Leibniz aborde ici le principe de se mettre à la place d'autrui pour juger de ce qui est juste ou non. il répond à certaines objections en expliquant que se mettre à la place de l'autre ne signifie pas seulement prendre en compte ses intérêts individuels, mais aussi ceux des autres parties impliquées. il souligne ainsi l'importance de la justice distributive et de l'équité dans les relations sociales.
(1646-1716) Est avec Newton l'inventeur du calcul différentiel et infinitésimal : l'idée est que de très petits ordres de grandeurs, une fois additionnés, donnent des choses sensibles. Leibniz est un représentant du Rationalisme, attitude philosophique qui stipule qu
objectif/subjectif/intersubjectif
« Mettez-vous à la place d'autrui, et vous serez dans le vrai point de vue pour juger ce qui est juste ou non. On a fait quelques objections contre cette grande règle, mais elles viennent de ce qu'on ne l'applique point partout. On objecte par exemple qu'un criminel peut prétendre, en vertu de cette maxime, d'être pardonné par le juge souverain, parce que le juge souhaiterait la même chose, s'il était en pareille posture. La réponse est aisée. Il faut que le juge ne se mette pas seulement dans la place du criminel, mais encore dans celle des autres qui sont intéressés que le crime soit puni […]. Il en est de même de cette objection que la justice distributive demande une inégalité entre les hommes, que dans une société on doit partager le gain à proportion de ce que chacun a conféré et qu'on doit avoir égard au mérite et au démérite. La réponse est encore aisée. Mettez-vous à la place de tous et supposez qu'ils soient bien informés et bien éclairés. Vous recueillerez de leurs suffrages cette conclusion qu'ils jugent convenable à leur intérêt qu'on distingue les uns des autres. Par exemple, si dans une société de commerce le gain n'était point partagé à proportion, l'on y entrerait point ou l'on en sortirait bientôt, ce qui est contre l'intérêt de toute la société. »
Leibniz
[A] - Questions d'analyse:
1) Comment Leibniz définit-il la r��gle de se mettre à la place d'autrui pour juger de ce qui est juste ou non ?
2) Quelles sont les objections qui ont été soulevées contre cette r��gle et pourquoi ?
3) Comment Leibniz répond-il à l'objection selon laquelle un criminel pourrait prétendre être pardonné en vertu de cette maxime ?
4) Quelle est la réponse de Leibniz à l'objection selon laquelle la justice distributive demande une inégalité entre les hommes et qu'on doit avoir égard au mérite et au démérite ?
[B] - Éléments de synth��se:
1) Expliquez la phrase : "Il faut que le juge ne se mette pas seulement dans la place du criminel, mais encore dans celle des autres qui sont intéressés que le crime soit puni."
Voici un possible développement de l'analyse du texte :
le texte de leibniz présente une règle morale fondée sur le point de vue d'autrui, et répond à des objections qui lui sont faites.
L'auteur défend l'idée que la justice consiste à se mettre à la place de tous les intéressés, et non pas seulement de soi-même ou d'un seul individu.
Dans le premier paragraphe, leibniz expose sa règle : "mettez-vous à la place d'autrui, et vous serez dans le vrai point de vue pour juger ce qui est juste ou non".
Il s'agit d'une maxime qui invite à adopter une perspective universelle, en se décentrant de son intérêt particulier.
Leibniz affirme que cette règle permet de déterminer ce qui est juste, c'est-à-dire ce qui respecte le droit et l'équité.
Il reconnaît que cette règle a été critiquée, mais il attribue ces critiques à une mauvaise compréhension ou application de sa maxime.
Dans le deuxième paragraphe, leibniz répond à une première objection, qui consiste à dire qu'un criminel pourrait se prévaloir de sa règle pour demander le pardon du juge, en se fondant sur le fait que le juge voudrait la même chose s'il était à sa place.
Leibniz réfute cette objection en montrant qu'elle repose sur une interprétation trop restrictive de sa règle.
Il ne suffit pas de se mettre à la place d'un seul individu, mais il faut se mettre à la place de tous ceux qui sont concernés par l'affaire, c'est-à-dire aussi les victimes, les témoins, les citoyens, etc.
Ainsi, le juge doit prendre en compte l'intérêt général, qui exige que le crime soit puni pour préserver l'ordre social et la sécurité des innocents.
Dans le troisième paragraphe, leibniz répond à une deuxième objection, qui consiste à dire que la justice distributive implique une inégalité entre les hommes, selon leur contribution ou leur mérite, ce qui semble contredire sa règle qui prône l'identification à autrui.
Leibniz réfute cette objection en montrant qu'elle repose sur une confusion entre l'égalité et l'équité.
Il ne s'agit pas de traiter tous les hommes de la même manière, mais de leur donner ce qui leur revient selon des critères objectifs et rationnels.
Pour cela, il faut se mettre à la place de tous les membres d'une société, en supposant qu'ils soient bien informés et éclairés.
Ainsi, on peut déduire de leur consentement mutuel ce qui est conforme à leur intérêt commun.
Par exemple, dans une société commerciale, il est juste de partager le gain proportionnellement à l'apport de chacun, car cela incite à la coopération et au progrès.
Le texte de leibniz illustre donc sa conception de la justice comme un équilibre entre les intérêts particuliers et l'intérêt général, fondé sur une règle universelle d'empathie et de rationalité.
Il s'oppose ainsi aux conceptions subjectives ou arbitraires de la justice, qui ne tiennent pas compte du point de vue d'autrui ou qui privilégient un seul point de vue au détriment des autres.