(1646-1716) Est avec Newton l'inventeur du calcul différentiel et infinitésimal : l'idée est que de très petits ordres de grandeurs, une fois additionnés, donnent des choses sensibles. Leibniz est un représentant du Rationalisme, attitude philosophique qui stipule qu
analyse/synthèse
« Les bêtes sont purement empiriques et ne font que se régler sur les exemples, car elles n'arrivent jamais à former des propositions nécessaires, autant qu'on en peut juger ; au lieu que les hommes sont capables des sciences démonstratives. C'est encore pour cela que la faculté que les bêtes ont de faire des consécutions est quelque chose d'inférieur à la raison qui est dans les hommes. Les consécutions des bêtes sont purement comme celles des simples empiriques, qui prétendent que ce qui est arrivé quelquefois arrivera encore dans un cas où ce qui les frappe est pareil, sans être capables de juger si les mêmes raisons subsistent. C'est par là qu'il est si aisé aux hommes d'attraper les bêtes, et qu'il est si facile aux simples empiriques de faire des fautes. C'est de quoi les personnes devenues habiles par l'âge et par l'expérience ne sont pas exemptes lorsqu'elles se fient trop à leur expérience passée, comme il est arrivé à plusieurs dans les affaires civiles et militaires, parce qu'on ne considère point assez que le monde change et que les hommes deviennent plus habiles en trouvant mille adresses nouvelles, au lieu que les cerfs ou les lièvres de ce temps ne deviennent point plus rusés que ceux du temps passé. Les consécutions des bêtes ne sont qu'une ombre du raisonnement, c'est-à-dire ce ne sont que connexions d'imagination, et que passages d'une image à une autre. »
Leibniz
[A] - Questions d'analyse
1) Quelle est la différence entre les bêtes et les hommes en ce qui concerne leur capacité à former des propositions nécessaires ?
2) Comment les bêtes font-elles des consécutions par rapport aux hommes ?
3) Quelle est la conséquence de la faculté des bêtes à faire des consécutions basées sur des exemples ?
4) Quelle est la différence entre les consécutions des bêtes et le raisonnement des hommes ?
[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez en quoi la faculté des bêtes à faire des consécutions est inférieure à la raison des hommes.
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] - Commentaire
1) Selon vous, pourquoi est-il plus facile pour les hommes d'attraper les bêtes ?
Voici une possible analyse du texte de leibniz :
le texte de leibniz vise à établir une différence fondamentale entre les hommes et les bêtes, en ce qui concerne leur capacité à raisonner et à accéder à la vérité.
L'auteur soutient que les bêtes sont purement empiriques, c'est-à-dire qu'elles se fondent uniquement sur l'expérience sensible, tandis que les hommes sont capables de sciences démonstratives, c'est-à-dire qu'ils peuvent établir des propositions nécessaires et universelles.
Pour appuyer sa thèse, leibniz utilise plusieurs arguments et exemples.
Il commence par affirmer que les bêtes ne forment jamais de propositions nécessaires, autant qu'on en peut juger, ce qui implique qu'il n'exclut pas totalement la possibilité qu'elles en aient une connaissance obscure ou confuse, mais qu'il n'en a pas de preuve.
Il oppose ensuite la consécution des bêtes à la raison des hommes.
La consécution est le fait de passer d'une idée à une autre par un lien logique ou causal.
Leibniz affirme que la consécution des bêtes est purement empirique, c'est-à-dire qu'elle se base sur la répétition des exemples et sur la ressemblance des cas, sans être capable de juger si les mêmes raisons subsistent.
Il illustre ce point par le fait que les hommes peuvent attraper les bêtes en leur tendant des pièges, en profitant de leur ignorance des causes.
Il compare aussi les bêtes aux simples empiriques, c'est-à-dire aux hommes qui se fient trop à leur expérience passée sans recourir à la démonstration, et qui font souvent des erreurs.
Il donne l'exemple des affaires civiles et militaires, où les hommes peuvent être surpris par le changement du monde et par l'habileté de leurs adversaires.
Il conclut que la consécution des bêtes n'est qu'une ombre du raisonnement, c'est-à-dire qu'elle ne repose que sur des connexions d'imagination et des passages d'une image à une autre, sans atteindre la vérité nécessaire.
Le but de ce texte est donc de montrer que les hommes ont une faculté supérieure aux bêtes, qui est la raison, et qui leur permet d'accéder aux sciences démonstratives.
Leibniz veut ainsi défendre la dignité de l'homme et sa capacité à connaître les principes universels et éternels de la réalité.
Il veut aussi mettre en garde contre les dangers de l'empirisme, qui peut conduire à l'erreur et à l'illusion.
Il invite donc les hommes à exercer leur raison et à ne pas se contenter de l'expérience sensible.