Ce texte de nietzsche interroge le lien entre la compréhension du crime et la peine infligée au criminel. il remet en question l'équité de mesurer la peine en fonction de l'étonnement suscité par l'acte criminel, et soulàùve la possibilité d'atténuer voire d'effacer la faute en présentant les circonstances atténuantes.
(1844-1900) Répond aux attaques faites à l'encontre de la philosophie à son époque : elle serait inutile et incertaine, contrairement aux nouvelles sciences expérimentales et humaines. Toute sa philosophie vise à contredire cette invective.
nécessaire/contingent
« Le criminel qui connaît tout l'enchaînement des circonstances ne considère pas, comme son juge et son censeur, que son acte est en dehors de l'ordre et de la compréhension : sa peine cependant lui est mesurée exactement selon le degré d'étonnement qui s'empare de ceux-ci, en voyant cette chose incompréhensible pour eux, l'acte du criminel. - Lorsque le défenseur d'un criminel connaît suffisamment le cas et sa genèse, les circonstances atténuantes qu'il présentera, les unes après les autres, finiront nécessairement par effacer toute la faute. Ou, pour l'exprimer plus exactement encore : le défenseur atténuera degré par degré cet étonnement qui veut condamner et attribuer la peine, il finira même par le supprimer complètement, en forçant tous les auditeurs honnêtes à s'avouer dans leur for intérieur : �oeIl lui fallut agir de la façon dont il a agi ; en punissant, nous punirions l'éternelle nécessité.” - Mesurer le degré de la peine selon le degré de connaissance que l'on a ou peut avoir de l'histoire du crime, - n'est-ce pas contraire à toute équité ? »
Nietzsche
[A] û Questions dÆanalyse
1) Quelle perspective est adoptée par le criminel dans ce texte ?
2) Que signifie l'expression "l'acte du criminel" dans ce contexte ?
3) Comment le défenseur d'un criminel peut-il atténuer la culpabilité de ce dernier ?
4) Pourquoi l'auteur mentionne-t-il l'idée de "l'éternelle nécessité" ?
[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la notion de "degré de connaissance" par rapport à la peine infligée, telle qu'elle est présentée dans le texte.
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte et les étapes de l'argumentation de Nietzsche.
[C] û Commentaire
1) Selon vous, quelle est la perspective de Nietzsche sur la punition des criminels ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et en tenant compte du texte, réfléchissez à la question de savoir si mesurer la peine en fonction de la connaissance de l'histoire du crime est équitable ou non.
Voici un exemple de commentaire linéaire du texte de nietzsche :
- le texte de nietzsche est un extrait de son ouvrage humain, trop humain, publié en 1878.
Il s'agit d'une réflexion sur la notion de responsabilité et de culpabilité dans le cas du crime.
L'auteur remet en cause la légitimité de la peine infligée au criminel, en montrant que son acte est le produit d'une chaîne de causes et d'effets qui le dépasse.
Il oppose ainsi deux points de vue sur le crime : celui du criminel, qui connaît les circonstances qui l'ont conduit à agir, et celui du juge, qui ignore ces circonstances et se fonde sur son étonnement face à l'acte incompréhensible.
Il soutient que la peine est proportionnelle à l'étonnement, et non à la faute, et que si l'on connaissait toute l'histoire du crime, on ne pourrait plus le punir.
Il pose ainsi la question de la justice et de la liberté humaine.
- le texte se compose de trois phrases, qui correspondent à trois étapes de l'argumentation.
La première phrase expose le contraste entre le point de vue du criminel et celui du juge.
La deuxième phrase illustre ce contraste par l'exemple du défenseur, qui parvient à effacer la faute en retraçant l'enchaînement des circonstances.
La troisième phrase tire la conséquence du raisonnement précédent, en mettant en évidence le paradoxe de la peine.
- dans la première phrase, nietzsche affirme que le criminel ne considère pas son acte comme en dehors de l'ordre et de la compréhension, contrairement à son juge et à son censeur.
Il utilise le terme de "connaître" pour désigner le rapport du criminel à son acte, ce qui implique qu'il a une conscience claire des causes et des motifs qui l'ont poussé à agir.
Il oppose ce terme à celui d'"étonnement", qui caractérise le sentiment du juge et du censeur face à l'acte criminel.
L'étonnement traduit une ignorance, une incompréhension, une rupture avec l'ordre habituel des choses.
Nietzsche suggère ainsi que le juge et le censeur ne sont pas capables de saisir la logique interne du crime, et qu'ils se fondent sur une apparence trompeuse pour le juger.
Il introduit alors l'idée que la peine est mesurée selon le degré d'étonnement, et non selon le degré de faute.
Il remet ainsi en cause le principe de proportionnalité entre le crime et la sanction, qui est au fondement du droit pénal.
- dans la deuxième phrase, nietzsche donne un exemple concret pour appuyer sa thèse : celui du défenseur d'un criminel.
Il imagine que ce dernier connaisse suffisamment le cas et sa genèse, c'est-à-dire qu'il dispose de tous les éléments explicatifs du crime.
Il affirme alors que les circonstances atténuantes qu'il présentera finiront par effacer toute la faute.
Il utilise une expression forte : "effacer", qui signifie que le crime n'a plus aucune réalité ni consistance morale.
Il précise ensuite sa pensée en reformulant sa phrase : il s'agit en fait d'atténuer et de supprimer l'étonnement qui veut condamner et attribuer la peine.
Il reprend ainsi les termes de la première phrase, mais en inversant les rôles : c'est maintenant le défenseur qui connaît, et c'est le juge et le censeur qui sont étonnés.
Il montre ainsi que l'étonnement n'est pas un critère objectif ni universel pour juger un acte, mais qu'il dépend du point de vue adopté.
Il ajoute que le défenseur forcera tous les auditeurs honnêtes à s'avouer dans leur for intérieur qu'il lui fallut agir de la façon dont il a agi.
Il utilise ici une formule impersonnelle : "il lui fallut", qui exprime une nécessité inéluctable.
Il suggère ainsi que le criminel n'a pas agi librement, mais qu'il a été contraint par des circonstances extérieures ou.