• Hume
L'existence et la non-existence : une question de conception
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Le contexte :

Dans cet extrait de l'enquête sur l'entendement humain, hume aborde la question de l'existence et de la non-existence des êtres. il souligne que la négation de l'existence d'un être ne conduit pas à  une contradiction et peut être conà§ue aussi clairement que son existence. il met en évidence la nécessité de fonder la preuve de l'existence d'un être sur des arguments tirés de sa cause ou de son effet, qui reposent entiàùrement sur l'expérience.

L' auteur :

Hume

(1711 - 1776) David Hume, philosophe écossais du XVIIIe siècle, remet en question les fondements de la connaissance humaine. Il soutient que toute notre compréhension repose sur l'expérience sensorielle et nie l'existence de concepts innés. Son œuvre majeure explore la nature de la croyance, de la causalité et de la moralité.

Le repère :

contingent/nécessaire

Le texte :

« Tout ce qui est peut ne pas être. Il n'y a pas de fait dont la négation implique contradiction. L'inexistence d'un être, sans exception, est une idée aussi claire et aussi distincte que son existence. La proposition, qui affirme qu'il n'existe pas, même si elle est fausse, ne se conçoit et ne s'entend pas moins que celle qui affirme qu'il existe. Le cas est différent pour les sciences proprement dites. Toute proposition qui n'est pas vraie y est confuse et inintelligible. La racine cubique de 64 est égale à la moitié de 10, c'est une proposition fausse et l'on ne peut jamais la concevoir distinctement. Mais César n'a jamais existé, ou l'ange Gabriel, ou un être quelconque n'ont jamais existé, ce sont peut-être des propositions fausses, mais on peut pourtant les concevoir parfaitement et elles n'impliquent aucune contradiction. On peut donc seulement prouver l'existence d'un être par des arguments tirés de sa cause ou de son effet ; et ces arguments se fondent entièrement sur l'expérience. Si nous raisonnons a priori, n'importe quoi peut paraître capable de produire n'importe quoi. La chute d'un galet peut, pour autant que nous le sachions, éteindre le soleil ; ou le désir d'un homme gouverner les planètes dans leurs orbites. C'est seulement l'expérience qui nous apprend la nature et les limites de la cause et de l'effet et nous rend capables d'inférer l'existence d'un objet de celle d'un autre. »
Hume, Enquête sur l'entendement humain

Les questions :



[a] û questions dÆanalyse
1) Quelle est la différence entre l'existence d'un être et son inexistenc�
2) Comment peut-on concevoir une proposition qui affirme l'inexistence d'un êtr�
3) Pourquoi les propositions fausses concernant des êtres qui n'existent pas peuvent-elles être conçues parfaitement?
4) Quel est le r��le de l'expérience dans la preuve de l'existence d'un êtr�

[b] û éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase "l'inexistence d'un être, sans exception, est une idée aussi claire et aussi distincte que son existence."
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[c] û commentaire
1) Qu'est-ce qui permet de prouver l'existence d'un être selon l'auteur? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la conception de l'existence et de l'inexistence des êtres est purement subjective ou si elle repose sur des fondements objectifs.

L'analyse :

Voici un exemple de commentaire possible du texte : dans ce texte, hume distingue deux types de propositions : celles qui portent sur l'existence des êtres et celles qui relèvent des sciences.

Il cherche à montrer que les premières ne peuvent pas être démontrées a priori, c'est-à-dire indépendamment de l'expérience, tandis que les secondes le peuvent.

Il commence par affirmer que "tout ce qui est peut ne pas être".

Il s'agit d'une thèse sceptique qui remet en cause la nécessité de l'existence des choses.

Il la justifie par le fait qu'il n'y a pas de contradiction à nier l'existence d'un être, quel qu'il soit.

Il donne l'exemple de césar, de l'ange gabriel ou d'un être quelconque, dont l'inexistence est une idée aussi claire et distincte que leur existence.

Il en déduit que la proposition qui affirme leur existence n'est pas plus intelligible que celle qui la nie, même si elle est vraie.

Il oppose ainsi la clarté et la distinction des idées à la vérité des faits.

Il poursuit en contrastant ce type de propositions avec celles qui appartiennent aux sciences proprement dites.

Il s'agit des propositions qui expriment des rapports entre les idées, comme les mathématiques ou la logique.

Il soutient que ces propositions sont vraies ou fausses par elles-mêmes, et qu'on peut les concevoir distinctement sans recourir à l'expérience.

Il donne l'exemple de la racine cubique de 64, dont la valeur ne dépend pas de l'observation, mais du calcul.

Il affirme que toute proposition fausse dans ce domaine est confuse et inintelligible, car elle implique une contradiction.

Il conclut en affirmant qu'on ne peut prouver l'existence d'un être que par des arguments tirés de sa cause ou de son effet, c'est-à-dire par des raisonnements fondés sur l'expérience.

Il explique que si on raisonne a priori, on ne peut pas connaître les liens de causalité entre les choses, car ils sont contingents et non nécessaires.

Il illustre cette idée par des exemples absurdes, comme la chute d'un galet qui pourrait éteindre le soleil, ou le désir d'un homme qui pourrait gouverner les planètes.

Il souligne que c'est seulement l'expérience qui nous apprend la nature et les limites de la cause et de l'effet, et qui nous rend capables d'inférer l'existence d'un objet de celle d'un autre.

Le texte de hume vise donc à critiquer la possibilité d'une connaissance a priori de l'existence des êtres, et à défendre le rôle de l'expérience comme source de nos raisonnements sur les faits.

Il oppose ainsi deux types de propositions : celles qui sont analytiques, c'est-à-dire dont le prédicat est contenu dans le sujet, et qui sont vraies par nécessité ; et celles qui sont synthétiques, c'est-à-dire dont le prédicat ajoute quelque chose au sujet, et qui sont vraies par contingence.

Il montre que les premières relèvent des sciences formelles, tandis que les secondes relèvent des sciences empiriques.

Il met en évidence les limites de notre entendement humain, qui ne peut pas atteindre la certitude absolue sur les choses existantes.