Dans ce texte, rousseau explore la nature du mensonge et de la vérité. il souligne que mentir n'est considéré comme tromper que lorsque l'intention de nuire est présente, mais même sans cette intention, il est rare de garantir que le mensonge ne causera aucun préjudice. rousseau distingue également entre le mensonge pour son propre avantage, la calomnie et le mensonge sans conséquences, qui se rapproche de la fiction.
(1712-1778) Repense les structures de la société et de l'éducation à son époque. Son effort philosophique vise à unifier sous une même pensée la relation qu'ont les hommes entre eux dans la société, l'effet de la société moderne sur ces derniers, et la source de cette relation.
vrai/probable/certain
« Dire faux n'est mentir que par l'intention de tromper, et l'intention même de tromper loin d'être toujours jointe avec celle de nuire a quelquefois un but tout contraire. Mais pour rendre un mensonge innocent il ne suffit pas que l'intention de nuire ne soit pas expresse, il faut de plus la certitude que l'erreur dans laquelle on jette ceux à qui l'on parle ne peut nuire à eux ni à quelque personne en quelque façon que ce soit. Il est rare et difficile qu'on puisse avoir cette certitude ; aussi est-il difficile et rare qu'un mensonge soit parfaitement innocent. Mentir pour son avantage à soi-même est imposture, mentir pour nuire est calomnie ; c'est la pire espèce de mensonge. Mentir sans profit ni préjudice de soi ni d'autrui n'est pas mentir ; ce n'est pas mensonge, c'est fiction. »
Rousseau
[A] - Questions d'analyse
1) Quelle est la différence entre dire faux et mentir selon le texte ?
2) Quelle est la relation entre l'intention de tromper et l'intention de nuire dans le mensonge ?
3) Pourquoi est-il important que l'erreur dans laquelle on jette ceux à qui l'on parle ne puisse nuire à personne ?
4) Comment le texte définit-il un mensonge innocent ?
[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Mentir pour son avantage à soi-même est imposture, mentir pour nuire est calomnie ; c'est la pire esp��ce de mensonge."
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] - Commentaire
1) Selon vous, pourquoi est-il rare et difficile qu'un mensonge soit parfaitement innocent ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la fiction peut être considérée comme une forme de mensonge.
Voici un exemple de commentaire possible du texte :
dans ce texte, rousseau s'interroge sur la nature et les conditions du mensonge.
Il distingue plusieurs types de mensonge selon l'intention, le but et les conséquences de celui qui le profère.
Il cherche ainsi à définir les critères qui rendent un mensonge plus ou moins blâmable, voire innocent.
- dans la première phrase, il pose une première définition du mensonge : c'est dire faux avec l'intention de tromper.
Il souligne donc le rôle de la volonté dans l'acte de mentir, qui implique une dissimulation volontaire de la vérité.
Il exclut ainsi du mensonge les erreurs involontaires ou les opinions fausses sans malice.
- dans la deuxième phrase, il nuance sa définition en distinguant l'intention de tromper de l'intention de nuire.
Il reconnaît qu'il peut y avoir des mensonges qui visent un but contraire, c'est-à-dire un bienfait pour autrui ou pour soi-même.
Il suggère ainsi qu'il existe des cas où le mensonge peut être justifié par une bonne intention, comme par exemple pour éviter une souffrance inutile ou pour protéger quelqu'un.
- dans la troisième phrase, il précise les conditions qui rendent un mensonge innocent.
Il ne suffit pas que l'intention de nuire soit absente, il faut aussi que le mensonge n'ait aucune conséquence néfaste pour personne.
Il introduit donc le critère des effets du mensonge, qui doivent être évalués avec certitude.
Il reconnaît que cette certitude est rare et difficile à obtenir, ce qui implique que le mensonge innocent est lui aussi rare et difficile à pratiquer.
- dans la quatrième phrase, il classe les différents types de mensonge selon leur rapport à l'avantage ou au préjudice de soi ou d'autrui.
Il distingue ainsi l'imposture, qui est un mensonge égo´ste, de la calomnie, qui est un mensonge nuisible.
Il condamne ces deux formes de mensonge comme les plus blâmables.
Il oppose à ces deux formes le cas du mensonge sans profit ni préjudice, qu'il appelle fiction.
Il affirme que ce n'est pas vraiment un mensonge, car il n'implique ni tromperie ni malveillance.
On peut conclure que rousseau propose une analyse morale du mensonge, qui repose sur trois critères : l'intention, le but et les conséquences.
Il montre que le mensonge n'est pas toujours condamnable, mais qu'il doit être pratiqué avec prudence et discernement.
Il reconnaît aussi qu'il existe une forme de mensonge qui relève de l'imagination créatrice, et qui n'est pas contraire à la vérité.