Dans ce texte, augustin explore les capacités de l'à¢me humaine et animale. il souligne que si les animaux peuvent également percevoir et se souvenir des objets corporels, l'à¢me humaine se distingue par sa capacité à évoquer, penser et composer des visions imaginaires, ainsi que par sa faculté de raisonner.
(354-430) Philosophe et théologien chrétien de l'Antiquité tardive, Saint Augustin a formulé des idées pour le christianisme occidental, notamment sur la grâce divine, le péché, la prédestination, et la relation entre la foi et la raison. Son œuvre "Les Confessions" est une exploration autobiographique de sa conversion au christianisme et de son cheminement spirituel.
médiat/immédiat
« Les animaux peuvent aussi sentir à l'extérieur les objets corporels, grâce à leurs sens, et s'en souvenir après les avoir fixés dans leur mémoire, désirer parmi eux ceux qui leur conviennent et éviter ceux qui leur nuisent. Mais reconnaître ceux-ci, retenir non seulement les souvenirs amassés naturellement, mais aussi ceux confiés volontairement à la mémoire, imprimer à nouveau en elle, par l'évocation et la pensée, ceux qui glissent peu à peu dans l'oubli (car, de même que la pensée se forme sur ce que contient la mémoire, de même ce qui est dans la mémoire est consolidé par la pensée) ; composer des visions imaginaires, en choisissant, et pour ainsi dire en cousant ensemble n'importe quels souvenirs ; voir comment, en ce genre de fictions, on peut distinguer le vraisemblable du vrai, tant dans le domaine spirituel que dans le domaine corporel ; tous ces phénomènes et ceux du même genre, même s'ils concernent et intéressent le sensible, et tout ce que l'âme tire des sens, font quand même appel à la raison, et ne sont pas le partage des bêtes comme le nôtre . »
Augustin
[a] - Questions d'analyse :
1) Quelles sont les capacités des animaux décrites dans le texte ?
2) Que signifie le fait que les animaux peuvent "fixer dans leur mémoire" les objets corporels ?
3) Comment les animaux peuvent-ils reconnaître les objets nuisibles et désirer ceux qui leur conviennent ?
4) Qu'est-ce que l'auteur veut dire en affirmant que la pensée consolide ce qui est dans la mémoire ?
[b] - Éléments de synth��se :
1) Expliquez la phrase : "de même que la pensée se forme sur ce que contient la mémoire, de même ce qui est dans la mémoire est consolidé par la pensée."
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[c] - Commentaire :
1) Pourquoi est-il important de distinguer le vraisemblable du vrai dans les fictions imaginaires composées par les animaux ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si les animaux ont une forme de raison similaire à celle des êtres humains.
Voici un exemple de développement possible :
dans ce texte, augustin compare les facultés de l'âme humaine et de l'âme animale, en se fondant sur l'observation des phénomènes psychiques liés au sensible.
Il distingue ainsi plusieurs opérations intellectuelles qui sont propres à l'homme et qui le différencient des bêtes.
- il commence par reconnaître que les animaux peuvent aussi sentir à l'extérieur les objets corporels, grâce à leurs sens, et s'en souvenir après les avoir fixés dans leur mémoire, désirer parmi eux ceux qui leur conviennent et éviter ceux qui leur nuisent.
Il admet donc que les animaux ont une certaine sensibilité, une mémoire et une volonté, qui leur permettent de se rapporter au monde extérieur et d'agir en fonction de leurs besoins et de leurs intérêts.
Il s'appuie sur l'expérience commune pour affirmer ces capacités animales, qui ne sont pas contestées par la tradition philosophique.
- mais il ajoute aussitôt que reconnaître ceux-ci, retenir non seulement les souvenirs amassés naturellement, mais aussi ceux confiés volontairement à la mémoire, imprimer à nouveau en elle, par l'évocation et la pensée, ceux qui glissent peu à peu dans l'oubli (car, de même que la pensée se forme sur ce que contient la mémoire, de même ce qui est dans la mémoire est consolidé par la pensée) ; composer des visions imaginaires, en choisissant, et pour ainsi dire en cousant ensemble n'importe quels souvenirs ; voir comment, en ce genre de fictions, on peut distinguer le vraisemblable du vrai, tant dans le domaine spirituel que dans le domaine corporel ; tous ces phénomènes et ceux du même genre, même s'ils concernent et intéressent le sensible, et tout ce que l'âme tire des sens, font quand même appel à la raison, et ne sont pas le partage des bêtes comme le nôtre.
Il oppose donc à la sensibilité animale une rationalité humaine, qui se manifeste par plusieurs activités spécifiques : la réflexion sur soi-même et sur ses souvenirs, la volonté de conserver ou de rappeler certains d'entre eux, la création d'images mentales à partir de la mémoire, le jugement sur la valeur de vérité ou de vraisemblance de ces images, tant sur le plan matériel que spirituel.
Il montre ainsi que l'homme est capable de se détacher du sensible immédiat pour accéder à un niveau supérieur de connaissance et d'imagination.
Il utilise pour cela des termes techniques empruntés à la philosophie antique, comme ratio (raison), verum (vrai), verisimile (vraisemblable), spiritualis (spirituel), corporalis (corporel).
- il conclut en affirmant que tous ces phénomènes et ceux du même genre [.
] ne sont pas le partage des bêtes comme le nôtre.
Il établit donc une différence radicale entre l'âme humaine et l'âme animale, fondée sur la présence ou l'absence de raison.
Il s'inscrit ainsi dans la tradition platonicienne et chrétienne, qui attribue à l'homme une dignité supérieure à celle des autres créatures.
Il souligne aussi le caractère singulier de son propos, en utilisant le pronom possessif noster (nôtre), qui renvoie à lui-même et à ses lecteurs.
On peut donc dire que ce texte est un argument en faveur de la spécificité de l'âme humaine par rapport à l'âme animale, basé sur l'analyse des facultés intellectuelles liées au sensible.
Augustin y montre sa connaissance des capacités animales, mais aussi sa capacité à les dépasser par la raison.
Il y exprime sa vision du monde et de l'homme, inspirée par la philosophie antique et la religion chrétienne.