• Merleau-Ponty
L'expression de la pensée : une nécessité pour exister
langage - conscience



Le contexte :

Ce texte de merleau-ponty interroge le lien entre la pensée et l'expression verbale. il souligne que la parole est essentielle pour donner une forme concràùte à  nos pensées, les rendre compréhensibles et les faire exister pleinement. sans la communication, la pensée resterait en quelque sorte inconsciente et n'aurait pas de réalité même pour celui qui pense.

L' auteur :

Merleau-Ponty

(1908 - 1961) Maurice Merleau-Ponty, philosophe phénoménologue du XXe siècle, met en lien la perception, la corporéité et la relation entre le corps et l'esprit. Son œuvre explore la manière dont nous appréhendons le monde à travers nos sens et notre expérience corporelle, et remet en question les conceptions dualistes traditionnelles.

Le repère :

objectif/subjectif/intersubjectif

Le texte :

« Si la parole présupposait la pensée, si parler c'était d'abord se joindre à l'objet par une intention de connaissance ou par une représentation, on ne comprendrait pas pourquoi la pensée tend vers l'expression comme vers son achèvement, pourquoi l'objet le plus familier nous paraît indéterminé tant que nous n'en avons pas retrouvé le nom, pourquoi le sujet pensant lui-même est dans une sorte d'ignorance de ses pensées tant qu'il ne les a pas formulées pour soi ou même dites et écrites, comme le montre l'exemple de tant d'écrivains qui commencent un livre sans savoir au juste ce qu'ils y mettront. Une pensée qui se contenterait d'exister pour soi, hors des gênes de la parole et de la communication, aussitôt apparue tomberait à l'inconscience, ce qui revient à dire qu'elle n'existerait pas même pour soi. »
Merleau-Ponty

Les questions :



[A] û Questions dÆanalyse
1) Quelle est la relation entre la pensée et l'expression selon l'auteur?
2) Comment l'auteur explique-t-il le lien entre la pensée et le langag�
3) En quoi l'objet le plus familier peut-il sembler indéterminé avant d'avoir un nom?
4) Quelle est la signification de l'auteur lorsqu'il parle de la pensée "hors des gênes de la parole et de la communication"?

[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez en quoi l'auteur sugg��re que la pensée tend vers l'expression comme vers son ach��vement.
2) En utilisant les éléments précédents, résumez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] û Commentaire
1) Quelle est votre opinion sur la relation entre la pensée et le langage telle qu'elle est présentée dans le text� Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances en philosophie, discutez de la pertinence des observations de Merleau-Ponty sur la pensée et l'expression. N'hésitez pas à ajuster ces questions selon vos besoins, et je peux également générer d'autres questions si vous le souhaitez.

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte :

- l'auteur commence par remettre en question l'idée selon laquelle la parole présupposerait la pensée, c'est-à-dire qu'il faudrait d'abord avoir une idée claire et distincte de ce que l'on veut dire avant de pouvoir l'exprimer.

Il s'appuie pour cela sur trois arguments qui montrent que la parole n'est pas seulement un moyen de transmettre une pensée préexistante, mais qu'elle est aussi un moyen de construire et de découvrir sa pensée.

Ces arguments sont :

- le fait que la pensée tende vers l'expression comme vers son achèvement, ce qui suggère que la parole n'est pas un simple accessoire, mais une partie intégrante du processus de penser.



- le fait que l'objet le plus familier nous paraisse indéterminé tant que nous n'en avons pas retrouvé le nom, ce qui montre que la parole n'est pas seulement un signe arbitraire, mais qu'elle a une valeur cognitive et qu'elle contribue à définir et à identifier les choses.



- le fait que le sujet pensant lui-même soit dans une sorte d'ignorance de ses pensées tant qu'il ne les a pas formulées pour soi ou même dites et écrites, ce qui révèle que la parole n'est pas seulement un moyen de communication, mais qu'elle est aussi un moyen de réflexion et d'auto-connaissance.



- l'auteur conclut ensuite par une affirmation forte : une pensée qui se contenterait d'exister pour soi, hors des gênes de la parole et de la communication, aussitôt apparue tomberait à l'inconscience, ce qui revient à dire qu'elle n'existerait pas même pour soi.

Il s'agit là d'une thèse radicale qui nie la possibilité d'une pensée pure, indépendante du langage.

L'auteur soutient ainsi que la parole est constitutive de la pensée, qu'elle lui donne forme et sens, et qu'elle la rend consciente.

Il s'oppose ainsi à une conception classique de la parole comme simple instrument au service de la pensée.



- l'enjeu du texte est donc de remettre en cause une hiérarchie entre la pensée et la parole, et de montrer que ces deux phénomènes sont indissociables et interdépendants.

L'auteur invite ainsi à reconsidérer le rôle du langage dans l'activité de penser, et à reconnaître sa dimension créatrice et révélatrice.

Il s'inscrit ainsi dans une perspective phénoménologique qui cherche à décrire l'expérience vécue du sujet parlant.