Dans cet extrait de son Âoeuvre "éthique et politique", schopenhauer souligne le lien entre le luxe et le développement des arts, des sciences et de la technologie. selon lui, ce sont les mains oisives des individus aisés qui permettent l'émergence de nouvelles inventions et le progràùs de la société, notamment grà¢ce aux machines qui accomplissent un travail bien plus important que les hommes. ainsi, le luxe ne profite
(1788-1860) Philosophe allemand influent, célèbre pour sa vision pessimiste de la vie. Il a développé une métaphysique basée sur la volonté et la représentation, affirmant que la souffrance est inévitable. Il a également exploré les notions de la volonté de vivre et la recherche du bonheur à travers la philosophie de l'art.
essentiel/accidentel
« Un peuple composé uniquement de paysans découvrirait et inventerait peu de choses ; au contraire, les mains oisives font les têtes actives. Les arts et les sciences sont eux-mêmes enfants du luxe, et ils lui paient leur dette. Leur ūuvre est ce perfectionnement de la technologie, dans toutes ses branches, mécaniques, chimiques et physiques, qui, de nos jours, a porté le machinisme à une hauteur qu'on n'aurait jamais soupçonnée, et qui, notamment par la vapeur et l'électricité, accomplit des merveilles que les temps antérieurs auraient attribuées à l'intervention du diable. Dans les fabriques et manufactures de tout genre, et jusqu'à un certain point dans l'agriculture, les machines accomplissent mille fois plus de travail que n'auraient jamais pu en accomplir les mains de tous les gens à l'aise, des lettrés et des intellectuels devenus oisifs, et qu'il n'aurait pu s'en accomplir par l'abolition du luxe et par la pratique universelle de la vie campagnarde. Ce ne sont pas les riches seuls, mais tous, qui bénéficient de ces industries. »
Schopenhauer, Éthique et politique
[A] - Questions d'analyse :
1. Quel est le lien entre les mains oisives et les têtes actives ?
2. Comment les arts et les sciences sont-ils liés au luxe ?
3. Qu'est-ce que la technologie a accompli de nos jours ?
4. Comment les machines ont-elles changé la façon dont le travail est accompli ?
[B] - Éléments de synth��se :
1. Expliquez la phrase : "Les arts et les sciences sont eux-mêmes enfants du luxe, et ils lui paient leur dette."
2. En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] - Commentaire :
1. Selon vous, pourquoi Schopenhauer pense-t-il que les machines accomplissent mille fois plus de travail que les mains des gens à l'aise ?
2. À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si le progr��s technologique est toujours bénéfique pour la société. Justifiez votre réponse.
Voici un exemple de commentaire linéaire du texte de schopenhauer :
- le texte de schopenhauer traite de la question du luxe et de son rapport aux arts, aux sciences et au progrès technique.
L'auteur défend l'idée que le luxe est une condition favorable au développement des connaissances et des inventions, et qu'il profite à l'ensemble de la société.
Il s'oppose ainsi à une vision négative du luxe, qui le considérerait comme un gaspillage ou une corruption des m£urs.
- dans la première phrase, schopenhauer présente sa thèse principale : le luxe est à l'origine des arts et des sciences.
Il oppose deux situations hypothétiques : celle d'un peuple composé uniquement de paysans, qui se consacrerait exclusivement à la satisfaction de ses besoins vitaux, et celle d'un peuple où il y aurait des "mains oisives", c'est-à-dire des personnes qui disposeraient de temps libre et de richesses pour se cultiver et créer.
Il affirme que le premier peuple "découvrirait et inventerait peu de choses", tandis que le second peuple verrait naître les "têtes actives", c'est-à-dire les esprits curieux et inventifs.
Il suggère ainsi que le luxe est un stimulant pour l'intelligence humaine, qui ne peut se développer que dans un certain confort matériel et une certaine liberté d'esprit.
- dans la deuxième phrase, schopenhauer renforce sa thèse en montrant que les arts et les sciences sont non seulement nés du luxe, mais qu'ils lui sont redevables.
Il emploie l'expression "ils lui paient leur dette" pour souligner le lien de reconnaissance et de dépendance qui existe entre le luxe et les productions culturelles.
Il précise que "leur £uvre" est le "perfectionnement de la technologie", qui désigne l'ensemble des techniques et des savoir-faire qui permettent à l'homme de maîtriser la nature et d'améliorer ses conditions de vie.
Il illustre son propos en citant quelques exemples de domaines où la technologie a atteint un haut niveau : la mécanique, la chimie, la physique.
Il mentionne également deux sources d'énergie qui ont révolutionné l'histoire humaine : la vapeur et l'électricité.
Il qualifie ces inventions de "merveilles" pour exprimer son admiration et son étonnement face aux progrès réalisés par l'homme grâce au luxe.
- dans la troisième phrase, schopenhauer conclut son argumentation en montrant que le luxe n'est pas seulement bénéfique pour ceux qui en jouissent, mais pour tous les membres de la société.
Il affirme que les machines, qui sont le fruit du luxe, accomplissent "mille fois plus de travail" que les hommes, ce qui implique une augmentation de la productivité et une diminution de la pénibilité.
Il étend le champ d'application des machines à tous les secteurs d'activité : les fabriques, les manufactures, et même l'agriculture.
Il oppose ainsi le machinisme à la "vie campagnarde", qu'il associe à une forme d'arriération et d'ignorance.
Il soutient que ce ne sont pas les riches seuls, mais tous, qui bénéficient de ces industries, car elles améliorent le niveau de vie général et favorisent la diffusion des connaissances.
- le texte de schopenhauer présente donc une apologie du luxe, qu'il considère comme un moteur du progrès humain.
Il s'appuie sur des exemples concrets et des comparaisons pour illustrer sa thèse.
Il adopte un ton enthousiaste et optimiste pour valoriser les bienfaits du luxe sur la culture, la technologie et la société.
Il réfute ainsi les critiques morales ou politiques qui pourraient être adressées au luxe, en le présentant comme une source d'enrichissement collectif.