Dans ce dialogue entre socrate et phédon, platon met en lumiàùre les limites de la raison humaine. il souligne que la vérité est un concept mouvant, et que rejeter les raisonnements par dépit peut nous priver de la connaissance de la réalité.
(-428--348) Platon, philosophe de la Grèce antique, explore des concepts tels que la réalité, la connaissance et la justice. À travers ses dialogues, il met en scène son mentor Socrate pour examiner les idées et les valeurs de son époque, tout en proposant une vision idéale de la cité idéale dans "La République".
vrai/probable/certain
« Quand on a cru, sans connaître l'art de raisonner, qu'un raisonnement est vrai, il peut se faire que peu après on le trouve faux, alors qu'il l'est parfois et parfois ne l'est pas, et l'expérience peut se renouveler sur un autre et un autre encore. Il arrive notamment, tu le sais, que ceux qui ont passé leur temps à controverser finissent par s'imaginer qu'ils sont devenus très sages et que, seuls, ils ont découvert qu'il n'y a rien de sain ni de sûr ni dans aucune chose ni dans aucun raisonnement, mais que tout est dans un flux et un reflux continuels, absolument comme dans l'Euripe et que rien ne demeure un moment dans le même état. - C'est parfaitement vrai, dis-je. - Alors, Phédon, reprit-il, s'il est vrai qu'il y ait des raisonnements vrais, solides et susceptibles d'être compris, ne serait-ce pas une triste chose de voir un homme qui, pour avoir entendu des raisonnements qui, tout en restant les mêmes, paraissent tantôt vrais, tantôt faux, au lieu de s'accuser lui-même et son incapacité, en viendrait par dépit à rejeter la faute sur les raisonnements, au lieu de s'en prendre à lui-même, et dès lors continuerait toute sa vie à haïr et ravaler les raisonnements et serait ainsi privé de la vérité et de la connaissance de la réalité ? - Oui, par Zeus, dis-je, ce serait une triste chose. »
Platon
[A] û Questions dÆanalyse
1) Quels sont les dangers de croire en un raisonnement sans savoir comment raisonner ?
2) Qu'est-ce que Platon veut dire par "tout est dans un flux et un reflux continuels" ?
3) Comment l'homme réagit-il lorsque les raisonnements semblent parfois vrais et parfois faux ?
4) Quelles conséquences cela peut-il avoir sur sa recherche de la vérité et de la connaissance de la réalité ?
[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "ne serait-ce pas une triste chose de voir un homme qui, pour avoir entendu des raisonnements qui, tout en restant les mêmes, paraissent tant��t vrais, tant��t faux, au lieu de s'accuser lui-même et son incapacité, en viendrait par dépit à rejeter la faute sur les raisonnements, au lieu de s'en prendre à lui-même, et d��s lors continuerait toute sa vie à ha��r et ravaler les raisonnements et serait ainsi privé de la vérité et de la connaissance de la réalité ?"
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] û Commentaire
1) Selon vous, pourquoi est-il important de remettre en question nos raisonnements plut��t que de les rejeter en bloc ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si remettre en question nos raisonnements est un signe de sagesse ou d'incapacité.
Voici un possible développement de l'analyse du texte :
le texte de platon est un extrait du dialogue phédon, où socrate expose sa conception de la philosophie comme préparation à la mort et comme recherche de la vérité.
Dans ce passage, il s'interroge sur la nature et la valeur des raisonnements, et sur la façon dont ils peuvent être appréciés par les hommes.
Il commence par évoquer le cas de ceux qui ont cru, sans connaître l'art de raisonner, qu'un raisonnement est vrai, puis qui l'ont trouvé faux, et qui ont répété cette expérience avec d'autres raisonnements.
Il s'agit donc de personnes qui n'ont pas de méthode ni de critère pour juger de la validité d'un raisonnement, et qui se laissent guider par leur impression ou leur opinion.
Ce faisant, ils risquent de se tromper et de se contredire, et de perdre confiance dans la raison.
Il illustre ensuite ce cas par l'exemple des controverses, où les interlocuteurs s'affrontent dans des arguments qui semblent tantôt vrais, tantôt faux, selon le point de vue adopté.
Il s'agit donc d'une situation où la vérité n'est pas recherchée pour elle-même, mais pour avoir le dessus sur l'autre.
Ce faisant, les controversistes finissent par croire qu'il n'y a rien de sain ni de s¹r dans les choses ni dans les raisonnements, mais que tout est relatif et changeant, comme le courant de l'euripe (1), un bras de mer entre l'eubée et la grèce continentale, réputé pour ses variations incessantes.
Il s'agit donc d'une conception sceptique et relativiste de la connaissance, qui nie toute possibilité d'atteindre la réalité stable et intelligible.
Il oppose enfin à ce cas le cas de ceux qui admettent qu'il y a des raisonnements vrais, solides et susceptibles d'être compris.
Il s'agit donc de personnes qui reconnaissent l'existence et la valeur de la raison, et qui cherchent à se former à son usage.
Ce faisant, ils ne se découragent pas face aux difficultés ou aux apparences trompeuses, mais ils s'accusent eux-mêmes de leur incapacité et cherchent à progresser.
Il s'agit donc d'une attitude philosophique et critique, qui vise à accéder à la vérité et à la connaissance de la réalité.
Il conclut en affirmant que ce serait une triste chose que de voir un homme qui rejette la faute sur les raisonnements au lieu de s'en prendre à lui-même, et qui en vient à ha´r et ravaler les raisonnements.
Il s'agit donc d'un avertissement contre le risque de renoncer à la raison et à la philosophie, et de se priver ainsi du bien le plus précieux pour l'âme humaine.
Le texte de platon montre donc que les raisonnements ne sont pas en eux-mêmes vrais ou faux, mais qu'ils dépendent de la façon dont ils sont utilisés et évalués par les hommes.
Il invite donc à distinguer entre les différents usages de la raison, et à privilégier celui qui permet d'accéder à la vérité et à la connaissance.
Il souligne ainsi le rôle essentiel de la philosophie comme éducation à l'art de raisonner.