Dans ce texte, hegel aborde la nécessité de se libérer de nos attentes et de notre désir de contràïle sur les événements de la vie. il souligne que notre dépendance vis-à -vis de la nature et les inégalités sociales augmentent notre sensibilité aux souffrances et notre tendance à les percevoir comme des injustices. pour trouver la paix intérieure, il nous invite à nous habituer à l'imprévu et à accepter que tout ne se déroule pas selon nos désirs.
(1770-1831) Clôt le système de l'Idéalisme allemand de Kant, Fichte et Schelling en fondant un dernier système philosophique permettant d'expliquer rationnellement la Nature, l'Homme et l'Esprit. Il est à l'origine de la méthode dialectique.
contingent/nécessaire
« C'est une pensée consolatrice que d'espérer une compensation des souffrances endurées, et nous l'exigeons de la justice ; il nous faut pourtant nous habituer à ne pas éprouver comme une injustice tout ce qui advient contre notre attente ; il faut que nous nous habituions à nous comprendre dans une plus grande dépendance vis-à-vis de la nature. L'enchevêtrement de nos conditions politiques et civiles ainsi que l'inégalité des modes de vie et des biens de fortune, ont non seulement augmenté la misère en tout genre, mais aussi notre susceptibilité et notre sensibilité. L'irritation, l'impatience accompagnent souvent les souffrances auxquelles notre nature nous expose, ainsi que notre mode de vie qui s'écarte si souvent de celle-ci. Cette impatience provient de ce que nous exigeons que tout se déroule selon nos désirs, et de ce que nous éprouvons nos malheurs comme une injustice. »
Hegel
[a] û questions dÆanalyse
1) Quelle idée l'auteur exprime-t-il en affirmant que nous devons nous habituer à ne pas éprouver comme une injustice tout ce qui advient contre notre attente ?
2) Quelles sont les conséquences de l'enchevêtrement de nos conditions politiques et civiles ainsi que de l'inégalité des modes de vie et des biens de fortune, selon l'auteur ?
3) Comment l'auteur explique-t-il que l'irritation et l'impatience accompagnent souvent les souffrances auxquelles notre nature nous expose ?
4) Quelle est la relation entre notre mode de vie et notre impatience face aux malheurs selon l'auteur ?
[b] û éléments de synth��se
1) En vous basant sur le texte, expliquez la signification de l'idée de "compensation des souffrances endurées" évoquée par l'auteur.
2) En vous appuyant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[c] û commentaire
1) Estimez-vous que l'idée exprimée par l'auteur, selon laquelle nous devons nous habituer à ne pas éprouver comme une injustice tout ce qui advient contre notre attente, est valide ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si les conditions politiques et civiles ainsi que l'inégalité des modes de vie et des biens de fortune contribuent réellement à augmenter la mis��re et notre susceptibilité et sensibilité.
Voici une possible analyse du texte :
dans ce texte, hegel s'interroge sur la notion de justice et sur la manière dont nous réagissons aux souffrances que nous subissons.
Il distingue deux sources de souffrance : la nature et la société.
Il cherche à nous faire comprendre que nous ne devons pas considérer tout ce qui nous arrive comme une injustice, mais plutôt comme le résultat de notre dépendance à la nature et de notre mode de vie.
- il commence par affirmer que l'espoir d'une compensation des souffrances est une pensée consolatrice, qui relève de notre exigence de justice.
Il reconnaît donc que la justice est un idéal humain, qui vise à rétablir un équilibre entre les maux et les biens.
Il s'agit d'une thèse classique, qui repose sur l'idée d'une rétribution proportionnelle des actions.
- mais il nuance aussitôt cette thèse en ajoutant qu'il faut nous habituer à ne pas éprouver comme une injustice tout ce qui advient contre notre attente.
Il introduit ainsi une distinction entre ce que nous attendons et ce qui se produit réellement.
Il suggère que notre attente n'est pas toujours fondée sur la réalité, mais sur nos désirs ou nos illusions.
Il remet donc en cause l'idée que la justice doive correspondre à nos attentes subjectives.
- il poursuit en expliquant que nous devons nous comprendre dans une plus grande dépendance vis-à-vis de la nature.
Il oppose ainsi la nature à la justice, en montrant que la première est indifférente à nos souffrances et à nos exigences.
Il affirme que nous faisons partie de la nature, et que nous ne pouvons pas lui imposer nos volontés.
Il invite donc à une forme de résignation face aux aléas naturels, qui ne relèvent pas du domaine de la justice.
- il reconnaît cependant que la nature n'est pas la seule cause de nos souffrances, et qu'il existe aussi des conditions politiques et civiles, ainsi que des inégalités sociales, qui augmentent la misère en tout genre.
Il admet donc que la société est une source de souffrance, qui peut être perçue comme une injustice.
Il montre que la société a aussi un effet sur notre sensibilité et notre susceptibilité, qui nous rendent plus vulnérables aux maux.
- il termine en analysant les sentiments qui accompagnent souvent nos souffrances : l'irritation et l'impatience.
Il les attribue à notre exigence que tout se déroule selon nos désirs, et à notre perception de nos malheurs comme une injustice.
Il critique donc notre attitude égo´ste et orgueilleuse, qui nous empêche de reconnaître les limites de notre pouvoir et de notre savoir.
Il suggère que nous devrions adopter une attitude plus humble et plus rationnelle, qui nous permettrait d'accepter les souffrances comme des nécessités naturelles ou des conséquences de notre mode de vie.
On peut conclure que hegel propose une conception de la justice qui se fonde sur la raison et non sur le sentiment.
Il cherche à nous faire prendre conscience de notre place dans la nature et dans la société, et à nous faire renoncer à nos illusions et à nos prétentions.
Il défend ainsi une morale sto´cienne, qui vise à maîtriser nos passions et à vivre selon la loi universelle.