• Bachelard
Les obstacles à  l'apprentissage scientifique et la nécessité de la remise en question
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Le contexte :

Dans ce texte, gaston bachelard met en évidence le manque de compréhension des enseignants de sciences envers les difficultés rencontrées par les élàùves. il souligne l'importance de remettre en question les connaissances intuitives préexistantes des élàùves afin de favoriser une compréhension véritable des concepts scientifiques.

L' auteur :

Bachelard

(1884 - 1962) Philosophe et épistémologue du XXe siècle, s'intéresse à la philosophie de la science et de la connaissance. Il met en lumière le rôle de l'imaginaire dans la construction de la connaissance scientifique et philosophique, et comment notre perception de l'espace influence notre pensée et notre créativité.

Le repère :

intuitif/discursif

Le texte :

« Dans l'éducation, la notion d'obstacle pédagogique est également méconnue. J'ai souvent été frappé du fait que les professeurs de sciences plus encore que les autres si c'est possible, ne comprennent pas qu'on ne comprenne pas. Peu nombreux sont ceux qui ont creusé la psychologie de l'erreur, de l'ignorance et de l'irréflexion. […] Les professeurs de sciences imaginent que l'esprit commence comme une leçon […] qu'on peut faire comprendre une démonstration en la répétant point pour point. Ils n'ont pas réfléchi au fait que l'adolescent arrive dans la classe de Physique avec des connaissances empiriques déjà constituées : il s'agit alors non pas d'acquérir une culture expérimentale, mais bien de changer de culture expérimentale, de renverser les obstacles déjà amoncelés par la vie quotidienne. Un seul exemple : l'équilibre des corps flottants fait l'objet d'une intuition familière qui est un tissu d'erreurs. D'une manière plus ou moins nette, on attribue une activité au corps qui flotte, mieux au corps qui nage. Si l'on essaie avec la main d'enfoncer un morceau de bois dans l'eau, il résiste. On n'attribue pas facilement la résistance à l'eau. Il est dès lors assez difficile de faire comprendre le principe d'Archimède dans son étonnante simplicité mathématique si l'on n'a pas d'abord critiqué et désorganisé le complexe impur des intuitions premières. En particulier sans cette psychanalyse des erreurs initiales, on ne fera jamais comprendre que le corps qui émerge et le corps complètement immergé obéissent à la même loi. »
Bachelard

Les questions :



[A] - Questions d'analyse
1) Quelle est la notion d'obstacle pédagogique évoquée dans le texte et pourquoi est-elle méconnue ?
2) Selon l'auteur, pourquoi les professeurs de sciences ont-ils du mal à comprendre qu'on ne comprenne pas ?
3) Comment les professeurs de sciences envisagent-ils l'acquisition de connaissances par les él��ves ?
4) Quelle est l'idée principale développée par l'auteur concernant l'apprentissage des sciences ?

[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez le concept d'intuition famili��re et son impact sur la compréhension des phénom��nes scientifiques.
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de l'argumentation de l'auteur.

[C] - Commentaire
1) Selon vous, pourquoi est-il important de prendre en compte la psychologie de l'erreur, de l'ignorance et de l'irréflexion dans l'éducation ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, expliquez en quoi l'approche pédagogique des professeurs de sciences peut être problématique.

L'analyse :

Voici un possible développement de l'analyse du texte : dans ce texte, bachelard s'intéresse à la notion d'obstacle pédagogique, c'est-à-dire à ce qui empêche les élèves de comprendre les sciences.

Il critique l'attitude des professeurs de sciences qui ne prennent pas en compte les difficultés des élèves et qui se contentent de répéter les leçons sans les expliquer.

Il commence par affirmer que la notion d'obstacle pédagogique est méconnue dans l'éducation, et plus encore par les professeurs de sciences.

Il souligne que ces derniers ne comprennent pas qu'on ne comprenne pas, c'est-à-dire qu'ils ne se mettent pas à la place des élèves et qu'ils ne cherchent pas à analyser les causes de leurs erreurs, de leur ignorance ou de leur irréflexion.

Il utilise l'expression "creuser la psychologie" pour montrer que cette analyse nécessite un travail approfondi et une prise en compte des facteurs psychologiques qui influencent l'apprentissage.

Il poursuit en dénonçant l'illusion des professeurs de sciences qui imaginent que l'esprit commence comme une leçon, c'est-à-dire qu'ils supposent que les élèves n'ont pas de connaissances préalables sur les phénomènes physiques et qu'ils peuvent leur transmettre les savoirs scientifiques sans difficulté.

Il oppose cette conception à la réalité, en affirmant que l'adolescent arrive dans la classe de physique avec des connaissances empiriques déjà constituées, c'est-à-dire avec des idées issues de son expérience quotidienne, qui sont souvent erronées ou incomplètes.

Il en déduit que l'enjeu n'est pas d'acquérir une culture expérimentale, mais de changer de culture expérimentale, c'est-à-dire de remettre en question les intuitions premières et de les remplacer par des concepts rigoureux et vérifiés.

Il utilise le terme de "renverser" pour marquer la rupture nécessaire entre les deux types de connaissances.

Il illustre son propos par un exemple concret : l'équilibre des corps flottants.

Il montre que ce phénomène fait l'objet d'une intuition familière qui est un tissu d'erreurs, c'est-à-dire que les élèves ont tendance à attribuer une activité au corps qui flotte ou qui nage, et à ne pas prendre en compte la résistance de l'eau.

Il explique que cette intuition empêche de comprendre le principe d'archimède dans son étonnante simplicité mathématique, c'est-à-dire la loi qui régit l'équilibre des corps immergés ou émergés dans un fluide.

Il préconise alors de faire une psychanalyse des erreurs initiales, c'est-à-dire de mettre au jour et de critiquer les préjugés qui obscurcissent le raisonnement scientifique.

On peut conclure que bachelard défend une pédagogie qui prend en compte les obstacles pédagogiques et qui vise à transformer la culture expérimentale des élèves.

Il invite les professeurs de sciences à adopter une attitude plus compréhensive et plus critique face aux difficultés des élèves.

Il valorise la démarche scientifique comme une remise en cause permanente des idées reçues et comme une recherche de la simplicité et de la rigueur.