• Bachelard
L'histoire des sciences : comprendre sans juger ?
science - temps



Le contexte :

Dans ce texte, bachelard aborde la question de l'histoire des sciences et de sa relation avec le jugement. selon lui, l'objectif de cette discipline est de fournir un récit objectif des faits, mais aussi de démontrer le progràùs scientifique. ainsi, l'historien des sciences doit comprendre sans juger, mais aussi mettre en valeur le progràùs et éliminer les notions erronées du passé.

L' auteur :

Bachelard

(1884 - 1962) Philosophe et épistémologue du XXe siècle, s'intéresse à la philosophie de la science et de la connaissance. Il met en lumière le rôle de l'imaginaire dans la construction de la connaissance scientifique et philosophique, et comment notre perception de l'espace influence notre pensée et notre créativité.

Le repère :

objectif/subjectif/intersubjectif

Le texte :

« En histoire des sciences, il faut nécessairement comprendre, mais juger . Là est vraie plus qu'ailleurs cette opinion : �oeCe n'est que par la plus grande force du présent que doit être interprété le passé”. L'histoire des empires et des peuples a pour idéal, à juste titre, le récit objectif des faits ; elle demande à l'historien de ne pas juger et si l'historien impose les valeurs de son temps à la détermination des valeurs des temps disparus, on l'accuse, avec raison, de suivre le �oemythe du progrès”. Mais voici une différence évidente : pour la pensée scientifique, le progrès est démontré, il est démontrable, sa démonstration est même un élément pédagogique indispensable pour le développement de la culture scientifique. Autrement dit, le progrès est la dynamique même de la culture scientifique, et c'est cette dynamique que l'histoire des sciences doit écrire. Elle doit décrire en jugeant, en valorisant, en enlevant toute possibilité à un retour vers des notions erronées. L'histoire des sciences ne peut insister sur les erreurs du passé qu'à titre de repoussoir. »
Bachelard

Les questions :



[a] - questions d'analyse
1) Quelle est l'opinion de Bachelard sur la nécessité de comprendre et de juger en histoire des sciences ?
2) Quel est l'idéal de l'histoire des empires et des peuples selon Bachelard ?
3) Pourquoi accuse-t-on les historiens de suivre le "mythe du progr��s" s'ils imposent les valeurs de leur temps à l'interprétation des valeurs des temps disparus ?
4) Quelle est la différence entre la pensée scientifique et l'histoire des sciences en ce qui concerne le progr��s ?

[b] - éléments de synth��se
1) Que signifie l'affirmation de Bachelard : "Ce n'est que par la plus grande force du présent que doit être interprété le passé" ?
2) Quelle est la mission de l'histoire des sciences selon Bachelard et comment doit-elle accomplir cette mission ?

[c] - commentaire
1) Selon Bachelard, est-il légitime pour un historien de juger les valeurs du passé à la lumi��re des valeurs de son temps ? Justifiez votre réponse.

L'analyse :

Voici un exemple de commentaire linéaire du texte :

- le texte de bachelard porte sur la spécificité de l'histoire des sciences par rapport à l'histoire des empires et des peuples.

Il soutient que l'histoire des sciences doit nécessairement juger les faits passés à la lumière du présent, car la science progresse par la démonstration et la réfutation des erreurs.



- dans la première phrase, il pose sa thèse principale : "en histoire des sciences, il faut nécessairement comprendre, mais juger".

Il oppose ainsi deux verbes qui expriment deux attitudes différentes face au passé : comprendre, qui implique une empathie et une neutralité, et juger, qui implique une critique et une hiérarchie.

Il souligne le caractère nécessaire du jugement par l'adverbe "nécessairement" et par le point final qui clôt la phrase.

Il introduit ainsi le problème de la légitimité du jugement en histoire des sciences.



- dans la deuxième phrase, il cite une opinion qu'il partage : "ce n'est que par la plus grande force du présent que doit être interprété le passé".

Il s'agit d'une formule paradoxale qui affirme que le passé n'a de sens que par rapport au présent, et non pas en lui-même.

Il renforce cette idée par l'emploi de l'adverbe "que" qui marque l'exclusivité, et par le verbe "doit" qui exprime une obligation.

Il suggère ainsi que le présent est le critère ultime pour évaluer le passé, et non pas un biais à éviter.



- dans la troisième phrase, il compare l'histoire des sciences à l'histoire des empires et des peuples, qui a pour idéal "le récit objectif des faits".

Il oppose ainsi deux conceptions de l'histoire : l'une qui vise à restituer les faits tels qu'ils se sont produits, sans les juger ni les interpréter, et l'autre qui vise à les évaluer selon les critères du présent.

Il reconnaît la valeur de cette première conception pour l'histoire des empires et des peuples, en utilisant l'expression "à juste titre", qui marque son approbation.

Il montre aussi que cette conception repose sur le refus du "mythe du progrès", c'est-à-dire de l'idée que le présent serait forcément supérieur au passé.

Il critique ainsi implicitement ceux qui appliqueraient ce mythe à l'histoire des sciences, en les accusant de suivre une illusion.



- dans la quatrième phrase, il expose la différence essentielle entre l'histoire des sciences et l'histoire des empires et des peuples : "pour la pensée scientifique, le progrès est démontré, il est démontrable".

Il affirme ainsi que la science n'est pas fondée sur un mythe, mais sur une réalité vérifiable et rationnelle.

Il insiste sur le caractère évident de cette différence par l'adjectif "évidente", qui marque sa conviction.

Il souligne aussi le rôle de la démonstration dans la science, en répétant deux fois le verbe "démontrer" sous deux formes différentes : le participe passé et l'adjectif verbal.

Il montre ainsi que la science progresse par la preuve et non par l'opinion.



- dans la cinquième phrase, il tire les conséquences de sa thèse pour la pédagogie et la culture scientifique : "sa démonstration est même un élément pédagogique indispensable pour le développement de la culture scientifique".

Il explique ainsi que faire connaître le progrès scientifique implique de montrer comment il s'est réalisé, par quelles étapes et quelles méthodes.

Il renforce cette idée par l'emploi de l'adverbe "même", qui marque un dépassement, et par l'adjectif "indispensable", qui exprime une nécessité.

Il élargit aussi sa réflexion à la notion de culture scientifique, qui désigne l'ensemble des connaissances et des valeurs liées à la science.



- dans la sixième phrase, il reformule sa thèse en termes plus positifs : "autrement dit, le progrès est la dynamique même de la culture scientifique".

Il utilise une expression synonyme de "progrès" : "dynamique",.