• Alain
L'art de dompter la peur : une exploration philosophique
art - bonheur



Le contexte :

Alain dévoile un éclairage inédit sur la peur et son rapport avec l'art et l'action. à  travers l'exemple d'un pianiste, il explore la maniàùre dont l'expression artistique et l'exercice physique permettent de vaincre la peur. alain met en lumiàùre l'importance de l'action concràùte sur nos émotions, remettant en question l'idée que ce sont nos pensées qui nous libàùrent des passions.*

L' auteur :

Alain

(1868-1951) Il effectue un mouvement de retour au Cartésianisme en niant l'inconscient Freudien, selon lui ce dernier doit être réduit aux pulsions du corps opposées à la rationalité de l'Esprit.

Le repère :

expliquer/comprendre

Le texte :

« Comment expliquer qu'un pianiste, qui croit mourir de peur en entrant sur la scène, soit immédiatement guéri dès qu'il joue ? On dira qu'il ne pense plus alors à avoir peur, et c'est vrai ; mais j'aime mieux réfléchir plus près de la peur elle-même, et comprendre que l'artiste secoue sa peur et la défait par ces souples mouvements des doigts. Car, comme tout se tient en notre machine, les doigts ne peuvent se délier si la poitrine ne l'est aussi ; la souplesse, comme la raideur, envahit tout ; et, dans ce corps bien gouverné, la peur ne peut plus être. Le vrai chant et la vraie éloquence ne rassurent pas moins, par ce travail mesuré qui est alors imposé à tous les muscles. Chose remarquable et trop peu remarquée, ce n'est point la pensée qui nous délivre des passions, mais c'est plutôt l'action qui nous délivre. On ne pense point comme on veut, mais quand les actions sont assez familières, quand les muscles sont dressés et assouplis par gymnastique, on agit comme on veut. Dans les moments d'anxiété n'essayez point de raisonner, car votre raisonnement se tournera en pointes contre vous-même ; mais plutôt essayez ces élévations et flexions des bras que l'on apprend maintenant dans toutes les écoles ; le résultat vous étonnera. Ainsi le maître de philosophie vous renvoie au maître de gymnastique. »
Alain

Les questions :



[A] - Questions d'analyse
1) Comment l'artiste parvient-il à se débarrasser de sa peur lorsqu'il joue ?
2) Qu'est-ce qui envahit tout dans notre corps lorsque les doigts se délient ?
3) Quelle est la relation entre l'action et la pensée pour se délivrer des passions ?
4) Que conseille l'auteur pour faire face à l'anxiété ? Quels sont les résultats attendus ?

[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Le vrai chant et la vraie éloquence ne rassurent pas moins, par ce travail mesuré qui est alors imposé à tous les muscles."
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] - Commentaire
1) Selon l'auteur, qu'est-ce qui nous délivre des passions : la pensée ou l'action ? Justifiez votre réponse.

L'analyse :

Voici un exemple de développement possible : dans ce texte, alain s'interroge sur la manière dont l'action peut nous libérer de la peur, une passion qui nous paralyse et nous empêche de penser.

Il prend l'exemple du pianiste qui, en jouant, surmonte son angoisse de la scène.

Il analyse les causes et les effets de ce phénomène, et en tire une leçon générale sur le rapport entre le corps et l'esprit.



- il commence par poser une question qui éveille la curiosité du lecteur : comment expliquer qu'un pianiste, qui croit mourir de peur en entrant sur la scène, soit immédiatement guéri dès qu'il joue ? il s'agit d'un cas particulier qui illustre le problème général de la peur et de son remède.



- il propose ensuite une réponse qui repose sur l'observation des faits : le pianiste ne pense plus à avoir peur quand il joue, parce que ses doigts se délient et entraînent avec eux la détente de tout son corps.

Il montre ainsi que la peur est liée à une raideur physique qui empêche le mouvement, et que l'action inverse ce processus en créant de la souplesse.

Il utilise des termes concrets et imagés pour décrire ce phénomène : secouer, défait, envahit, bien gouverné.



- il généralise ensuite son analyse à d'autres formes d'expression artistique ou oratoire, comme le chant ou l'éloquence.

Il affirme que ces activités rassurent également par le travail mesuré qu'elles imposent aux muscles.

Il souligne ainsi que l'action n'est pas seulement un geste spontané, mais aussi un exercice réglé et maîtrisé, qui requiert de l'habitude et de la discipline.



- il en vient alors à sa thèse principale, qu'il énonce avec force : ce n'est point la pensée qui nous délivre des passions, mais c'est plutôt l'action qui nous délivre.

Il oppose ainsi deux modes de réaction face à la peur : le raisonnement, qui est inefficace et dangereux, car il peut se retourner contre nous ; et l'action, qui est efficace et bénéfique, car elle nous permet de contrôler notre corps et notre esprit.

Il utilise des termes négatifs pour dévaloriser la pensée (ne.

Point, n'essayez point) et des termes positifs pour valoriser l'action (délivre, agit comme on veut, étonnera).



- il termine par une recommandation pratique, qui vaut pour tous les moments d'anxiété : plutôt que de raisonner, il faut faire des exercices physiques qui assouplissent les muscles.

Il renvoie ainsi le lecteur à un autre type de savoir-faire, celui du maître de gymnastique.

Il conclut sur une note ironique, en montrant que le philosophe lui-même reconnaît les limites de sa discipline face aux passions.

Le texte d'alain a donc pour enjeu de nous faire réfléchir sur le pouvoir de l'action sur nos émotions, et sur la nécessité de prendre soin de notre corps pour mieux penser.

Il nous invite à ne pas nous laisser dominer par la peur, mais à la vaincre par des gestes simples et réguliers.

Il nous montre que la philosophie n'est pas seulement une affaire d'idées abstraites, mais aussi une pratique concrète qui implique tout notre être.