• Malebranche
La quête de la vérité et de la moralité
conscience - justice



Le contexte :

Dans ce passage extrait de "de la recherche de la vérité", malebranche interroge la légitimité de nos jugements moraux. il remet en question les paradoxes que l'on peut exprimer par passion ou imagination, et souligne l'importance de la raison universelle et nécessaire pour guider nos jugements sur nous-mêmes et sur les autres.

L' auteur :

Malebranche

Le repère :

universel/général/particulier/singulier

Le texte :

« Un poète a dit qu'il n'est pas possible de discerner ce qui est juste de ce qui est injuste. Un philosophe a dit que c'est une faiblesse que d'avoir de la honte et de la pudeur pour des actions infâmes. On dit souvent de semblables paradoxes par une fougue d'imagination, ou dans l'emportement de ses passions. Mais pourquoi condamnera-t-on ces sentiments, s'il n'y a un ordre, une règle, une raison universelle et nécessaire, qui se présente toujours à ceux qui savent rentrer dans eux-mêmes ? Nous ne craignons point de juger les autres ou de nous juger nous-mêmes en bien des rencontres  ; mais par quelle autorité le faisons-nous, si la Raison qui juge en nous, lorsqu'il nous semble que nous prononçons des jugements contre nous-mêmes et contre les autres, n'est notre souveraine et celle de tous les hommes ? »
Malebranche, De la Recherche de la vérité

Les questions :



[A] û Questions dÆanalyse
1) Comment le po��te et le philosophe sont-ils présentés dans le text�
2) Que sugg��re le texte sur le fait d'avoir de la honte et de la pudeur pour des actions infâmes?
3) Pourquoi le texte parle-t-il de "paradoxes" et de "fougue d'imagination"?
4) Quelle est la question centrale posée dans ce passag�

[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Nous ne craignons point de juger les autres ou de nous juger nous-mêmes en bien des rencontres."
2) En vous basant sur les éléments précédents, quel est le dilemme philosophique abordé dans ce text�

[C] û Commentaire
1) Le texte sugg��re-t-il que la Raison est la seule autorité pour juger les actions? Justifiez votre réponse.

L'analyse :

Voici un possible développement de l'analyse du texte :

- le texte de malebranche est un extrait de son ouvrage de la recherche de la vérité, dans lequel il expose sa conception du rapport entre la raison et la vérité.

Il s'agit d'un texte argumentatif, qui vise à défendre l'idée qu'il existe une raison universelle et nécessaire, qui nous permet de distinguer le juste de l'injuste, le bien du mal, et qui s'impose à tous les hommes.



- le texte s'ouvre sur deux exemples de paradoxes, c'est-à-dire de propositions qui vont à l'encontre du sens commun ou de la morale.

Le premier est tiré d'un poète, qui affirme qu'il n'est pas possible de discerner ce qui est juste de ce qui est injuste.

Le second est tiré d'un philosophe, qui affirme que c'est une faiblesse que d'avoir de la honte et de la pudeur pour des actions infâmes.

Ces exemples servent à introduire le problème que malebranche veut résoudre : comment peut-on juger de la valeur des actions humaines, si chacun peut avoir des opinions différentes et contradictoires ?

- la réponse de malebranche est qu'il existe un critère objectif et universel pour évaluer les actions humaines : c'est la raison.

Il oppose aux paradoxes des poètes et des philosophes la voix de la raison, qu'il qualifie d'ordre, de règle, de raison universelle et nécessaire.

Il affirme que cette raison se présente toujours à ceux qui savent rentrer dans eux-mêmes, c'est-à-dire à ceux qui font preuve d'introspection et de réflexion.

Il s'appuie sur le fait que nous ne craignons pas de juger les autres ou de nous juger nous-mêmes en bien des rencontres, c'est-à-dire en bien des situations.

Il en déduit que nous avons en nous un principe de jugement, qui n'est pas relatif à nos passions ou à notre imagination, mais qui est conforme à la raison.



- l'enjeu du texte est donc de montrer que la raison est le fondement de la morale, et qu'elle est commune à tous les hommes.

Malebranche veut ainsi réfuter le scepticisme moral, qui nie l'existence d'une vérité universelle en matière d'éthique.

Il veut aussi affirmer la dignité de l'homme, qui est capable de se soumettre à la raison, qu'il considère comme notre souveraine et celle de tous les hommes.

Il s'inscrit ainsi dans la tradition rationaliste du xviie siècle, qui fait de la raison la source de toute connaissance et de toute vertu.