• Cournot
La philosophie, une faculté de l'intelligence distincte de la science
langage - science



Le contexte :

Cournot explique que la philosophie se distingue de la science par sa nature propre. contrairement à  la science, qui se transmet de maniàùre identique par l'enseignement et les livres, la philosophie reste personnelle et nécessite que chacun se forge sa propre pensée. bien qu'elle soit moins influencée par les formes du langage que la pensée poétique, la philosophie en dépend encore, contrairement à  la science qui peut être transmise sans modification d'un idiome à  l'autre.

L' auteur :

Cournot

(1801 - 1877) Antoine Augustin Cournot, économiste et mathématicien français du XIXe siècle, philosophe de la science économique. Il se démarque en introduisant des concepts mathématiques dans l'analyse économique, jetant ainsi les bases de l'économie mathématique moderne.

Le repère :

objectif/subjectif/intersubjectif

Le texte :

« La philosophie ne peut être rapprochée de la science, en ce sens qu'elle en formerait, soit le premier, soit le dernier échelon. C'est le produit d'une autre faculté de l'intelligence, qui, dans la sphère de son activité, s'exerce et se perfectionne suivant un mode qui lui est propre. C'est aussi quelque chose de moins impersonnel que la science. La science se transmet identiquement par l'enseignement oral et dans les livres ; elle devient le patrimoine commun de tous les esprits, et dépouille bientôt le cachet du génie qui l'a créée ou agrandie. Dans l'ordre des spéculations philosophiques, les développements de la pensée sont seulement suscités par la pensée d'autrui ; ils conservent toujours un caractère de personnalité qui fait que chacun est obligé de se faire sa philosophie. La pensée philosophique est bien moins que la pensée poétique sous l'influence des formes du langage, mais elle en dépend encore, tandis que la science se transmet sans modification aucune d'un idiome à l'autre. »
Cournot

Les questions :



[A] û Questions d'analyse
1) En quoi la philosophie se distingue-t-elle de la science ?
2) Qu'est-ce qui caractérise la faculté de l'intelligence dont parle l'auteur ?
3) Comment la philosophie se développe-t-elle par rapport à la science ?
4) Selon l'auteur, en quoi la pensée philosophique diff��re-t-elle de la pensée poétique en termes d'influence du langage ?

[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez en quoi la philosophie est moins impersonnelle que la science.
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] û Commentaire
1) Pourquoi la pensée philosophique conserve-t-elle toujours un caract��re de personnalité selon l'auteur ? Justifiez votre réponse.

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte : dans ce texte, l'auteur, cournot, cherche à distinguer la philosophie de la science, en montrant qu'elles relèvent de deux facultés différentes de l'intelligence et qu'elles ont des caractéristiques propres.



- il commence par affirmer que la philosophie ne peut être rapprochée de la science, ni comme son origine, ni comme son aboutissement.

Il s'oppose ainsi à deux conceptions possibles de la philosophie : celle qui la voit comme une forme primitive de la science, qui serait dépassée par le progrès des connaissances empiriques, et celle qui la voit comme une forme supérieure de la science, qui en serait le couronnement ou la synthèse.

Il suggère donc que la philosophie a un objet et une méthode qui lui sont spécifiques, et qu'elle ne peut être réduite à la science.



- il poursuit en affirmant que la philosophie est le produit d'une autre faculté de l'intelligence, qui s'exerce et se perfectionne suivant un mode qui lui est propre.

Il ne précise pas quelle est cette faculté, mais on peut penser qu'il s'agit de la raison, de l'imagination ou de l'intuition.

Il souligne ainsi que la philosophie n'est pas fondée sur l'observation et l'expérimentation, comme la science, mais sur une réflexion plus libre et plus personnelle.

Il indique aussi que la philosophie est un processus dynamique, qui se développe et s'améliore au fil du temps.



- il ajoute ensuite que la philosophie est quelque chose de moins impersonnel que la science.

Il explique que la science se transmet identiquement par l'enseignement oral et dans les livres, qu'elle devient le patrimoine commun de tous les esprits, et qu'elle dépouille bientôt le cachet du génie qui l'a créée ou agrandie.

Il montre ainsi que la science vise à l'universalité, à l'objectivité et à l'anonymat.

Elle repose sur des faits et des lois qui sont indépendants des opinions et des sentiments des individus.

Elle tend à effacer les traces de son histoire et de ses auteurs.



- il oppose à cela l'ordre des spéculations philosophiques, où les développements de la pensée sont seulement suscités par la pensée d'autrui.

Il signifie par là que la philosophie est un dialogue entre les penseurs, qui s'inspirent les uns des autres, mais sans se copier ni se répéter.

Il affirme aussi qu'ils conservent toujours un caractère de personnalité qui fait que chacun est obligé de se faire sa philosophie.

Il souligne ainsi que la philosophie est marquée par la singularité, la subjectivité et l'autonomie.

Elle exprime le point de vue et le style de chaque philosophe.

Elle implique un engagement personnel et une créativité.



- il termine enfin en affirmant que la pensée philosophique est bien moins que la pensée poétique sous l'influence des formes du langage, mais qu'elle en dépend encore, tandis que la science se transmet sans modification aucune d'un idiome à l'autre.

Il reconnaît ainsi que la philosophie n'est pas aussi dépendante du langage que la poésie, qui joue sur les sonorités, les rythmes et les images.

Mais il admet qu'elle n'est pas non plus indifférente au langage, qui véhicule des concepts, des arguments et des valeurs.

Il constate donc que la philosophie est liée à une culture et à une époque, qui influencent sa formulation et sa réception.

Il contraste cela avec la science, qui peut se traduire d'une langue à l'autre sans altérer son contenu ni sa validité.

On peut conclure que ce texte présente une conception de la philosophie comme une activité intellectuelle distincte de la science, qui repose sur une autre faculté de l'intelligence, qui exprime une personnalité individuelle et qui dépend du langage.

L'auteur valorise ainsi la diversité, l'originalité et l'évolution de la pensée philosophique.