut être restreint dans l'intérêt commun, à condition que la restriction s'applique également à tous.
Il s'agit donc d'une défense de la démocratie, qui repose sur le respect des lois communes et sur la participation des citoyens à leur élaboration.
L'auteur fait ici référence à la théorie du contrat social de rousseau, qui décrit la société comme une association volontaire où chacun obéit à la volonté générale, expression de l'intérêt commun.
- dans un troisième temps, l'auteur conclut en réaffirmant sa position : il conçoit bien que l'on revendique comme citoyen un droit dont on voit que les autres citoyens ont la jouissance, mais il rejette l'idée d'un droit sans limites, qui "sonne mal".
Il suggère ainsi que le droit sans limites est une contradiction dans les termes, qui va à l'encontre de la raison et de la morale.
Il invite donc les lecteurs à faire preuve de discernement et de responsabilité dans l'exercice de leur liberté des opinions, en respectant les limites imposées par le bien commun et par la justice.