• Lucrèce
L'origine du langage et son utilité
langage - nature



Le contexte :

Dans ce texte philosophique, lucràùce remet en question l'idée que le langage a été créé par un seul individu. il soutient que les sons du langage sont le résultat de la nature humaine et que les noms des choses ont émergé par nécessité. il souligne également que l'utilisation du langage entre les individus est essentielle pour en comprendre l'utilité.

L' auteur :

Lucrèce

Le repère :

origine/fondement

Le texte :

« Quant aux divers sons du langage, c'est la nature qui poussa les hommes à les émettre, et c'est le besoin qui fit naître les noms des choses : à peu près comme nous voyons l'enfant amené, par son incapacité même de s'exprimer avec la langue, à recourir au geste qui lui fait désigner du doigt les objets présents. Chaque être en effet a le sentiment de l'usage qu'il peut faire de ses facultés […]. Ainsi penser qu'alors un homme ait pu donner à chaque chose son nom, et que les autres aient appris de lui les premiers éléments du langage, est vraiment folie. Si celui-ci a pu désigner chaque objet par son nom, émettre les divers sons du langage, pourquoi supposer que d'autres n'auraient pu le faire en même temps que lui ? En outre, si les autres n'avaient pas également usé entre eux la parole, d'où la notion de son utilité lui est-elle venue ? […].. Enfin qu'y a-t-il de si étrange que le genre humain en possession de la voix et de la langue ait désigné suivant ses impressions diverses les objets par des noms divers ? Les troupeaux privés de la parole et même les espèces sauvages poussent bien des cris différents suivants que la crainte, la douleur ou la joie les pénètrent. »
Lucrèce

Les questions :



[A] - Questions d'analyse :
1. Pourquoi Lucr��ce pense-t-il que l'origine des sons du langage est naturelle ?
2. Quelle est la différence entre le besoin et la nature dans la création des noms des choses ?
3. Pourquoi Lucr��ce pense-t-il que l'idée selon laquelle un homme a pu donner un nom à chaque chose est une folie ?
4. Comment Lucr��ce explique-t-il l'émergence de la notion d'utilité de la parole ?

[B] - Éléments de synth��se :
1. Que veut dire Lucr��ce lorsqu'il dit que chaque être a le sentiment de l'usage qu'il peut faire de ses facultés ?
2. En quoi l'argument de Lucr��ce sur l'origine des noms des choses remet-il en question l'idée d'un créateur divin ?

[C] - Commentaire :
1. Pourquoi Lucr��ce pense-t-il que la nature est la source des sons du langage et des noms des choses ?

L'analyse :

Voici un possible développement de l'analyse du texte : dans ce texte, lucrèce expose sa thèse sur l'origine du langage, qu'il considère comme une production naturelle et collective des hommes, et non comme une invention d'un seul individu.

Il s'appuie pour cela sur plusieurs arguments et exemples, qu'il oppose à la thèse adverse.



- il commence par affirmer que les sons du langage sont émis par les hommes sous l'impulsion de la nature, et que les noms des choses sont nés du besoin de communiquer.

Il illustre cette idée par la comparaison avec l'enfant qui désigne du doigt les objets qu'il ne peut pas nommer.

Il s'agit donc de montrer que le langage est lié à la situation concrète et sensible des hommes, et non à une capacité abstraite ou rationnelle.

Le langage est ainsi présenté comme un moyen d'expression et d'action, et non comme un système de signes arbitraires.



- il poursuit en réfutant l'idée qu'un seul homme ait pu donner à chaque chose son nom, et que les autres aient appris de lui les premiers éléments du langage.

Il qualifie cette idée de "folie", et la rejette pour deux raisons : d'une part, il n'y a pas de raison de penser que cet homme ait eu un privilège ou une supériorité sur les autres, qui auraient pu faire la même chose que lui ; d'autre part, il n'y a pas de moyen de savoir comment cet homme a eu l'idée d'utiliser la parole, s'il n'avait pas déjà des interlocuteurs qui partageaient ce mode de communication avec lui.

Il s'agit donc de montrer que le langage est le résultat d'une interaction sociale et d'une convention collective, et non d'une imposition autoritaire ou d'une révélation divine.



- il termine en affirmant qu'il n'y a rien d'étrange à ce que les hommes aient désigné les objets par des noms différents selon leurs impressions diverses.

Il appuie cette idée par l'exemple des animaux, qui émettent des cris différents selon leurs émotions.

Il s'agit donc de montrer que le langage est une manifestation de la diversité et de la sensibilité des êtres vivants, et non une norme fixe ou une vérité universelle.

Le texte de lucrèce vise donc à défendre une conception naturaliste et relativiste du langage, qui s'oppose à une conception rationaliste et absolutiste.

Il cherche à faire comprendre que le langage est un phénomène contingent et variable, qui dépend des circonstances et des besoins des hommes, et non un phénomène nécessaire et immuable, qui découlerait d'un principe ou d'une essence.

Il invite ainsi à remettre en question les fondements et les limites du langage humain.