Montesquieu souligne l'importance de l'union harmonieuse dans un état libre. selon lui, la tranquillité apparente dans une république peut être le signe de l'absence de liberté. il défend l
impossible/possible
« Demander, dans un État libre, des gens hardis dans la guerre et timides dans la paix, c'est vouloir des choses impossibles, et, pour règle générale, toutes les fois qu'on verra tout le monde tranquille dans un État qui se donne le nom de république, on peut être assuré que la liberté n'y est pas. Ce qu'on appelle union dans un corps politique est une chose très équivoque : la vraie est une union d'harmonie, qui fait que toutes les parties, quelque opposées qu'elles nous paraissent, concourent au bien général de la Société, comme des dissonances dans la musique concourent à l'accord total. Il peut y avoir de l'union dans un État où l'on ne croit voir que du trouble, c'est-à-dire une harmonie d'où résulte le bonheur, qui seul est la vraie paix. Il en est comme des parties de cet Univers, éternellement liées par l'action des unes et la réaction des autres. Mais, dans l'accord du despotisme asiatique, c'est-à-dire de tout gouvernement qui n'est pas modéré, il y a toujours une division réelle : le laboureur, l'homme de guerre, le négociant, le magistrat, le noble, ne sont joints que parce que les uns oppriment les autres sans résistance, et, si l'on y voit de l'union, ce ne sont pas des citoyens qui sont unis, mais des corps morts, ensevelis les uns auprès des autres. »
Montesquieu
[A] û Questions dÆanalyse
1) Comment Montesquieu caractérise-t-il les personnes recherchées dans un État libre pour maintenir l'équilibre entre la guerre et la paix ?
2) Selon l'auteur, pourquoi consid��re-t-on souvent qu'un État est en paix alors que la liberté y est absente ?
3) En quoi l'analogie entre l'union politique et l'harmonie musicale est-elle utilisée pour illustrer l'idée de Montesquieu ?
4) Quelle est la critique de Montesquieu envers l'union dans un gouvernement non modéré, tel que le despotisme asiatique, et comment cela se manifeste-t-il dans la société ?
[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez le sens de la phrase : "Ce qu'on appelle union dans un corps politique est une chose tr��s équivoque : la vraie est une union d'harmonie, qui fait que toutes les parties, quelque opposées qu'elles nous paraissent, concourent au bien général de la Société, comme des dissonances dans la musique concourent à l'accord total."
2) À partir des éléments précédents, dégagez la th��se principale du texte de Montesquieu et identifiez les étapes de son argumentation.
[C] û Commentaire
1) Montesquieu sugg��re-t-il que la tranquillité dans un État est toujours indicative de la perte de liberté ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et du texte de Montesquieu, analysez la relation entre l'union politique et la véritable paix dans une société.
- dans ce texte, montesquieu défend l'idée que la liberté politique implique une certaine agitation et une certaine opposition entre les citoyens, et non pas une union apparente fondée sur la soumission au pouvoir.
Il s'agit donc de remettre en question une conception fausse de la paix et de la république, qui serait celle du despotisme.
- pour cela, il commence par énoncer une contradiction entre deux qualités qu'on ne peut pas attendre des citoyens d'un état libre : être hardis dans la guerre et timides dans la paix.
Il suggère ainsi que la liberté exige un courage constant et une vigilance face aux abus du pouvoir, et non pas une résignation passive.
Il renforce son propos en affirmant, comme une règle générale, que la tranquillité générale dans un état qui se dit républicain est un signe que la liberté n'y est pas.
Il utilise donc un raisonnement par l'absurde pour dénoncer l'hypocrisie de certains régimes qui se prétendent libres alors qu'ils sont tyranniques.
- ensuite, il introduit une distinction entre deux sens du mot union, qui peut être trompeur.
Il oppose l'union d'harmonie, qui est celle qui fait le bien commun d'une société, à l'union du despotisme, qui est celle qui cache une oppression.
Il illustre cette opposition par deux comparaisons : la première est celle de la musique, où les dissonances contribuent à l'accord total, la seconde est celle de l'univers, où les parties sont liées par l'action et la réaction.
Il montre ainsi que l'union d'harmonie n'exclut pas la diversité ni le conflit, mais qu'elle les intègre dans un ordre supérieur, tandis que l'union du despotisme nie la différence et le mouvement, et impose une uniformité mortifère.
- enfin, il conclut en affirmant que l'accord du despotisme n'est pas une véritable union, mais une division réelle, où les différentes classes de la société ne sont pas solidaires, mais opprimées ou oppressives.
Il insiste sur le contraste entre les citoyens unis par l'harmonie et les corps morts ensevelis par le despotisme.
Il souligne ainsi le caractère inhumain et destructeur de ce dernier, et invite à préférer une liberté vivante et conflictuelle à une paix illusoire et mortelle.