Dans cet extrait de "la crise de la culture", arendt questionne la nature des objets fabriqués par l'homme, en les distinguant entre objets d'usage et Âoeuvres d'art. elle souligne leur permanence et leur durée dans le monde, ainsi que leur fonction spécifique qui diffàùre de celle des produits de consommation.
(1906-1975) Philosophe politique et théoricienne de la pensée politique. Elle a développé des concepts influents tels que "la banalité du mal" et a exploré la nature de la condition humaine, la liberté, et la politique dans un monde moderne marqué par les totalitarismes et la violence.
identité/égalité/ différence
« Parmi les choses qu'on ne rencontre pas dans la nature, mais seulement dans le monde fabriqué par l'homme, on distingue entre objets d'usage et ūuvres d'art ; tous deux possèdent une certaine permanence qui va de la durée ordinaire à une immortalité potentielle dans le cas de l'ūuvre d'art. En tant que tels, ils se distinguent d'une part des produits de consommation, dont la durée au monde excède à peine le temps nécessaire à les préparer, et d'autre part, des produits de l'action, comme les événements, les actes et les mots, tous en eux-mêmes si transitoires qu'ils survivraient à peine à l'heure ou au jour où ils apparaissent au monde, s'ils n'étaient conservés d'abord par la mémoire de l'homme, qui les tisse en récits, et puis par ses facultés de fabrication. Du point de vue de la durée pure, les ūuvres d'art sont clairement supérieures à toutes les autres choses ; comme elles durent plus longtemps au monde que n'importe quoi d'autre, elles sont les plus mondaines des choses. Davantage, elles sont les seules choses à n'avoir aucune fonction dans le processus vital de la société ; à proprement parler, elles ne sont pas fabriquées pour les hommes, mais pour le monde, qui est destiné à survivre à la vie limitée des mortels, au va-et-vient des générations. Non seulement elles ne sont pas consommées comme des biens de consommation, ni usées comme des objets d'usage : mais elles sont délibérément écartées des procès de consommation et d'utilisation, et isolées loin de la sphère des nécessités de la vie humaine. »
Arendt, La Crise de la culture
[a] - questions d'analyse
1) Quelle est la différence entre les objets d'usage et les �oeuvres d'art dans le texte ?
2) Pourquoi les �oeuvres d'art sont-elles considérées comme plus durables que les produits de consommation ?
3) Comment les produits de l'action, tels que les événements, les actes et les mots, se distinguent-ils des objets d'usage et des �oeuvres d'art ?
4) Pourquoi les �oeuvres d'art sont-elles délibérément écartées des proc��s de consommation et d'utilisation ?
[b] - éléments de synth��se
1) Expliquez le sens de la phrase "les �oeuvres d'art sont les plus mondaines des choses".
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[c] - commentaire
1) Pourquoi les �oeuvres d'art sont-elles destinées au monde plut��t qu'aux êtres humains ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la durée et l'immortalité potentielle des �oeuvres d'art justifient leur valeur et leur statut particulier dans la société.
Voici une possible analyse du texte :
le texte traite de la distinction entre les objets d'usage et les £uvres d'art, en mettant en évidence leur rapport au monde et à la durée.
L'auteur, arendt, est une philosophe qui s'intéresse aux conditions de la vie humaine dans le monde moderne.
- dans la première phrase, arendt introduit le sujet en opposant les choses fabriquées par l'homme aux choses naturelles, et en distinguant deux types de choses fabriquées : les objets d'usage et les £uvres d'art.
Elle affirme que ces deux types de choses ont une certaine permanence, qui varie selon les cas, mais qui les différencie des produits de consommation et des produits de l'action, qui sont éphémères.
Elle pose ainsi le problème de la durée des choses humaines dans le monde, et annonce qu'elle va comparer les objets d'usage et les £uvres d'art sur ce critère.
- dans la deuxième phrase, arendt soutient que les £uvres d'art sont supérieures à toutes les autres choses du point de vue de la durée pure, car elles sont les plus mondaines des choses, c'est-à-dire les plus liées au monde commun qui transcende la vie individuelle des hommes.
Elle utilise le terme de "mondain" dans un sens positif, pour désigner ce qui appartient au domaine public et qui résiste au temps.
Elle implique que les £uvres d'art ont une valeur universelle et intemporelle, qui dépasse les besoins et les intérêts particuliers des hommes.
- dans la troisième phrase, arendt explique pourquoi les £uvres d'art sont si durables et si mondaines : elles n'ont aucune fonction dans le processus vital de la société, elles ne sont pas fabriquées pour les hommes, mais pour le monde.
Elle oppose ainsi la sphère de la nécessité, qui régit la production et la consommation des biens matériels, à la sphère de la liberté, qui régit la création et la contemplation des £uvres d'art.
Elle suggère que les £uvres d'art sont des témoignages de l'humanité des hommes, qui ne se réduit pas à leur condition biologique ou sociale.
Elle affirme que les £uvres d'art sont délibérément écartées des procès de consommation et d'utilisation, et isolées loin de la sphère des nécessités de la vie humaine.
Elle montre ainsi que les £uvres d'art exigent un respect et une protection spécifiques, qui garantissent leur conservation et leur transmission.
En conclusion, arendt propose une conception élevée de l'art, qu'elle oppose à la culture de masse et à l'utilitarisme qui caractérisent le monde moderne.
Elle invite à réfléchir sur le sens et la valeur des £uvres d'art pour l'humanité.