• Alain
La vérité du cube invisible
vérité - langage



Le contexte :

à  travers une réflexion sur la perception et le langage, alain nous invite à  questionner la nature de la réalité. il souligne que la vérité d'un objet ne réside pas dans notre perception visuelle, mais dans notre capacité à  le comprendre et à  le représenter par le discours. ainsi, la réalité n'est pas une dualité entre le monde visible et invisible, mais une seule et unique vie.

L' auteur :

Alain

(1868-1951) Il effectue un mouvement de retour au Cartésianisme en niant l'inconscient Freudien, selon lui ce dernier doit être réduit aux pulsions du corps opposées à la rationalité de l'Esprit.

Le repère :

objectif/subjectif/intersubjectif

Le texte :

« Soit un cube de bois. Que je le voie ou que je le touche, on peut dire que j'en prends une vue, ou que je le saisis par un côté. Il y a des milliers d'aspects différents d'un même cube pour les yeux, et aucun n'est cube. Il n'y a point de centre d'où je puisse voir le cube en sa vérité. Mais le discours permet de construire le cube en sa vérité, d'où j'explique ensuite aisément toutes ces apparences, et même je prouve qu'elles devaient apparaître comme elles font […]. Retenons l'exemple facile du cube, de ce cube que nul ūil n'a vu et ne verra jamais comme il est, mais par qui seulement l'ūil peut voir un cube, c'est-à-dire le reconnaître sous ses diverses apparences. Et disons encore que, si je vois un cube, et si je comprends ce que je vois, il n'y a pas ici deux mondes, ni deux vies ; mais c'est un seul monde et une seule vie. Le vrai cube n'est ni loin ni près ni ailleurs ; mais c'est lui qui a toujours fait que ce monde visible est vrai et fut toujours vrai. »
Alain

Les questions :



[a] - Questions d'analyse
1) Comment l'auteur décrit-il la perception visuelle d'un cube ?
2) Quelle est l'importance du discours selon l'auteur ?
3) En quoi le discours permet-il de comprendre et expliquer les différentes apparences d'un cube ?
4) Quelle idée l'auteur exprime-t-il concernant la vérité du cube ?

[b] - Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Le vrai cube n'est ni loin ni pr��s ni ailleurs ; mais c'est lui qui a toujours fait que ce monde visible est vrai et fut toujours vrai."
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[c] - Commentaire
1) Selon vous, comment la perception de la réalité diff��re-t-elle entre la vue et la compréhension ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, discutez de la relation entre le discours et la construction de la réalité.

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte :

- le texte est un extrait de l'essai d'alain intitulé les idées et les ?ges, publié en 1927.

Il s'agit d'un texte philosophique qui traite de la question de la connaissance et de la relation entre le sensible et l'intelligible.



- le texte se compose de deux paragraphes.

Le premier présente un exemple concret pour illustrer la thèse de l'auteur, qui est que le discours permet de construire la vérité des choses, au-delà des apparences trompeuses.

Le second tire les conséquences de cet exemple et affirme qu'il n'y a pas de dualisme entre le monde visible et le monde intelligible, mais une unité fondée sur le vrai cube, qui est le principe de la connaissance.



- dans le premier paragraphe, l'auteur utilise le cube de bois comme un objet simple et familier, qui peut être perçu par les sens (la vue ou le toucher).

Il montre que la perception sensible ne suffit pas à saisir la vérité du cube, car elle varie selon les points de vue et ne donne jamais accès à sa forme géométrique parfaite.

Il oppose alors le discours, qui est la faculté de raisonner et de démontrer, à la perception sensible.

Le discours permet de construire le cube en sa vérité, c'est-à-dire de définir ses propriétés essentielles (six faces carrées, douze arêtes, huit sommets) et d'expliquer les variations des apparences selon les lois de la perspective.

L'auteur souligne ainsi le rôle du discours comme un instrument de connaissance, qui dépasse les limites du sensible et accède à l'intelligible.



- dans le second paragraphe, l'auteur tire les conséquences de son exemple et élargit sa réflexion à la question du rapport entre le monde visible et le monde intelligible.

Il rejette l'idée qu'il y aurait deux mondes ou deux vies distincts, l'un fondé sur la perception sensible et l'autre sur la raison.

Il affirme au contraire qu'il y a un seul monde et une seule vie, qui sont fondés sur le vrai cube.

Le vrai cube n'est pas un objet séparé du monde visible, mais c'est lui qui rend possible la vision et la compréhension du cube sous ses diverses apparences.

Le vrai cube est donc le principe de la connaissance, qui permet de reconnaître la vérité des choses dans le monde sensible.

L'auteur défend ainsi une conception unitaire et rationnelle du réel, qui s'oppose au scepticisme ou au relativisme.