(1844-1900) Répond aux attaques faites à l'encontre de la philosophie à son époque : elle serait inutile et incertaine, contrairement aux nouvelles sciences expérimentales et humaines. Toute sa philosophie vise à contredire cette invective.
expliquer/comprendre
« Ramener quelque chose d'inconnu à quelque chose de connu, cela soulage, rassure, satisfait, et procure en outre un sentiment de puissance. Avec l'inconnu, c'est le danger, l'inquiétude, le souci qui apparaissent - le premier mouvement instinctif vise à éliminer ces pénibles dispositions. Premier principe : n'importe quelle explication vaut mieux que pas d'explication du tout. Comme au fond il ne s'agit que d'un désir de se débarrasser d'explications angoissantes, on ne se montre pas très exigeant sur les moyens de les chasser : la première idée par laquelle l'inconnu se révèle connu fait tant de bien qu'on la �oetient pour vraie”. La preuve du plaisir (ou de l'efficacité) comme critère de la vérité… Ainsi, l'instinct de causalité est provoqué et excité par le sentiment de crainte. Aussi souvent que possible le �oepourquoi ?” ne doit pas tant donner la cause pour elle-même qu'une certaine sorte de cause : une cause rassurante, qui délivre et soulage. »
Nietzsche
[A] û Questions dÆanalyse
1) Comment l'auteur décrit-il les réactions humaines face à l'inconnu ?
2) Quel est le r��le de l'explication selon Nietzsche dans ce texte ?
3) Comment l'instinct de causalité est-il lié au sentiment de crainte d'apr��s Nietzsche ?
4) En quoi l'auteur sugg��re-t-il que les gens acceptent souvent des explications même si elles ne sont pas vraies ?
[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Premier principe : n'importe quelle explication vaut mieux que pas d'explication du tout." Comment cela refl��te-t-il la réaction humaine face à l'inconnu ?
2) À partir des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] û Commentaire
1) Nietzsche sugg��re que les gens cherchent à éliminer l'inconnu pour soulager leurs craintes. Cela signifie-t-il que ceux qui acceptent des explications rassurantes sont moins libres que ceux qui recherchent la vérité, même si elle est angoissante ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances en philosophie, commentez la relation entre la quête de vérité et le besoin de réconfort évoquée dans le texte de Nietzsche.
- dans ce texte, nietzsche s'intéresse au fonctionnement de l'instinct de causalité, c'est-à-dire la tendance humaine à chercher des explications aux phénomènes inconnus ou mystérieux.
- il commence par affirmer que ramener l'inconnu au connu procure un soulagement, une satisfaction et un sentiment de puissance, car l'inconnu est source de danger, d'inquiétude et de souci.
Il s'agit donc d'un mécanisme psychologique qui vise à éliminer les émotions négatives liées à l'ignorance.
- il en déduit que le premier principe qui guide cet instinct est de trouver n'importe quelle explication plutôt que de rester sans réponse.
Il souligne ainsi le caractère irrationnel et arbitraire de cet instinct, qui ne se soucie pas de la validité ou de la véracité des explications, mais seulement de leur effet rassurant.
- il poursuit en affirmant que la preuve du plaisir (ou de l'efficacité) est le critère de vérité utilisé par cet instinct.
Il s'agit donc d'un critère subjectif et pragmatique, qui ne correspond pas à la réalité objective des choses, mais à leur utilité pour l'individu.
- il termine en précisant que le "pourquoi ?" ne cherche pas tant à connaître la cause réelle qu'une certaine sorte de cause : une cause rassurante, qui délivre et soulage.
Il montre ainsi que l'instinct de causalité est motivé par un besoin affectif et non par un souci intellectuel.
- le texte de nietzsche a pour enjeu de remettre en question la valeur épistémologique et morale de l'instinct de causalité, qui est souvent considéré comme une source de connaissance et de progrès.
Il dénonce le caractère illusoire et trompeur de cet instinct, qui repose sur des préjugés, des désirs et des peurs, et qui ne vise pas à découvrir la vérité, mais à se rassurer.
Il invite ainsi le lecteur à se méfier des explications faciles et satisfaisantes, et à adopter une attitude plus critique et plus rigoureuse face aux phénomènes inconnus.