• Sartre
Les limites du langage commun
langage - science



Le contexte :

Dans ce texte, sartre soulàùve la problématique de la richesse et de la pauvreté du langage commun. il met en évidence le fait que bien que ce langage soit largement utilisé, il est à  la fois limité par sa tradition et sa fixité, ne permettant pas toujours d'exprimer de maniàùre adéquate les nouveautés ou les émotions. l'écrivain, quant à  lui, cherche à  dépasser ces limites en utilisant le langage courant de maniàùre détournée pour donner un sens nouveau.

L' auteur :

Sartre

(1905-1980) Philosophe existentialiste français majeur du 20e siècle, Sartre a exploré la notion de la liberté, de la responsabilité individuelle et de l'absurdité de l'existence humaine. Il a développé des idées sur l'existentialisme, la mauvaise foi et l'authenticité.

Le repère :

concept/image/métaphore

Le texte :

« Le mot du langage commun est à la fois trop riche (il déborde de loin le concept par son ancienneté traditionnelle, par l'ensemble de violences et de cérémonies qui constitue sa �oemémoire”, son �oepassé vivant”) et trop pauvre (il est défini par rapport à l'ensemble de la langue comme détermination fixe de celle-ci et non comme possibilité souple d'exprimer le neuf). Dans les sciences exactes, quand le neuf surgit, le mot pour le nommer est inventé simultanément par quelques-uns et adopté rapidement par tous […]. Mais l'écrivain - bien qu'il lui arrive d'inventer des mots - a rarement recours à ce procédé pour transmettre un savoir ou un affect. Il préfère utiliser un mot �oecourant” en le chargeant d'un sens nouveau qui se surajoute aux anciens : en gros, on dirait qu'il a fait vūu d'utiliser tout le langage commun et lui seulement, avec tous les caractères désinformatifs qui en limitent la portée. Si l'écrivain adopte le langage courant, ce n'est donc pas seulement en tant que le langage peut transmettre un savoir mais aussi en tant qu'il ne le transmet pas. »
Sartre

Les questions :



[A] û Questions dÆanalyse
1) Quel est le paradoxe qui est présenté dans le text�
2) Que signifie la "mémoire" du langage commun selon le text�
3) Comment les sciences exactes diff��rent-elles de l'approche de l'écrivain en ce qui concerne la création de nouveaux mots?
4) Quelle est la raison pour laquelle l'écrivain préf��re utiliser le langage courant malgré ses limitations?

[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Si l'écrivain adopte le langage courant, ce n'est donc pas seulement en tant que le langage peut transmettre un savoir mais aussi en tant qu'il ne le transmet pas."
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] û Commentaire
1) Selon vous, pourquoi l'écrivain choisit-il d'utiliser le langage courant malgré ses limitations? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si le langage commun est un outil efficace pour la transmission de la pensée philosophique.

L'analyse :

Voici un exemple de développement possible : dans ce texte, sartre s'interroge sur le rapport entre le langage commun et la littérature.

Il commence par montrer les limites du mot du langage commun pour exprimer le neuf, c'est-à-dire la pensée originale de l'écrivain.

Il oppose le mot du langage commun au mot scientifique, qui est créé ou choisi pour désigner une réalité nouvelle.

Le mot du langage commun, lui, est à la fois trop riche et trop pauvre : trop riche, car il porte en lui toute une histoire, une mémoire, des connotations qui le chargent de sens ; trop pauvre, car il est fixé par rapport à la langue et ne peut pas s'adapter facilement au neuf.

Sartre illustre cette idée par des exemples entre parenthèses : le mot déborde le concept par son ancienneté traditionnelle, par l'ensemble de violences et de cérémonies qui constitue sa mémoire, son passé vivant ; il est défini par rapport à l'ensemble de la langue comme détermination fixe de celle-ci et non comme possibilité souple d'exprimer le neuf.

L'enjeu de cette première partie est de montrer que le mot du langage commun n'est pas un outil adéquat pour transmettre un savoir ou un affect, c'est-à-dire une connaissance ou une émotion.

Sartre poursuit ensuite en se demandant pourquoi l'écrivain utilise malgré tout le langage commun.

Il reconnaît qu'il lui arrive d'inventer des mots, mais que ce procédé est rare.

Il préfère utiliser un mot courant en le chargeant d'un sens nouveau qui se surajoute aux anciens.

Sartre explique ce choix par le fait que l'écrivain a fait v£u d'utiliser tout le langage commun et lui seulement, avec tous les caractères désinformatifs qui en limitent la portée.

Le mot désinformatif désigne ici le fait que le mot du langage commun ne transmet pas clairement un savoir ou un affect, mais qu'il les brouille ou les déforme.

Sartre conclut alors que si l'écrivain adopte le langage courant, ce n'est pas seulement en tant que le langage peut transmettre un savoir ou un affect, mais aussi en tant qu'il ne le transmet pas.

L'enjeu de cette seconde partie est de montrer que l'écrivain joue avec les ambigu´tés et les richesses du langage commun pour créer une £uvre originale et singulière, qui ne se réduit pas à un message ou à une émotion.