• Bergson
La liberté de l'expression authentique du moi
liberté - art



Le contexte :

Dans ce texte, bergson explore la notion de liberté en lien avec notre personnalité et notre caractàùre. il affirme que nous sommes véritablement libres lorsque nos actions émanent de notre moi authentique et expriment notre personnalité de maniàùre indivisible. il souligne également que notre caractàùre peut évoluer, mais que ces changements doivent se fondre en nous pour être considérés comme authentiques et véritablement libres.

L' auteur :

Bergson

(1859-1941) Remet en question la vision selon laquelle l'histoire viserait un progrès dans les sciences. Il propose une nouvelle philosophie permettant d'analyser le contenu conscient de l'expérience immédiate.

Le repère :

identité/égalité/différence

Le texte :

« Nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité entière, quand ils l'expriment, quand ils ont avec elle cette indéfinissable ressemblance qu'on trouve parfois entre l'ūuvre et l'artiste. En vain on alléguera que nous cédons alors à l'influence toute-puissante de notre caractère. Notre caractère, c'est encore nous ; et parce qu'on s'est plu à scinder la personne en deux parties pour considérer tour à tour, par un effort d'abstraction, le moi qui sent ou pense et le moi qui agit, il y aurait quelque puérilité à conclure que l'un des deux moi pèse sur l'autre. Le même reproche s'adressera à ceux qui demandent si nous sommes libres de modifier notre caractère. Certes, notre caractère se modifie insensiblement tous les jours, et notre liberté en souffrirait, si ces acquisitions nouvelles venaient se greffer sur notre moi et non pas se fondre en lui. Mais dès que cette fusion aura lieu, on devra dire que le changement survenu dans notre caractère est bien nôtre et que nous nous le sommes approprié. En un mot, si l'on convient d'appeler libre tout acte qui émane du moi, et du moi seulement, l'acte qui porte la marque de notre personne est véritablement libre, car notre moi seul en revendiquera la paternité. »
Bergson

Les questions :



[a] - Questions d'analyse :
1) Quelle est la condition pour que nos actes soient considérés comme libres selon le texte ?
2) Comment l'auteur décrit-il la relation entre nos actes et notre personnalité ?
3) Quelle est la signification de l'expression "indéfinissable ressemblance" dans le texte ?
4) Quelle est la critique de l'auteur envers ceux qui affirment que notre caract��re influence notre liberté d'action ?

[b] - Éléments de synth��se :
1) Expliquez le sens de la phrase "nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité enti��re".
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[c] - Commentaire :
1) Que pensez-vous de l'idée développée par l'auteur selon laquelle la véritable liberté réside dans le fait que nos actes expriment notre personnalité ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la liberté de modifier notre caract��re remet en question notre capacité à être véritablement libres.

L'analyse :

Voici un possible développement de l'analyse du texte : le texte de bergson porte sur la notion de liberté et cherche à définir ce qui fait qu'un acte est libre.

Il s'oppose à deux objections qui remettent en cause la liberté humaine : l'influence du caractère et la possibilité de modifier son caractère.

Dans la première partie du texte, bergson affirme que nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité entière, c'est-à-dire quand ils expriment notre moi profond, notre essence, notre individualité.

Il illustre cette idée en comparant l'acte libre à l'£uvre d'art qui reflète la personnalité de l'artiste.

Il utilise le terme d'"indéfinissable ressemblance" pour souligner le caractère unique et irrationnel de cette expression de soi.

Il réfute ensuite l'objection selon laquelle nous ne serions pas libres parce que nous cédons à l'influence de notre caractère, qui serait une force extérieure à nous.

Il conteste cette vision dualiste qui sépare le moi en deux parties : le moi qui sent ou pense et le moi qui agit.

Il affirme que notre caractère, c'est encore nous, c'est-à-dire qu'il fait partie intégrante de notre personnalité et qu'il n'exerce pas de contrainte sur nous.

Il qualifie de "puérilité" cette façon de raisonner qui confond la distinction analytique entre les aspects du moi et la réalité concrète du moi.

Dans la deuxième partie du texte, bergson répond à une autre objection qui consisterait à dire que nous ne sommes pas libres parce que nous ne pouvons pas modifier notre caractère.

Il reconnaît que notre caractère se modifie insensiblement tous les jours, mais il affirme que cela n'affecte pas notre liberté si ces changements se fondent en nous et non pas se greffent sur nous.

Il explique que cela signifie que nous nous approprions ces changements, que nous les intégrons à notre personnalité, que nous les faisons nôtres.

Il conclut en résumant sa thèse : si l'on convient d'appeler libre tout acte qui émane du moi, et du moi seulement, l'acte qui porte la marque de notre personne est véritablement libre, car notre moi seul en revendiquera la paternité.

L'enjeu du texte est donc de montrer que la liberté n'est pas une indépendance absolue par rapport à tout déterminisme, mais une expression authentique de soi-même, une cohérence entre ce que l'on est et ce que l'on fait.

Bergson défend ainsi une conception existentielle et morale de la liberté, qui implique une responsabilité et une créativité.