(1859-1941) Remet en question la vision selon laquelle l'histoire viserait un progrès dans les sciences. Il propose une nouvelle philosophie permettant d'analyser le contenu conscient de l'expérience immédiate.
vrai/probable/certain
« Qu'est-ce qu'un jugement vrai ? Nous appelons vraie l'affirmation qui concorde avec la réalité. Mais en quoi peut consister cette concordance. Nous aimons à y voir quelque chose comme la ressemblance du portrait au modèle : l'affirmation vraie serait celle qui copierait la réalité. Réfléchissons-y cependant : nous verrons que c'est seulement dans des cas rares, exceptionnels, que cette définition du vrai trouve son application. Ce qui est réel, c'est tel ou tel fait déterminé s'accomplissant en tel ou tel point de l'espace et du temps, c'est du singulier, c'est du changeant. Au contraire, la plupart de nos affirmations sont générales et impliquent une certaine stabilité de leur objet. Prenons une vérité aussi voisine que possible de l'expérience, celle-ci par exemple : �oeLa chaleur dilate les corps”. De quoi pourrait-elle bien être la copie ? Il est possible, en un certain sens, de copier la dilatation d'un corps déterminé, en la photographiant dans ses diverses phases […]. Mais une vérité qui s'applique à tous les corps, sans concerner spécialement aucun de ceux que j'ai vus, ne copie rien, ne reproduit rien. »
Bergson
[A] - Questions d'analyse
1) Comment l'auteur définit-il la vérité dans ce texte ?
2) Quelle analogie l'auteur utilise-t-il pour expliquer la concordance avec la réalité ?
3) Pourquoi la définition du vrai en tant que copie de la réalité ne s'applique-t-elle que rarement selon l'auteur ?
4) Quelle est la différence entre les affirmations générales et les faits singuliers selon l'auteur ?
[B] - Éléments de synth��se
1) Que signifie l'affirmation selon laquelle une vérité générale ne copie rien ?
2) En vous basant sur les éléments précédents, résumez l'idée principale du texte et les étapes de l'argumentation de l'auteur.
[C] - Commentaire
1) Selon vous, la vérité peut-elle être définie uniquement comme la concordance avec la réalité ? Justifiez votre réponse.
Voici un exemple de développement possible :
dans ce texte, bergson s'interroge sur la nature du jugement vrai, c'est-à-dire de l'affirmation qui correspond à la réalité.
Il commence par examiner la définition courante du vrai, qui consiste à le concevoir comme une ressemblance entre le discours et les faits.
Il s'agit donc d'une conception mimétique du vrai, qui suppose que l'on puisse copier la réalité dans le langage.
Mais bergson va remettre en cause cette conception, en montrant qu'elle ne s'applique qu'à des cas très limités.
Il oppose en effet la réalité, qui est singulière et changeante, à la plupart de nos affirmations, qui sont générales et stables.
Il prend l'exemple d'une vérité scientifique, qui affirme que la chaleur dilate les corps.
Il montre que cette affirmation ne peut pas être la copie d'un fait particulier, puisqu'elle vaut pour tous les corps, quels qu'ils soient.
Elle ne reproduit donc pas la réalité, mais elle l'abstrait et la généralise.
Bergson met ainsi en évidence le caractère problématique de la définition mimétique du vrai.
Il suggère que le vrai n'est pas une simple reproduction de la réalité, mais une construction intellectuelle qui vise à rendre compte de la diversité et du mouvement des faits.
Il invite donc à repenser le rapport entre le langage et la réalité, entre le général et le singulier, entre le stable et le changeant.