• Bergson
L'influence de l'autorité sur nos choix
conscience - devoir



Le contexte :

Dans ce texte, bergson explore le lien entre l'autorité et nos décisions en remontant jusqu'à  notre enfance. il soulàùve la question de pourquoi nous obéissons et remet en question l'origine de l'autorité qui nous guide dans notre vie.

L' auteur :

Bergson

(1859-1941) Remet en question la vision selon laquelle l'histoire viserait un progrès dans les sciences. Il propose une nouvelle philosophie permettant d'analyser le contenu conscient de l'expérience immédiate.

Le repère :

genre/espèce/individu

Le texte :

« Le souvenir du fruit défendu est ce qu'il y a de plus ancien dans la mémoire de chacun de nous, comme dans celle de l'humanité. Nous nous en apercevrions si ce souvenir n'était recouvert par d'autres, auxquels nous préférons nous reporter. Que n'eût pas été notre enfance si l'on avait laissé faire ! Nous aurions volé de plaisirs en plaisirs. Mais voici qu'un obstacle surgissait, ni visible ni tangible : une interdiction. Pourquoi obéissons-nous ? La question ne se posait guère ; nous avions pris l'habitude d'écouter nos parents et nos maîtres. Toutefois, nous sentions bien que c'était parce qu'ils étaient nos parents, parce qu'ils étaient nos maîtres. Donc, à nos yeux, leur autorité leur venait moins d'eux-mêmes que de leur situation par rapport à nous. Ils occupaient une certaine place ; c'est de là que partait, avec une force de pénétration qu'il n'aurait pas eue s'il avait été lancé d'ailleurs, le commandement. En d'autres termes, parents et maîtres semblaient agir par délégation. Nous ne nous en rendions pas nettement compte, mais derrière nos parents et nos maîtres nous devinions quelque chose d'énorme ou plutôt d'indéfini, qui pesait sur nous de toute sa masse par leur intermédiaire. Nous dirions plus tard que c'est la société. »
Bergson

Les questions :



[A] - Questions d'analyse :
1) Pourquoi le souvenir du fruit défendu est-il considéré comme le plus ancien dans la mémoire de chacun de nous ?
2) Quelles sont les autres souvenirs qui recouvrent le souvenir du fruit défendu ?
3) Comment est décrit l'obstacle qui surgit dans notre enfance ?
4) Pourquoi obéissons-nous à l'interdiction imposée par nos parents et nos maîtres ?

[B] - Éléments de synth��se :
1) Expliquez la phrase : "Nous sentions bien que c'était parce qu'ils étaient nos parents, parce qu'ils étaient nos maîtres."
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] - Commentaire :
1) Selon vous, pourquoi avons-nous pris l'habitude d'écouter nos parents et nos maîtres ?

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte : dans ce texte, bergson s'intéresse à l'origine et à la nature de l'obéissance aux règles sociales.

Il part d'une expérience commune, celle du désir contrarié par l'interdiction, pour remonter à la source de l'autorité qui impose cette interdiction.



- il commence par affirmer que le souvenir du fruit défendu est le plus ancien dans la mémoire individuelle et collective, mais qu'il est souvent occulté par d'autres souvenirs plus agréables.

Il suggère ainsi que le désir est antérieur à la loi, et que la loi vient briser une harmonie originelle entre l'homme et le monde.

Il utilise l'image biblique du fruit défendu pour renvoyer à la faute originelle qui a entraîné la chute de l'humanité hors du paradis.

Il soulève ainsi le problème du mal et de la culpabilité liés à la transgression.



- il poursuit en imaginant ce qu'aurait été notre enfance si nous avions pu suivre nos désirs sans entrave.

Il oppose la notion de plaisir, qui implique une satisfaction immédiate et spontanée, à celle d'obstacle, qui renvoie à une limitation et une frustration.

Il introduit alors la notion d'interdiction, qui n'est ni visible ni tangible, mais qui s'impose à nous comme une contrainte extérieure.

Il pose alors la question du fondement de cette interdiction : pourquoi obéissons-nous ?

- il répond en évoquant le rôle des parents et des maîtres, qui sont les premiers à nous imposer des règles et à nous éduquer.

Il reconnaît que nous avons pris l'habitude de les écouter, mais il nuance cette obéissance en montrant qu'elle repose sur une relation de dépendance et de respect.

Il analyse ensuite la nature de l'autorité dont ils disposent : elle ne vient pas d'eux-mêmes, mais de leur situation par rapport à nous.

Ils occupent une certaine place, qui leur confère un pouvoir de commandement.

Il en déduit qu'ils agissent par délégation, c'est-à-dire qu'ils représentent une instance supérieure qui leur délègue son autorité.



- il termine en identifiant cette instance supérieure comme étant la société.

Il explique que nous ne nous en rendions pas compte quand nous étions enfants, mais que nous devinions quelque chose d'énorme ou d'indéfini, qui pesait sur nous de toute sa masse par l'intermédiaire de nos parents et de nos maîtres.

Il utilise des termes qui expriment l'idée d'une force écrasante et anonyme, qui s'exerce sur nous sans que nous puissions la contester ou la comprendre.

Le texte de bergson vise donc à montrer comment se forme le sentiment d'obligation sociale, qui repose sur une autorité déléguée et impersonnelle.

Il met en évidence le conflit entre le désir naturel et la loi sociale, qui implique un renoncement au plaisir et une soumission à la règle.

Il invite à réfléchir sur les fondements et les limites de cette obéissance, ainsi que sur les possibilités de liberté et de créativité face à la norme.