Dans ce texte, hume aborde la question de la stabilité des institutions et du gouvernement face à la constante évolution de la société. il souligne l'importance pour les nouvelles générations de se conformer à la constitution établie tout en reconnaissant la nécessité d'innovations raisonnées. hume met en garde contre les changements violents qui peuvent causer plus de mal que de bien.
(1711 - 1776) David Hume, philosophe écossais du XVIIIe siècle, remet en question les fondements de la connaissance humaine. Il soutient que toute notre compréhension repose sur l'expérience sensorielle et nie l'existence de concepts innés. Son œuvre majeure explore la nature de la croyance, de la causalité et de la moralité.
contingent/nécessaire
« Si une génération humaine quittait la scène d'un seul coup et qu'une autre lui succédât, comme c'est le cas chez les vers à soie et les papillons, la nouvelle race, à supposer qu'elle ait assez de bon sens pour choisir son gouvernement, ce qui assurément n'est jamais le cas chez les hommes, pourrait bien établir ses propres institutions volontairement et par un consentement général, sans aucun égard envers les lois ou les précédents qui prévalurent parmi ses ancêtres. Mais comme la société humaine est dans un flux perpétuel, puisqu'à chaque heure un homme quitte ce monde et qu'un autre y pénètre, il est nécessaire au maintien de la stabilité du gouvernement que les nouveaux rejetons se conforment à la constitution établie et qu'ils suivent pas à pas le sentier que leurs pères, marchant sur les traces des leurs, ont jalonné pour eux. Certes, toute institution humaine doit nécessairement faire place à certaines innovations, et l'on doit se réjouir quand les lumières du génie orientent les innovations d'une époque du côté de la raison, de la liberté et de la justice ; mais des innovations violentes, aucun individu n'est fondé à en introduire : elles sont dangereuses même lorsque c'est le législateur qui s'y essaye ; en règle générale, on doit en attendre plus de mal que de bien ; et si l'histoire offre des exemples du contraire, il ne faut pas les transformer en autant de précédents, mais les considérer seulement comme prouvant que la science politique offre peu de règles dépourvues d'exceptions et qui ne soient parfois soumises à la fortune et à la contingence. »
Hume
[A] - Questions d'analyse
1) Dans quelles circonstances une nouvelle génération pourrait-elle établir ses propres institutions sans tenir compte des lois ou des précédents établis par ses ancêtres ?
2) Quelle est la différence entre la société humaine et les vers à soie et les papillons en ce qui concerne l'établissement des institutions ?
3) Selon l'auteur, pourquoi est-il nécessaire que les nouveaux membres d'une société se conforment à la constitution établie et suivent les traces de leurs prédécesseurs ?
4) Pourquoi l'auteur consid��re-t-il que les innovations violentes sont dangereuses, même si elles sont initiées par le législateur lui-même ?
[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez en quoi l'auteur consid��re que les innovations violentes sont dangereuses pour une société.
2) À partir des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de l'argumentation de l'auteur.
[C] - Commentaire
1) Selon vous, pourquoi l'auteur consid��re-t-il que les innovations violentes sont plus susceptibles de causer du mal que du bien ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si les institutions établies par les ancêtres sont toujours adaptées à la société actuelle.
Voici un possible développement de l'analyse du texte :
dans ce texte, hume s'interroge sur les conditions de la stabilité du gouvernement et sur le rôle des innovations dans la société humaine.
Il oppose deux modèles de transmission des institutions : celui des vers à soie et des papillons, qui changent de génération d'un seul coup, et celui des hommes, qui se renouvellent progressivement.
Il en tire des conséquences sur la manière dont les hommes doivent se rapporter à la constitution établie et sur les limites qu'ils doivent respecter dans leur volonté de changement.
Il commence par présenter le cas hypothétique d'une génération humaine qui disparaîtrait entièrement pour laisser place à une autre, comme chez les vers à soie et les papillons.
Il suppose que cette nouvelle génération aurait le bon sens de choisir son gouvernement, ce qu'il juge rarement le cas chez les hommes.
Il en déduit que cette génération pourrait établir ses propres institutions volontairement et par un consentement général, sans se soucier des lois ou des précédents qui régissaient ses ancêtres.
Il utilise ici un raisonnement par l'absurde pour montrer que la situation humaine est différente de celle des insectes, et qu'elle implique une continuité historique et juridique.
Il souligne aussi l'ironie du fait que les hommes manquent souvent de bon sens pour choisir leur gouvernement, alors qu'ils sont censés être dotés de raison.
Il poursuit en affirmant que la société humaine est dans un flux perpétuel, puisqu'à chaque heure un homme quitte ce monde et qu'un autre y pénètre.
Il en tire la nécessité, pour la stabilité du gouvernement, que les nouveaux venus se conforment à la constitution établie et qu'ils suivent pas à pas le sentier que leurs pères ont jalonné pour eux.
Il utilise ici une métaphore spatiale pour exprimer l'idée d'une transmission progressive et fidèle des institutions.
Il insiste sur le caractère dynamique et évolutif de la société humaine, qui ne peut pas se fonder sur un contrat social originel, mais qui doit respecter une tradition et une légalité.
Il reconnaît ensuite que toute institution humaine doit nécessairement faire place à certaines innovations, et qu'il faut se réjouir quand les lumières du génie orientent les innovations d'une époque du côté de la raison, de la liberté et de la justice.
Il admet donc que le changement n'est pas forcément mauvais, mais qu'il doit être guidé par des principes rationnels et moraux.
Il valorise le rôle du génie, c'est-à-dire de la capacité créatrice et novatrice de certains esprits, qui peuvent contribuer au progrès de l'humanité.
Il termine en affirmant que des innovations violentes, aucun individu n'est fondé à en introduire : elles sont dangereuses même lorsque c'est le législateur qui s'y essaye ; en règle générale, on doit en attendre plus de mal que de bien ; et si l'histoire offre des exemples du contraire, il ne faut pas les transformer en autant de précédents, mais les considérer seulement comme prouvant que la science politique offre peu de règles dépourvues d'exceptions et qui ne soient parfois soumises à la fortune et à la contingence.
Il pose ici des limites au changement, qu'il juge illégitime quand il est imposé par un individu ou par une autorité sans respecter le consentement général.
Il met en garde contre les risques des révolutions ou des coups d'état, qui peuvent entraîner plus de désordre que d'amélioration.
Il relativise aussi l'importance des exemples historiques qui pourraient contredire sa thèse, en les présentant comme des exceptions ou des cas fortuits, qui ne remettent pas en cause les règles générales de la science politique.
On peut donc dire que hume défend dans ce texte une conception modérée et prudente du changement politique, qui doit respecter la continuité historique et juridique, ainsi que les principes de raison, de liberté et de justice.
Il s'oppose à la fois aux théories contractualistes, qui font reposer l'origine du gouvernement sur un accord volontaire entre les individus, et aux.