Dans ce texte, descartes remet en question l'importance accordée aux voyages et à la lecture des livres anciens. il souligne les dangers de passer trop de temps à s'intéresser au passé, au détriment du présent et de devenir étranger en son propre pays. descartes met également en garde contre les illusions et les déviations que peuvent engendrer les récits historiques et les fables.
(1596-1650) Est considéré comme le premier philosophe Moderne. Critique du contenu de l'enseignement de son temps, il décide de n'accepter que les vérités qui viennent de lui-même et rejeter toutes les croyances qui lui ont été enseignées.
croire/savoir
« Mais je croyais avoir déjà donné assez de temps aux langues, et même aussi à la lecture des livres anciens, et à leurs histoires, et à leurs fables. Car c'est quasi le même de converser avec ceux des autres siècles que de voyager. Il est bon de savoir quelque chose des mūurs de divers peuples, afin de juger des nôtres plus sainement, et que nous ne pensions pas que tout ce qui est contre nos modes soit ridicule et contre raison, ainsi qu'ont coutume de faire ceux qui n'ont rien vu. Mais lorsqu'on emploie trop de temps à voyager, on devient enfin étranger en son pays ; et lorsqu'on est trop curieux des choses qui se pratiquaient aux siècles passés, on demeure ordinairement fort ignorant de celles qui se pratiquent en celui-ci. Outre que les fables font imaginer plusieurs événements comme possibles qui ne le sont point ; et que même les histoires les plus fidèles, si elles ne changent ni n'augmentent la valeur des choses pour les rendre plus dignes d'être lues, au moins en omettent-elles presque toujours les plus basses et moins illustres circonstances, d'où vient que le reste ne paraît pas tel qu'il est, et que ceux qui règlent leurs mūurs par les exemples qu'ils en tirent sont sujets à tomber dans les extravagances des paladins de nos romans, et à concevoir des desseins qui passent leurs forces. »
Descartes
[a] - Questions d'analyse:
1) Comment l'auteur perçoit-il le fait de voyager et de converser avec les gens d'autres si��cles?
2) Pourquoi est-il important de connaître les coutumes des différents peuples?
3) Quels sont les probl��mes ou les conséquences liés à trop voyager ou à être trop curieux des si��cles passés, selon l'auteur?
4) Quelle est la différence entre les fables et les histoires dans leur capacité à représenter la réalité correctement, selon l'auteur?
[b] - Éléments de synth��se:
1) Expliquez la phrase: "Mais lorsqu'on emploie trop de temps à voyager, on devient enfin étranger en son pays ; et lorsqu'on est trop curieux des choses qui se pratiquaient aux si��cles passés, on demeure ordinairement fort ignorant de celles qui se pratiquent en celui-ci."
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[c] - Commentaire:
1) Selon vous, est-il préférable d'être ignorant de ce qui se passe dans le monde actuel ou de ne pas connaître l'histoire passé� Justifiez votre réponse.
Voici un exemple de commentaire linéaire du texte de descartes :
- dans ce texte, descartes expose les raisons pour lesquelles il a décidé de se détourner des langues, des livres anciens et des fables, qu'il considère comme des sources de connaissances insuffisantes ou trompeuses.
Il s'agit d'un extrait du discours de la méthode, publié en 1637, où le philosophe présente sa démarche rationnelle et personnelle pour atteindre la vérité.
- il commence par affirmer qu'il a déjà consacré assez de temps aux langues, qui lui ont permis de converser avec les auteurs des autres siècles, c'est-à-dire de s'instruire de leurs pensées et de leurs £uvres.
Il compare cette activité à celle de voyager, qui permet de connaître les m£urs des divers peuples.
Il reconnaît que ces deux pratiques ont un intérêt culturel et critique, car elles aident à relativiser les coutumes de son propre pays et à ne pas les prendre pour des normes universelles.
Il utilise pour cela l'expression "c'est quasi le même", qui montre une certaine analogie entre les deux expériences, ainsi que le verbe "converser", qui suggère une forme de dialogue avec les anciens.
- cependant, il oppose aussitôt à cet avantage un inconvénient majeur : le risque de perdre son identité et son rapport au présent.
Il emploie pour cela deux expressions négatives : "trop de temps" et "trop curieux", qui marquent un excès préjudiciable.
Il explique que si l'on voyage trop, on devient étranger en son pays, c'est-à-dire que l'on perd le sens de ses origines et de ses racines.
Il ajoute que si l'on s'intéresse trop aux choses du passé, on ignore celles du présent, c'est-à-dire que l'on se coupe de la réalité actuelle et des progrès accomplis.
Il utilise pour cela le verbe "demeurer", qui implique une stagnation et un immobilisme.
- enfin, il critique les fables et les histoires anciennes, qu'il accuse de fausser la représentation du monde et de l'homme.
Il affirme que les fables font imaginer des événements impossibles, qui éloignent du réel et induisent en erreur.
Il soutient que même les histoires les plus fidèles sont biaisées, car elles sélectionnent ou embellissent les faits pour les rendre plus intéressants à lire.
Il en résulte que le lecteur ne perçoit pas la vérité des choses, mais une version déformée ou incomplète.
Il utilise pour cela les verbes "changer", "augmenter" et "omettre", qui indiquent une altération du récit historique.
Il conclut que ceux qui se basent sur ces exemples pour régler leurs m£urs sont exposés à l'illusion et à la démesure, comme les héros romanesques qui se lancent dans des aventures irréalisables.
Il emploie pour cela le terme péjoratif d'"extravagances", qui désigne des comportements excessifs ou ridicules.
- ainsi, ce texte montre comment descartes rejette les sources traditionnelles de savoir, qu'il juge insatisfaisantes ou dangereuses pour la raison.
Il oppose à ces connaissances livresques ou empiriques sa propre méthode, fondée sur le doute et la démonstration logique.
Il affirme ainsi sa volonté de se libérer des préjugés et des autorités du passé, pour chercher la vérité par lui-même.