• Locke
La propriété de soi et du travail
-



Le contexte :

Dans cet extrait du deuxiàùme traité du gouvernement civil, locke aborde la question de la propriété individuelle et de la légitimité d'appropriation par le travail. selon lui, bien que la terre et les ressources soient communes à  tous, chaque individu a le droit de posséder sa personne et le fruit de son travail, à  condition de laisser suffisamment de ressources aux autres.

L' auteur :

Locke

(1632-1704) Philosophe du mouvement de l'empirisme anglais, qui stipule que toute connaissance dérive par nature de l'expérience. Toute sa philosophie fait découler des implications pratiques à partir de ce constat.

Le repère :

en fait/en droit

Le texte :

« Bien que la terre et toutes les créatures inférieures appartiennent en commun à tous les hommes, chacun garde la propriété de sa propre personne. Sur celle-ci, nul n'a droit que lui-même. Le travail de son corps et l'ouvrage de ses mains, pouvons-nous dire, sont vraiment à lui. Toutes les fois qu'il fait sortir un objet de l'état où la Nature l'a mis et l'a laissé, il y mêle son travail, il y joint quelque chose qui lui appartient et de ce fait, il se l'approprie. Cet objet, soustrait par lui à l'état commun dans lequel la Nature l'avait placé, se voit adjoindre par ce travail quelque chose qui exclut le droit commun des autres hommes. Sans aucun doute, ce travail appartient à l'ouvrier  ; nul autre que l'ouvrier ne saurait avoir de droit sur ce à quoi le travail s'attache, dès 1ors que ce qui reste suffit aux autres en quantité et en qualité. »
Locke, Deuxième Traité du gouvernement civil

Les questions :



[A] - Questions d'analyse
1) Quelle est la distinction faite par l'auteur entre la propriété de la terre et la propriété de la personne ?
2) Selon l'auteur, comment peut-on acquérir la propriété d'un objet ?
3) Quelle est la différence entre l'état commun dans lequel la Nature place les objets et l'état dans lequel ils se trouvent apr��s avoir été travaillés par l'homme ?
4) Quel est le lien entre le travail de l'ouvrier et sa propriété sur l'objet qu'il a travaillé ?

[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez en quoi consiste le lien entre le travail de l'ouvrier et sa propriété sur l'objet.
2) En vous basant sur les éléments précédents, quel est le concept central développé dans le texte et comment l'auteur soutient-il son argumentation ?

[C] - Commentaire
1) Selon vous, pourquoi l'auteur affirme-t-il que l'ouvrier a le droit exclusif sur l'objet qu'il a travaillé ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, pensez-vous que le concept de propriété développé par l'auteur soit applicable dans toutes les situations ? Justifiez votre réponse.

L'analyse :

Voici un exemple de développement possible : dans ce texte, locke défend l'idée que la propriété privée est fondée sur le travail et qu'elle est compatible avec le droit naturel de tous les hommes à jouir des biens communs.

Il procède par trois étapes :

- d'abord, il affirme que chaque homme est propriétaire de sa propre personne et de ce qu'il produit par son travail.

Il s'appuie sur le principe de l'identité personnelle, qui implique que chacun a un droit exclusif sur son corps et son esprit, et sur le principe de l'utilité, qui implique que le travail ajoute de la valeur aux choses naturelles.



- ensuite, il explique que le travail permet d'extraire un objet de l'état de nature et de le soumettre à la volonté de l'ouvrier.

Il s'appuie sur le principe de la causalité, qui implique que le travail est une cause efficiente qui modifie l'état des choses, et sur le principe de la possession, qui implique que le travail crée un lien entre l'ouvrier et l'objet.



- enfin, il précise que la propriété privée est limitée par la condition de ne pas nuire aux autres.

Il s'appuie sur le principe de la justice, qui implique que chacun doit respecter le droit naturel des autres à disposer des biens communs, et sur le principe de la suffisance, qui implique que la propriété privée ne doit pas entraîner la pénurie ou le gaspillage.

L'enjeu de ce texte est de justifier la légitimité de la propriété privée dans une perspective libérale et individualiste.

Locke cherche à montrer que la propriété privée n'est pas une convention sociale arbitraire, mais qu'elle découle du droit naturel et du travail humain.

Il cherche aussi à concilier la liberté individuelle et l'égalité naturelle, en posant des limites morales à l'accumulation des biens.

Il cherche enfin à faire évoluer notre conception de la nature, en la présentant comme une source de richesse potentielle qui doit être mise en valeur par le travail.