• Diderot
Les vertus dangereuses d'un gouvernement arbitraire
état - liberté



Le contexte :

Dans cette lettre adressée à  helvétius, diderot met en garde contre le gouvernement arbitraire d'un prince juste et éclairé. selon lui, les vertus de ce dernier peuvent être dangereuses, car elles habituent le peuple à  servir et à  obéir aveuglément, lui enlevant ainsi le droit de s'opposer même lorsque le prince agit pour le bien. cette absence de droits et de délibération peut conduire à  un esclavage complet des peuples, malgré un ràùgne apparemment bienveillant.

Le repère :

légal/légitime

Le texte :

« Le gouvernement arbitraire d'un prince juste et éclairé est toujours mauvais. Ses vertus sont la plus dangereuse et la plus sûre des séductions : elles accoutument insensiblement un peuple à aimer, à respecter, à servir son successeur, quel qu'il soit, méchant et stupide. Il enlève au peuple le droit de délibérer, de vouloir ou ne vouloir pas, de s'opposer même à sa volonté, lorsqu'il ordonne le bien ; cependant ce droit d'opposition, tout insensé qu'il est, est sacré : sans quoi les sujets ressemblent à un troupeau dont on méprise la réclamation, sous prétexte qu'on le conduit dans de gras pâturages. En gouvernant selon son bon plaisir, le tyran commet le plus grand des forfaits. Qu'est-ce qui caractérise le despote ? Est-ce la bonté ou la méchanceté ? Nullement. Ces deux notions n'entrent seulement pas dans sa définition. C'est l'étendue et non l'usage de l'autorité qu'il s'arroge. Un des plus grands malheurs qui pût arriver à une nation, ce seraient deux ou trois règnes d'une puissance juste, douce, éclairée, mais arbitraire : les peuples seraient conduits par le bonheur à l'oubli complet de leurs privilèges, au plus parfait esclavage. »
Diderot, Lettre à Helvétius

Les questions :



[A] û Questions dÆanalyse
1) Quel est le sujet principal du texte de Diderot ?
2) Que signifie le terme "gouvernement arbitraire" dans le contexte du texte ?
3) Comment les vertus d'un prince juste et éclairé peuvent-elles devenir dangereuses pour le peuple ?
4) Quelle est la conséquence du gouvernement arbitraire sur le droit du peuple selon le texte ?

[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "En gouvernant selon son bon plaisir, le tyran commet le plus grand des forfaits."
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez lÆidée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] û Commentaire
1) Pensez-vous que le texte soutienne l'idée que le gouvernement arbitraire d'un prince juste et éclairé est toujours mauvais ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si les peuples sont plus enclins à accepter l'oppression sous un gouvernement bienveillant mais arbitraire.

L'analyse :

Voici un possible développement de l'analyse du texte : dans ce texte, diderot critique le gouvernement arbitraire, même s'il est exercé par un prince juste et éclairé.

Il défend l'idée que le peuple doit conserver son droit de résistance à l'oppression, même si celle-ci est bienveillante.



- il commence par affirmer que le gouvernement arbitraire d'un prince juste et éclairé est toujours mauvais.

Il s'agit d'une thèse forte, qui va à l'encontre de l'opinion commune qui pourrait penser qu'un bon prince peut se passer de lois et de contrôle.

Il utilise le terme péjoratif de "mauvais" pour qualifier ce type de gouvernement, ce qui montre son désaccord moral.



- il explique ensuite pourquoi les vertus du prince sont la plus dangereuse et la plus s¹re des séductions.

Il emploie des termes négatifs comme "dangereuse" et "séduction" pour souligner le caractère trompeur et nocif de ces vertus.

Il montre que le peuple s'habitue à aimer, à respecter, à servir son successeur, quel qu'il soit, méchant et stupide.

Il s'agit d'un argument par l'absurde, qui met en évidence le risque de voir le peuple perdre son esprit critique et sa liberté face à un prince tyrannique.

Il utilise des adjectifs opposés comme "juste" et "méchant", "éclairé" et "stupide" pour marquer le contraste entre le prince vertueux et son successeur potentiellement malveillant.



- il poursuit en affirmant que le prince enlève au peuple le droit de délibérer, de vouloir ou ne vouloir pas, de s'opposer même à sa volonté, lorsqu'il ordonne le bien.

Il s'agit d'un argument par la négation, qui montre que le peuple est privé de sa souveraineté et de sa participation politique.

Il utilise des verbes d'action comme "délibérer", "vouloir", "s'opposer" pour exprimer les facultés rationnelles et volontaires du peuple.

Il oppose la volonté du prince à celle du peuple, même si le prince ordonne le bien.

Il suggère ainsi que le bien n'est pas une notion objective et universelle, mais qu'il doit être déterminé par le consentement du peuple.



- il ajoute ensuite que ce droit d'opposition, tout insensé qu'il est, est sacré.

Il s'agit d'un argument par la concession, qui reconnaît que le droit d'opposition peut paraître irrationnel ou absurde, mais qui affirme qu'il est fondamental et inviolable.

Il utilise l'adjectif "sacré" pour souligner la valeur suprême de ce droit, qui relève du domaine moral ou religieux.



- il compare enfin les sujets à un troupeau dont on méprise la réclamation, sous prétexte qu'on le conduit dans de gras pâturages.

Il s'agit d'une analogie, qui illustre la situation des sujets sous un gouvernement arbitraire.

Il utilise une métaphore animale pour dégrader la condition des sujets, qui sont réduits à des bêtes sans raison ni parole.

Il oppose la réclamation des sujets au prétexte du prince, qui prétend agir pour leur bonheur matériel.

Il dénonce ainsi la manipulation et l'infantilisation du peuple par le prince.



- il conclut en affirmant que le tyran se caractérise par l'étendue et non l'usage de l'autorité qu'il s'arroge.

Il s'agit d'une définition du despote, qui ne dépend pas de sa bonté ou de sa méchanceté, mais de son pouvoir absolu et illimité.

Il utilise des termes négatifs comme "tyran", "despote", "forfait" pour condamner ce type de gouvernement.

Il souligne que l'un des plus grands malheurs qui p¹t arriver à une nation serait deux ou trois règnes d'une puissance juste, douce, éclairée, mais arbitraire.

Il s'agit d'un argument par l'exemple, qui montre les conséquences néfastes d'un tel scénario.