• Merleau-Ponty
La responsabilité morale du politique
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Le contexte :

Ce texte de merleau-ponty explore la condition de l'homme public et souligne que celui qui gouverne ne peut échapper au jugement des autres sur ses actes et à  l'image qu'il renvoie. en acceptant un ràïle politique, il porte la responsabilité de son personnage, même s'il ne s'y reconnaà®t pas. l'action politique est ainsi marquée par l'impureté et le risque d'infamie, car gouverner implique de prévoir et de faire face à  l'imprévisible, ce qui constitue une tragédie inévitable.

L' auteur :

Merleau-Ponty

(1908 - 1961) Maurice Merleau-Ponty, philosophe phénoménologue du XXe siècle, met en lien la perception, la corporéité et la relation entre le corps et l'esprit. Son œuvre explore la manière dont nous appréhendons le monde à travers nos sens et notre expérience corporelle, et remet en question les conceptions dualistes traditionnelles.

Le repère :

objectif/subjectif/intersubjectif

Le texte :

« L'homme public, puisqu'il se mêle de gouverner les autres, ne peut se plaindre d'être jugé sur ses actes dont les autres portent la peine, ni sur l'image souvent inexacte qu'ils donnent de lui. Comme Diderot le disait du comédien en scène, nous avançons que tout homme qui accepte de jouer un rôle porte autour de soi un �oegrand fantôme” dans lequel il est désormais caché, et qu'il est responsable de son personnage même s'il n'y reconnaît pas ce qu'il voulait être. Le politique n'est jamais aux yeux d'autrui ce qu'il est à ses propres yeux, non seulement parce que les autres le jugent témérairement, mais encore parce qu'ils ne sont pas lui, et que ce qui est en lui erreur ou négligence peut être pour eux mal absolu, servitude ou mort. Acceptant, avec un rôle politique, une chance de gloire, il accepte aussi un risque d'infamie, l'une et l'autre �oeimméritées”. L'action politique est de soi impure parce qu'elle est action de l'un sur l'autre et parce qu'elle est action à plusieurs. […] Aucun politique ne peut se flatter d'être innocent. Gouverner, comme on dit, c'est prévoir, et le politique ne peut s'excuser sur l'imprévu. Or il y a de l'imprévisible. Voilà la tragédie. »
Merleau-Ponty

Les questions :



[A] - Questions d'analyse
1. En quoi consiste la responsabilité de l'homme public ?
2. Quel est le r��le du comédien dans le texte ?
3. Comment les autres perçoivent-ils l'homme public ?
4. En quoi l'action politique est-elle impure selon l'auteur ?

[B] - Éléments de synth��se
1. Que signifie l'expression "porter autour de soi un grand fant��me" ?
2. Quelle est l'idée principale du texte et quelles sont les étapes de son argumentation ?

[C] - Commentaire
1. Selon vous, pourquoi la politique est-elle considérée comme une action impure ?
2. En vous appuyant sur vos connaissances et vos lectures, et en prenant en compte le texte, expliquez si vous êtes d'accord avec l'idée que "gouverner, c'est prévoir".

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte : le texte de merleau-ponty porte sur la responsabilité de l'homme politique, qui ne peut se soustraire au jugement des autres ni à la conséquence de ses actes.

L'auteur développe son idée en trois temps :

- dans le premier paragraphe, il compare l'homme politique au comédien, qui assume un rôle public et une image qui ne correspond pas forcément à sa personnalité réelle.

Il affirme que l'homme politique est responsable de son personnage, même s'il ne s'y reconnaît pas, car c'est sur ce personnage que les autres le jugent.

Il souligne ainsi la distance entre l'intention et la perception, entre le sujet et l'objet, qui caractérise la situation politique.



- dans le deuxième paragraphe, il insiste sur le décalage entre le point de vue de l'homme politique et celui des autres, qui peuvent subir les effets négatifs de ses décisions.

Il montre que l'homme politique ne peut pas se prévaloir d'être innocent, car il engage la vie et la liberté d'autrui.

Il souligne ainsi la gravité et la complexité de l'action politique, qui implique des choix moraux et des conséquences irréversibles.



- dans le troisième paragraphe, il reconnaît que l'action politique est soumise à l'imprévu, qui échappe au contrôle et à la prévision de l'homme politique.

Il montre que l'action politique est intrinsèquement impure, car elle repose sur une relation de pouvoir et sur une collaboration avec d'autres.

Il souligne ainsi la dimension tragique de l'action politique, qui expose l'homme politique à la gloire ou à l'infamie, sans qu'il puisse les mériter pleinement.