Kant remet en question le principe selon lequel l'état a le droit de mener ses sujets à la guerre, en faisant une distinction entre les animaux domestiques et les êtres humains. selon lui, les citoyens doivent toujours être considérés comme des membres actifs de l'état et doivent donner leur consentement librement pour chaque déclaration de guerre, condition nécessaire pour que l'état puisse les engager dans ce service périlleux.
(1724-1804) Consacre toute son œuvre philosophique à établir les limites dans lesquelles la raison est légitime. Il va lutter contre les doctrines métaphysiques et recentrer la raison sur des connaissances plus certaines (mathématiques, physiques etc.)
en fait/en droit
« De même que l'on peut dire des plantes (par exemple, des pommes de terre) et des animaux domestiques, dans la mesure où, du point de vue de leur abondance, ils constituent l'ūuvre de l'homme, qu'on est en droit de les utiliser, de les exploiter et de les consommer (de les faire abattre), de même, semble-t-il, on pourrait dire aussi du pouvoir suprême de l'État, du souverain, qu'il a le droit de mener ses sujets, qui sont, pour la plus grande part, son propre produit, à la guerre comme à une chasse et à une bataille rangée comme à une partie de plaisir. En fait, ce principe juridique […] possède certes une validité en ce qui concerne les animaux, lesquels peuvent être une propriété de l'homme, mais ne peut en revanche en aucune manière s'appliquer à l'homme, notamment en tant que citoyen, lequel doit toujours être considéré dans l'État comme un membre qui participe à l'activité législatrice (non seulement comme moyen, mais en même temps aussi comme fin en soi) et doit donc donner son libre consentement, par l'intermédiaire de ses représentants, non seulement à la guerre en général, mais aussi à chaque déclaration de guerre particulière - condition limitative sous laquelle seulement l'État peut disposer de lui pour ce périlleux service. »
Kant
[A] û Questions dÆanalyse
1) Quelle analogie Kant établit-il entre les plantes et les animaux domestiques d'une part, et le pouvoir suprême de l'État d'autre part ?
2) Pourquoi Kant affirme-t-il que le pouvoir suprême de l'État ne peut pas être appliqué de la même mani��re à l'homme que aux animaux ?
3) Comment Kant définit-il le r��le du citoyen dans l'État ?
4) En quoi la participation du citoyen à l'activité législatrice est-elle un élément crucial selon Kant ?
[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la signification de la phrase : "on peut dire du pouvoir suprême de l'État, du souverain, qu'il a le droit de mener ses sujets, qui sont, pour la plus grande part, son propre produit, à la guerre comme à une chasse et à une bataille rangée comme à une partie de plaisir."
2) À partir des informations précédentes, dégagez l'idée principale du texte et identifiez les étapes de l'argumentation de Kant.
[C] û Commentaire
1) Kant affirme que le principe juridique qui autorise le souverain à utiliser ses sujets pour la guerre ne peut s'appliquer à l'homme en tant que citoyen. Partagez-vous cette opinion ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si Kant défend une vision de l'État qui respecte les droits et la dignité des citoyens.
Voici une possible analyse du texte de kant :
dans ce texte, kant compare le statut des plantes, des animaux domestiques et des citoyens dans l'état, et examine le droit du souverain de les utiliser pour la guerre.
Il distingue trois étapes dans son raisonnement :
- dans la première phrase, il expose le principe juridique selon lequel l'homme peut disposer librement de ce qu'il a produit ou cultivé, comme les plantes ou les animaux domestiques.
Il peut donc les exploiter, les consommer ou les faire abattre selon son bon vouloir.
Il suggère que ce principe pourrait s'appliquer aussi au souverain, qui aurait le droit de mener ses sujets à la guerre comme à une chasse ou à une partie de plaisir, puisque ceux-ci sont en grande partie son £uvre.
Il utilise pour cela une comparaison (½ de même que ?, ½ de même, semble-t-il ?) et des parenthèses qui indiquent la condition (½ dans la mesure où ?, ½ du point de vue de ?) et la conséquence (½ on est en droit de ?) de ce principe.
- dans la deuxième phrase, il réfute ce principe en montrant qu'il n'est valable que pour les animaux, qui peuvent être la propriété de l'homme, mais pas pour l'homme lui-même, qui ne peut être réduit à un objet.
Il oppose pour cela deux expressions (½ en fait ? / ½ en revanche ?) et deux termes (½ animaux ? / ½ homme ?).
Il précise ensuite que l'homme doit être considéré comme un citoyen, c'est-à-dire comme un membre actif de l'état qui participe à la législation et qui a une fin en soi.
Il utilise pour cela des termes juridiques (½ état ?, ½ législatrice ?, ½ consentement ?, ½ représentants ?) et une formule kantienne (½ non seulement comme moyen, mais en même temps aussi comme fin en soi ?).
- dans la troisième phrase, il tire la conséquence de sa réfutation : le souverain ne peut disposer des citoyens pour la guerre que sous leur consentement libre et éclairé, exprimé par leurs représentants.
Il pose ainsi une condition limitative au pouvoir du souverain, qui doit respecter la volonté des citoyens.
Il utilise pour cela des termes qui marquent la restriction (½ condition limitative ?, ½ seulement ?) et la spécification (½ non seulement à la guerre en général, mais aussi à chaque déclaration de guerre particulière ?).
L'enjeu de ce texte est donc de défendre la dignité et l'autonomie des citoyens face au pouvoir arbitraire du souverain, et de promouvoir une conception démocratique de l'état.
Kant s'inscrit ainsi dans le courant des lumières, qui revendiquent les droits de l'homme et du citoyen.
Il contribue aussi à sa réflexion sur la paix perpétuelle, en posant les conditions d'une guerre juste et limitée.