Henri bergson explore la différence fondamentale entre le langage humain et le langage instinctif des animaux. il met en lumiàùre la capacité unique du langage humain à permettre la mobilité des signes, soulignant que les mots peuvent se déplacer d'un objet à un autre, offrant ainsi une flexibilité infinie dans la communication humaine, contrairement aux signes fixes des animaux. cette mobilité des signes est un élément central de la nature du langage humain.
(1859-1941) Remet en question la vision selon laquelle l'histoire viserait un progrès dans les sciences. Il propose une nouvelle philosophie permettant d'analyser le contenu conscient de l'expérience immédiate.
identité/égalité/différence
« Si […] les fourmis, par exemple, ont un langage, les signes qui composent ce langage doivent être en nombre bien déterminé, et chacun d'eux rester invariablement attaché, une fois l'espèce constituée, à un certain objet ou à une certaine opération. Le signe est adhérent à la chose signifiée. Au contraire, dans une société humaine, la fabrication et l'action sont de forme variable, et, de plus, chaque individu doit apprendre son rôle, n'y étant pas prédestiné par sa structure. Il faut donc un langage qui permette, à tout instant, de passer de ce qu'on sait à ce qu'on ignore. Il faut un langage dont les signes - qui ne peuvent pas être en nombre infini - soient extensibles à une infinité de choses. Cette tendance du signe à se transporter d'un objet à un autre est caractéristique du langage humain. On l'observe chez le petit enfant, du jour où il commence à parler. Tout de suite, et naturellement, il étend le sens des mots qu'il apprend, profitant du rapprochement le plus accidentel ou de la plus lointaine analogie pour détacher et transporter ailleurs le signe qu'on avait attaché devant lui à un objet. �oeN'importe quoi peut désigner n'importe quoi”, tel est le principe latent du langage enfantin. On a eu tort de confondre cette tendance avec la faculté de généraliser. Les animaux eux-mêmes généralisent, et d'ailleurs un signe, fût-il instinctif, représente toujours, plus ou moins, un genre. Ce qui caractérise les signes du langage humain, ce n'est pas tant leur généralité que leur mobilité. Le signe instinctif est un signe adhérent, le signe intelligent est un signe mobile. »
Bergson
[a] û questions dÆanalyse
1) Pourquoi l'auteur fait-il référence aux fourmis pour introduire son argumentation sur le langage humain ?
2) Expliquez la différence entre un signe adhérent et un signe mobile selon l'auteur.
3) Qu'est-ce que l'auteur entend par "langage dont les signes soient extensibles à une infinité de choses" ?
4) Comment l'auteur explique-t-il la tendance du signe à se transporter d'un objet à un autre dans le langage humain ?
[b] û éléments de synth��se
1) En vous basant sur les explications de l'auteur, résumez en une phrase le principe du langage humain par rapport à la représentation des objets.
2) Quelle est l'idée principale du texte et quelles sont les étapes de l'argumentation de l'auteur pour soutenir cette idée ?
[c] û commentaire
1) Pourquoi l'auteur affirme-t-il que la faculté de généraliser ne caractérise pas spécifiquement le langage humain ?
2) À la lumi��re de vos connaissances en linguistique et en psychologie cognitive, et en tenant compte du texte, expliquez dans quelle mesure vous êtes d'accord avec l'argumentation de l'auteur sur le langage humain.
Voici une possible analyse du texte :
dans ce texte, bergson compare le langage des fourmis et le langage humain, pour montrer en quoi ce dernier est caractérisé par la mobilité des signes.
Il procède en trois étapes :
- dans la première phrase, il expose l'hypothèse d'un langage chez les fourmis, et il affirme que ce langage serait composé de signes fixes et limités, correspondant à des objets ou des actions déterminés.
Le signe est adhérent à la chose signifiée, c'est-à-dire qu'il ne peut pas changer de sens ni s'appliquer à autre chose.
Il s'agit donc d'un langage instinctif, adapté à une société où les rôles sont prédéfinis par la structure biologique des individus.
- dans la deuxième phrase, il oppose le langage humain, qui doit répondre à des besoins différents : la fabrication et l'action sont de forme variable, et chaque individu doit apprendre son rôle, au lieu de le recevoir tout fait.
Il faut donc un langage qui permette de passer de ce qu'on sait à ce qu'on ignore, c'est-à-dire de communiquer des informations nouvelles, de transmettre des connaissances, de résoudre des problèmes.
Il faut un langage dont les signes puissent s'appliquer à une infinité de choses, même s'ils ne sont pas en nombre infini.
Il s'agit donc d'un langage intelligent, adapté à une société où les individus sont libres et créatifs.
- dans la troisième phrase, il illustre cette caractéristique du langage humain par l'exemple du langage enfantin, qui montre une tendance naturelle à étendre le sens des mots qu'il apprend, en profitant de tout rapprochement ou analogie pour détacher et transporter ailleurs le signe qu'on avait attaché à un objet.
Il précise que cette tendance n'est pas à confondre avec la faculté de généraliser, qui existe aussi chez les animaux et qui consiste à représenter un genre par un signe.
Ce qui distingue les signes du langage humain, c'est leur mobilité, c'est-à-dire leur capacité à changer de sens et à s'adapter à des situations nouvelles.
Le signe intelligent est un signe mobile.
L'enjeu de ce texte est de définir le propre du langage humain, en le distinguant du langage animal.
Bergson veut montrer que le langage humain n'est pas seulement un outil de communication, mais aussi un outil de connaissance et d'action.
Il veut aussi souligner que le langage humain est lié à la liberté et à la créativité des individus, qui ne sont pas enfermés dans des rôles prédéterminés.
Il veut enfin mettre en valeur la richesse et la diversité du langage humain, qui peut exprimer une infinité de choses avec un nombre limité de signes.