• Leibniz
La source de nos vérités universelles
raison - conscience



L' auteur :

Leibniz

(1646-1716) Est avec Newton l'inventeur du calcul différentiel et infinitésimal : l'idée est que de très petits ordres de grandeurs, une fois additionnés, donnent des choses sensibles. Leibniz est un représentant du Rationalisme, attitude philosophique qui stipule qu

Le repère :

universel/général/particulier/singulier

Le texte :

« Cette considération fait encore connaître qu'il y une Lumière née avec nous. Car puisque les sens et les inductions  ne nous sauraient jamais apprendre des vérités tout à fait universelles, ni ce qui est absolument nécessaire, mais seulement ce qui est, et ce qui se trouve dans des exemples particuliers, et puisque nous connaissons cependant des vérités nécessaires et universelles des sciences, en quoi nous sommes privilégiés au-dessus des bêtes : il s'ensuit que nous avons tiré ces vérités en partie de ce qui est en nous. Ainsi peut-on y mener un enfant par de simples interrogations à la manière de Socrate, sans lui rien dire, et sans le rien faire expérimenter sur la vérité de ce qu'on lui demande. Et cela se pourrait pratiquer fort aisément dans les nombres, et autres matières approchantes. Je demeure cependant d'accord que, dans le présent état, les sens externes nous sont nécessaires pour penser, et que, si nous n'en avions eu aucun, nous ne penserions pas. Mais ce qui est nécessaire pour quelque chose, n'en fait point l'essence pour cela. L'air nous est nécessaire pour la vie, mais notre vie est autre chose que l'air. Les sens nous fournissent de la matière pour le raisonnement, et nous n'avons jamais des pensées si abstraites, que quelque chose de sensible ne s'y mêle ; mais le raisonnement demande encore autre chose que ce qui est sensible. »
Leibniz

Les questions :



[A] - Questions d'analyse
1. Comment Leibniz explique-t-il que les sens et les inductions ne peuvent pas nous apprendre des vérités universelles ?
2. Comment peut-on apprendre des vérités nécessaires et universelles selon Leibniz ?
3. Quelle est la différence entre ce qui est nécessaire pour quelque chose et son essence, selon Leibniz ?
4. Comment les sens nous aident-ils à raisonner, selon Leibniz ?

[B] - Éléments de synth��se
1. Que signifie la phrase "nous avons tiré ces vérités en partie de ce qui est en nous" ?
2. Quelle est l'idée principale de ce texte et quelles sont les étapes de l'argumentation de Leibniz ?

[C] - Commentaire
1. Pourquoi les sens sont-ils nécessaires pour penser, selon Leibniz ?
2. Le raisonnement demande-t-il autre chose que ce qui est sensible, selon Leibniz ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur le texte.

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte de leibniz :

- le texte est un extrait de la nouveaux essais sur l'entendement humain, un ouvrage où leibniz défend sa conception rationaliste de la connaissance contre l'empirisme de locke.

Le thème du texte est la source des vérités nécessaires et universelles, c'est-à-dire des propositions qui sont toujours et partout vraies, comme celles des mathématiques ou de la logique.



- le texte se compose de trois parties : la première va de "cette considération" à "ce qui est en nous", la deuxième va de "ainsi peut-on" à "approchantes", et la troisième va de "je demeure" à la fin du texte.



- dans la première partie, leibniz expose son argument principal : il y a une lumière née avec nous, c'est-à-dire une capacité innée de connaître les vérités nécessaires et universelles.

Il part d'une considération qui est le résultat d'un raisonnement précédent, où il a montré que les sens ne nous donnent que des connaissances particulières et contingentes, c'est-à-dire qui dépendent des circonstances et qui pourraient être autrement.

Il en déduit que les sens et les inductions, c'est-à-dire les généralisations à partir des cas observés, ne peuvent pas nous apprendre les vérités nécessaires et universelles, qui sont indépendantes des circonstances et qui ne peuvent pas être autrement.

Or, nous connaissons ces vérités dans les sciences, ce qui nous distingue des animaux qui n'ont que des connaissances sensibles.

Il faut donc que nous ayons une source interne de ces vérités, qui est la lumière née avec nous.

Leibniz utilise ici un raisonnement par l'absurde : si les sens ne peuvent pas nous apprendre les vérités nécessaires et universelles, et si nous les connaissons quand même, c'est qu'il y a une autre source de connaissance que les sens.

Il utilise aussi un argument d'autorité en citant socrate, le philosophe grec qui pratiquait la ma´eutique, c'est-à-dire l'art d'accoucher les esprits de leurs idées innées par le dialogue.



- dans la deuxième partie, leibniz illustre son argument par un exemple : on peut mener un enfant à découvrir les vérités nécessaires et universelles par de simples interrogations, sans lui rien dire ni lui faire expérimenter quoi que ce soit.

Il s'agit de lui faire prendre conscience de ce qu'il sait déjà en lui-même, sans avoir besoin de recourir aux sens.

Leibniz prend l'exemple des nombres et des matières approchantes, comme la géométrie ou l'arithmétique, qui sont des domaines où les vérités sont claires et distinctes, et où le raisonnement est déductif, c'est-à-dire qu'il part de principes évidents pour en tirer des conséquences nécessaires.

Leibniz utilise ici un argument par l'exemple, qui vise à rendre plus concret et plus persuasif son propos.



- dans la troisième partie, leibniz nuance son propos en reconnaissant que les sens externes nous sont nécessaires pour penser dans le présent état, c'est-à-dire dans notre condition humaine actuelle.

Il admet que si nous n'avions pas de sens, nous ne penserions pas, car nous n'aurions pas de matière pour le raisonnement.

Il précise aussi que nous n'avons jamais des pensées si abstraites que quelque chose de sensible ne s'y mêle.

Mais il maintient que le raisonnement demande encore autre chose que ce qui est sensible, c'est-à-dire la lumière née avec nous.

Il fait ici une distinction entre ce qui est nécessaire pour quelque chose et ce qui en fait l'essence.

Il prend l'exemple de l'air, qui est nécessaire pour la vie, mais qui n'est pas la vie elle-même.

Il en va de même pour les sens, qui sont nécessaires pour le raisonnement, mais qui n'en sont pas l'essence.

Leibniz utilise ici un raisonnement par analogie, qui vise à éclairer sa thèse par une comparaison avec un cas plus familier.